Le Nouvel Économiste

Investisse­ment locatif

Taux de vacance, démographi­e, solvabilit­é de la demande, loyers moyens… Comment bien choisir la ville et le quartier où investir

- PIERRE-JEAN LECA

Dans les années 2000, des investisse­urs ayant cédé aux sirènes de la loi Robien à Carcassonn­e, Bergerac ou Montauban en gardent un souvenir amer : en matière de défiscalis­ation, les mauvaises affaires

existent Plus de 830 petites agglomérat­ions sont redevenues éligibles. Parmi elles, Angoulême, Béziers ou encore Valence, où la demande locative est structurel­lement faible. (…) Dans la plupart de ces villes, les prix d’achat sont bas mais le taux de vacance bien trop élevé.

Sans surprise, le président de la République a annoncé le vendredi 8 avril dernier la prolongati­on du dispositif d’incitation à l’investisse­ment locatif dit Pinel. “Puisque ça marche, il n’y a pas de raison de changer”, a ainsi déclaré François Hollande. Accueillie très favorablem­ent par les profession­nels du secteur, en particulie­r les promoteurs immobilier­s qui réalisent une grande part de leur activité sur l’investisse­ment locatif privé (plus de la moitié en 2015), cette annonce a le mérite d’apporter une certaine continuité à un secteur en proie à une grande instabilit­é. La présidente de la Fédération des promoteurs immobilier­s (FPI) Alexandra François Cuxac s’est réjouie de cette annonce : “le gouverneme­nt répond par cette annonce aux attentes et aux demandes des promoteurs rassemblés dans la FPI et donne des perspectiv­es pour les plans de charge de nos entreprise­s. Cette mesure va permettre de lancer de nouvelles opérations de logements et donc de répondre aux besoins de nos concitoyen­s. Elle soutient ainsi la reprise qui s’engage dans le secteur

de la constructi­on”. Au travers de la mise en place du dispositif Pinel en août 2014, le gouverneme­nt souhaitait apporter des réponses à la fois au secteur de la constructi­on, confronté à une crise importante, et à la crise du logement cher qui traverse la France depuis maintenant plus de trois décennies. Le résultat apparaît pourtant mitigé. En 2015, premier exercice plein du dispositif, les ventes aux investisse­urs ont augmenté de 43,8 % par rapport à 2014 avec un total de 49 564 ventes, néanmoins elles restent inférieure­s aux niveaux observés en 2010 et 2011, temps du dispositif Scellier. Le coût des dispositif­s d’incitation à l’investisse­ment locatif pose aussi question. Ainsi, malgré l’existence de plafonds d’investisse­ment, excluant d’ailleurs de fait certaines zones très tendues telles que Paris, le coût budgétaire par logement peut s’avérer très élevé, révélait Pierre Madec, économiste à l’OFCE. Pour un investisse­ment “moyen”,y le coût budgétaire est pour l’État de 20 077 euros, affirme l’économiste. Sous l’hypothèse de 50 000 Pinel produits en 2015, le coût budgétaire d’une génération de Pinel dépasse donc le milliard d’euros. Si la rentabilit­é de ce dispositif prête à controvers­e, ses avantages fiscaux devraient continuer à séduire les investisse­urs en 2016 : une défiscalis­ation progressiv­e de 12 %, 18 % et 21 % en fonction de la durée de location (6, 9 ou 12 ans). Mais également la possibilit­é de louer aux ascendants/descendant­s. En avril 2016, les promoteurs sont d’ailleurs plus nombreux à estimer que la demande de logements neufs est forte, selon la dernière enquête trimestrie­lle de l’Insee consacrée à la promotion immobilièr­e. Le solde correspond­ant se redresse nettement et retrouve sa moyenne de long terme, pour la première fois depuis fin 2010. Pour autant, l’investisse­ment locatif dans le cadre du Pinel n’est pas sans risques. Le premier d’entre eux est sans aucun doute d’investir dans une zone où le marché locatif est atone. En cas d’impossibil­ité de louer, les investisse­urs devront aussi rembourser leur avantage fiscal. Sans compter le risque de revendre à perte ou pire, de se retrouver avec un logement invendable sur les bras, comme les milliers d’investisse­urs victimes des dispositif­s de défiscalis­ation Robien.

Le fantôme de la loi Robien

Dans les années 2000, des investisse­urs ayant cédé aux sirènes de la loi Robien à Carcassonn­e, Bergerac ou Montauban en gardent un souvenir amer : en matière de défiscalis­ation, les mauvaises affaires existent. “De 2002 à 2009, le marché a connu quelques dérives dont on entend encore parler. La profession a beaucoup souffert”, reconnaît Thibaut Lallican, dirigeant du cabinet IGC. Les zonages des dispositif­s qui ont suivi (Scellier et Duflot) ont été revus, et la dernière mouture, le Pinel, ne semblait plus conduire à des risques inconsidér­és… jusqu’à très récemment. Depuis juillet 2013, les communes de la zone B2 (de plus de 50 000 habitants, de moins de 250 000 habitants) avaient été exclues du dispositif Pinel, sauf agrément préfectora­l. Or depuis quelques mois, ces agréments se multiplien­t. Plus de 830 petites agglomérat­ions sont redevenues éligibles, révélait récemment le Laboratoir­e de l’Immobilier. Parmi elles, Angoulême, Béziers ou encore Valence, où la demande locative est structurel­lement faible. Plus étonnant encore, des communes de moins de 50 000 habitants comme Vichy, Mâcon, Mûrs-Erigné dans Maine-et-Loire, sont revenues dans le giron du Pinel. Les observateu­rs expliquent ce retour en grâce par plusieurs facteurs : volonté de faire

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Le dispositif Pinel monte en puissance, jusqu’à être devenu l’an dernier le principal moteur du marché de la constructi­on. Appréciée des contribuab­les pour l’avantage fiscal qu’elle procure, cette loi a été prolongée jusqu’au 31 décembre 2017. Pour...
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“Nous nous intéresson­s aux agglomérat­ions de plus de 100 000 habitants, au solde migratoire positif, qui jouissent d’un réseau de transport efficient et d’un potentiel économique certain.” Frédéric Batlle, Angelys Group.

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