LIBRE OPINION
Trump: enfin une bonne nouvelle pour la France
professeur à l’université Paris VIII Bien sûr qu’il est vulgaire. Bien sûr qu’il est inculte. Bien sûr qu’il est phobique de tout ce qui fonde les démocraties modernes (des femmes aux étrangers en passant par la plupart des “minorités”). Bien sûr qu’il n’a, à ce jour, aucun programme. Mais il est là. Et c’est peut-être une bonne nouvelle pour notre pays. D’abord parce que la fonction fait l’homme et que Reagan n’apparaissait qu’à très peu de Français en 1980 comme le président idéal pour la première puissance mondiale. Il faudra donc juger sur pièces. Mais par exemple, le fait de vouloir renouer le dialogue avec Poutine me paraît moins irresponsable que d’exclure de toute vraie négociation l’un de ceux qui tiennent dans leurs mains l’avenir de l’Europe, du MoyenOrient et de l’Asie. Tout dépendra, bien sûr, de la nature du dialogue, mais attendons avant d’excommunier. Mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel pour la France tient à l’élection elle-même de Donald Trump. Si après le Brexit, nos “élites” bien-pensantes n’ont pas compris, elles n’auront que ce qu’elles méritent : le Front national. Que ces élites arrêtent de nier la réalité et affrontent enfin les vraies difficultés de notre pays. Sans faux-fuyant et sans langue de bois.
‘I have a dream’
Ce message s’adresse en particulier aux candidats à notre élection présidentielle. “I have a dream” : je rêve pour notre pays d’un président qui déclarera pendant sa campagne : “Moi Président, j’organiserai dans toute la France des Grenelle de l’immigration associant toutes – je dis bien toutes – les sensibilités pour que, du débat, naissent de nouvelles idées et de nouvelles initiatives. - Moi Président, je lutterai de toutes mes forces pour que les petits agriculteurs ne soient pas acculés à la faillite et au suicide et je le démontrerai par des mesures concrètes. - Moi Président, j’associerai véritablement les jeunes aux décisions qui engagent leur avenir et je leur prouverai dans les 100 premiers jours de mon mandat qu’il y a une alternative au chômage et à la précarité. - Moi Président, je consacrerai dans les premiers mois de mon mandat au moins 20 milliards d’euros à la réindustrialisation de la France en ciblant en priorité les populations de salariés les plus menacées par la mondialisation. - Moi Président, je redonnerai confiance à notre police et à notre armée, autant par des gestes symboliques que par des efforts budgétaires. - Moi Président, en une phrase, je marquerai solennellement et brutalement ma sollicitude pour tous les exclus de la mondialisation, mondialisation que, par ailleurs, je défendrai.” C’est cela le principal enseignement de l’élection américaine. Bien sûr que Trump menace “l’Obamacare”, la transition énergétique, le commerce mondial et bien d’autres choses encore. Mais si sa nomination en tant que 45e président des ÉtatsUnis aide nos “élites” à se réveiller, nous serons bien obligés de lui en être gré.