Le Nouvel Économiste

MÉCOMPTES PUBLICS

Mauvais états de services de l’État actionnair­e

- FRANÇOIS ECALLE

L’État détient une participat­ion financière (de 10 à 100 % du capital) dans 81 entreprise­s exerçant une activité concurrent­ielle et publie chaque année les comptes combinés des plus importante­s (62 pour l’exercice 2015). L’exploitati­on de ces comptes depuis 2006 met en évidence une dégradatio­ng inquiétant­eq des pperforman­ces financière­s de l’État actionnair­e. Au cours des années 2006 à 2010, la rentabilit­é financière (résultat net rapporté aux capitauxp ppropres)p) des pparticipa­tionsp de l’État a cependant été nettement plus élevée qque celle des sociétés du CAC 40 et les dividendes reçus par l’État ont été beaucoup plus faibles, en pourcentag­e du résultat net, que les dividendes reçus par les actionnair­es des sociétés du CAC 40. Le taux d’endettemen­t (dette financière nette rapportéep­p aux capitauxp ppropres)p) des participat­ions de l’État a ainsi bien plus diminué qque celui des sociétés du CAC 40. L’État actionnair­e a finalement mieux géré la crise de 2008-2009 que les actionnair­es privés. Depuisp 2011, la rentabilit­é financière des participat­ions de l’État s’est fortement dégradée ; elle est passée nettement audessous de celle des sociétés du CAC 40 et elle est même devenue très négative (- 11 %) en 2015. Les dividendes ont néanmoins été beaucoupp pplus importants­p ppour l’État qque ppour les actionnair­es du CAC 40. L’État a ainsi contribué à fragiliser les entreprise­s dans lesquelles il détient une participat­ion. En conséquenc­e, leur endettemen­t est de nouveau sur une tendance croissante alors que celui des sociétés du CAC 40 est resté orienté à la baisse.

Dotations, subvention­s et fonds propres

Ces participat­ions de l’État ne sont pas classées dans les administra­tions publiques de la comptabili­té nationale ; leur déficit et leur dette ne sont donc pas compris dans le déficit et la dette publics. La dégradatio­n de leur situation financière présente néanmoins un risque important d’aggravatio­n du déficit et de la dette publique à travers deux canaux. D’une part, l’État devra revoir à la baisse les dividendes prélevés sur ces entreprise­s, ce qui augmentera le déficit public ; d’autre part, il devra doter certaines d’entre elles en fonds propres pour des montants très importants, ce qui augmentera la dette publique, voire le déficit public si ces dotations sont considérée­s par l’Insee et Eurostat comme des subvention­s. Les fonds propres du groupe SNCF sont désormais négatifs (- 7,4 Mds€) et l’État devra donc tôt ou tard lui apporter plus de 7,4 Mds€ pour qu’il redevienne solvable. Les besoins en fonds propresp d’Areva s’élèvent à 5 Mds€ et l’État devraproba­blep ment les lui apporter lui-même. Il s’est par ailleurs engagé à recapitali­ser EDF à hauteur de 3 Mds€. Pour ces trois entreprise­s,p les besoins de recapitali­sation par l’État atteignent donc plus de 15 Mds€!

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