Ressources humaines
Pour les entreprises en quête de d’expertise et de liberté, et les seniors d’indépendance et de sérénité : le portage salarial
Les seniors et le portage salarial
L’avancée en âge constitue un sérieux facteur d’exclusion et de discrimination à l’emploi. “Plus on se rapproche de la date de la retraite, plus il est difficile de se réinsérer dans une entreprise” Le porté peut cumuler l’intégralité de ses revenus inhérents à ses activités avec sa pension retraite dès 55 ans
Le portage salarial permet aux entreprises de trouver des consultants pour traiter des problématiques stratégiques ou bénéficier d’expertises précises. Il apparaît alors comme une solution flexible pour les structures qui sont réticentes à embaucher des seniors expérimentés, mais onéreux. Quant à ces derniers, ce moyen souple complète leur retraite ou leur activité principale, ou bien ouvre une voie en tant qu’indépendant, tout en offrant le confort d’un salarié. Revue de détail des bénéfices partagés.
“Les seniors correspondent à la genèse du portage salarial. Historiquement, celui-ci s’est créé avec cette population”, rappelle Radhia Amirat, directrice générale adjointe d’ITG, société de portage salarial. Ainsi, 53 % des consultants portés ont plus de 45 ans. Le dispositif s’applique particulièrement à eux puisque “les prérequis sont l’autonomie et l’expérience. Or, il y a toujours du travail ppour qqui est compétent”p pointep Éric Atlani, président fondateur de Concretio. “La nouvelle génération de seniors s’autonomise et ne cherche plus à rentrer dans une entreprise par le biais d’un contrat de travail classique, d’autant que le contrat à durée indéterminée (CDI) n’apporte plus la sécurité que l’on prétend, développe Lydie Roussel, présidente de Portage & Vous. Ils sont de plus en plus nombreux à rechercher l’indépendance, donnant naissance à de nouvelles formes d’employabilité. Autre phénomène concomitant, ils ne se voient plus proposer de CDI. Ils se font ainsi porter par des sociétés amies.” “En général, ils arrivent au portage salarial avec leur pprécédent employeur”,py indiqueq pour sa part Éric Atlani. C’est le cas de Gérard, retraité de 66 ans qui a fait presque toute sa carrière chez Airbus, et vient de rempiler pour une mission de quelques jours dans son ancienne entreprise pour expertiser un équipement développé par une société étrangère.
Génération papy-boom au chômage
L’avancée en âge constitue un sérieux facteur d’exclusion et de discrimination à l’emploi. “Beaucoup arrivent en bout de course de leur recherche d’emploi”, soutient Radhia Amirat. “Plus on se rapproche de la date de la retraite, plus il est difficile de se réinsérer dans une entreprise”, regrette Jérôme Tartaing, président fondateur de Webportage. Dans un contexte où le marché du travail reste difficile, ils constituent les premières victimes des restructurations et politiques de recrutement. “Les entreprises réfléchissent à deux fois avant d’embaucher un senior”, poursuit Lydie Roussel. “Les freins sont énormes, comme le coût financier et le manque de visibilité”, plaide Radhia Amirat. Passé 50 ans, ils deviennent vulnérables et n’ont pas toujours la force et la motivation pour se lancer dans des démarches fastidieuses de recherche d’emploi. Trouver un client reste plus aisé qu’obtenir un poste ou entreprendre. Les chiffres de l’indice entrepreneurial français le prouvent : les seniors s’inscrivent moins dans une dynamique entrepreneuriale que les générations antérieures (44 % des 30 à 49 ans contre 25 % des 50 à 64 ans). “Proposer des missions plutôt qu’un CDI facilite la vie de l’entreprise et lui donne une certaine flexibilité, ajoute Radhia Amirat. La demande pour des missions ponctuelles est réelle. Après les crises de 2001 et 2008 et les vagues de licenciements, les entreprises ont beaucoup perdu de savoir-faire, les seniors n’étant pas toujours remplacés à même niveau d’expérience. Beaucoup de tâches sont réalisées par des publics plus jeunes alors que certains dossiers spécifiques ou sujets pointus nécessitent des personnes plus compétentes, avec davantage d’expérience.” Les missions peuvent s’étaler de quelques jours, dans le cadre d’une réponse à un appel d’offres, jusqu’à deux ou trois ans pour des projets stratégiques. En sus, le portage salarial constitue pour certains l’assurance de retrouver un emploi. “La prise de risque paie. Changer de statut ne doit pas effrayer, c’est un vrai tremplin qui maximise les possibilités de retour à l’emploi ou la création d’une activité rentable”, poursuit la directrice générale adjointe d’ITG. Le “papyboom”, devenu réalité, génère une population de seniors aspirant à rester actifs malgré leur passage à la retraite pour continuer à jouer un rôle social, se sentir utiles, reconnus tout en prolongeant leur vie active. “Cela leur permet de se maintenir en fforme !” assure Jérôme Tartaing.g Être en activité les dynamise en revalorisant leur expérience et savoir-faire. Ils peuvent alors passer tranquillement à l’étape retraite sans rupture brutale avec leur vie professionnelle antérieure, les missions constituent presque une thérapie. “Le choc personnel du passage brutal d’une vie active à plus rien s’atténue. Le portage permet une transition en douceur entre l’emploi, la retraite ou le chômage. Ne plus subir rend maître de sa carrière”, reconnaît Mélanie Lecoeur, directrice d’Advizium.
Formule zen
Si les seniors peuvent avoir une certaine appréhension par rapport au statut, Radhia Amirat les rassure : “le portage représente la sécurité dans le sens où il constitue du salariat”. Les portés bénéficient des mêmes protections et avantages, “à la différence des micro-entrepreneurs ou des entrepreneurs individuels, ajoute Lydie Roussel. Ce système ne provoque pas de rupture dans leur couverture sociale ou dans l’acquisition de leurs droits à la retraite”, pas plus que de limitations en termes de chiffre d’affaires. Le porté peut cumuler l’intégralité de ses revenus inhérents à ses activités avec sa pension retraite dès 55 ans. Cette solution s’avère “la meilleure pour augmenter les coûts de prestation et cadrer avec les prétentions salariales des seniors”, reconnaît Gérard, porté salarial pour Airbus. Concrètement, il bénéficie des mêmes prérogatives