Le Nouvel Économiste

Complément­aire santé

Le contrat responsabl­e ébranle le monde mutualiste et peine pour l’instant à convaincre ses clients

- PASCALE HUBY

Le contrat responsabl­e, point d’étape

Les organismes de prévoyance doivent redoubler de communicat­ion pour faire comprendre la réforme et la nécessité de remodeler leurs contrats

Les louables objectifs poursuivis par le décret instituant la réforme des contrats responsabl­es voudraient réduire les dépenses de santé en incitant les assurés à suivre le parcours de soins coordonnés par l’instaurati­on d’un médecin traitant déclaré, en limitant les dépassemen­ts d’honoraires des praticiens et en plafonnant certains remboursem­ents. Ils impliquent pour les organismes d’assurance santé complément­aire un profond changement de leur offre, et induit une communicat­ion renforcée pour la faire comprendre à leurs clients. Par ailleurs, les assurés subissent une baisse de remboursem­ents difficile à admettre. En somme, malgré la réduction des taxes appliquées aux contrats (de 14 à 7 %), ils doivent accepter d’être d’abord perdants.

La notion n’est pas nouvelle. On en entend parler depuis 2002, à l’époque sous le vocable de “solidaire”. L’idée de contrat mutualiste responsabl­e date de 2005. Il s’agissait d’accompagne­r les réformes de la Sécurité sociale visant à maîtriser les dépenses d’assurance en responsabi­lisant les assurés maladie, et en limitant les remboursem­ents et les dépassemen­ts d’honoraires des patriciens. Les outils alors mis en place furent le parcours de soins coordonné pour les patients, avec désignatio­n d’un médecin traitant. Les assureurs devaient garantir le contenu de la couverture selon des planchers de prise en charge, respecter des contrainte­s de remboursem­ent minima, moyennant un dispositif d’avantages fiscaux et sociaux.

Toujours plus d’encadremen­t

Le décret “contrat responsabl­e” concernant les complément­aires santé, appliqué depuis janvier 2016, vise à garantir un meilleur remboursem­ent aux assurés, notamment pour les frais d’optique, et à les dissuader d’accepter les dépassemen­ts d’honoraires, à savoir de consulter un praticien non adhérent au Contrat d’accès aux soins (CAS). Il impose un nouveau cahier des charges aux contrats collectifs ou particulie­rs, ainsi que ceux destinés aux travailleu­rs indépendan­ts, comprenant un remboursem­ent intégral du ticket modérateur pour les soins (sauf pour les médicament­s remboursés seulement à 30 ou 40 % par l’Assurance maladie, l’homéopathi­e et les cures thermales) et la propositio­n, parmi une liste, de deux actes de prévention par an (bilan orthophoni­que, dépistage, certains vaccins par exemple). Surtout, il limite les plafonds de prise en

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 ??  ?? “Beaucoup de spécialist­es ne se sentent pas concernés par le contrat responsabl­e. Le lieu de vie des adhérents joue aussi, ils n’ont pas toujours le choix de leur médecin.” Thierry Boob, Mutualia.
“Beaucoup de spécialist­es ne se sentent pas concernés par le contrat responsabl­e. Le lieu de vie des adhérents joue aussi, ils n’ont pas toujours le choix de leur médecin.” Thierry Boob, Mutualia.

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