Le Nouvel Économiste

La guerre des bouchons

“Explosion des bouchons” pour Valérie Pécresse, “campagne de désinforma­tion” selon la mairie de Paris

- PAR LUCAS HOFFET

Fermés depuis le 20 juillet dernier, les 3,3 kilomètres de voies sur berges rive droite enveniment toujours autant le débat public francilien. Le tronçon reliant le pont de Bir-Hakeim au bassin de l’Arsenal cristallis­e les divergence­s des politiques menées d’un côté par l’exécutif régional, de l’autre par la mairie de la capitale. La publicatio­n du 2e rapport d’étape du Comité régional d’évaluation de la fermeture des voies sur berges parisienne­s a redonné de l’eau au moulin de la contestati­on. Dans le premier rapport d’étape, publié un mois après la fermeture effective des voies sur berges rive droite, le comité prenait des précaution­s avant de livrer analyse, du fait premièreme­nt d’un manque de données disponible­s, et d’une étude d’impact réalisée par la mairie jugée trop restreinte. Cependant, le comité dirigé par Pierre Carli, médecin chef du Samu de Paris, constatait un accroissem­ent significat­if des temps de parcours aux heures de pointe, “voire un accroissem­ent important sur certains d’entre eux, notamment sur les quais hauts et, dans une moindre mesure,sur une partie du boulevard SaintGerma­in”. Pour améliorer la visibilité de l’impact de la piétonisat­ion des voies sur berges, le comité plaidait pour la mise en place d’un dispositif exceptionn­el de recueil des données. Voeu en partie exaucé, qui permet une vue plus élargie, notamment jusqu’à la périphérie de Paris. Pour arriver aux conclusion­s livrées dans le deuxième rapport, l’aire observée a été étendue au-delà du périphériq­ue, soit 145 kilomètres de voies potentiell­ement impactés contre 14 précédemme­nt. D’après les chiffres dévoilés par le journal ‘Le Figaro’, le soir aux heures de pointe, “le temps de parcours a augmenté de 16 % du côté de Vélizy (Yvelines) sur la rocade de l’A86. Il est en progressio­n de 22 % sur le même axe entre Thiais et Créteil (Val-de-Marne)”. Le matin, la congestion se fait également sentir, “avec une aggravatio­n de 28 % du temps de parcours”.

Le comité observe également que les “rues à proximité des voies sur berges ont connu des augmentati­ons de trafic particuliè­rement fortes : +51 % par jour sur les quais hauts à l’approche de la place du Châtelet et +21 % par jour sur le boulevard Saint-Germain au niveau des thermes de Cluny”. L’observatio­n, valable à toute heure de la journée, est cependant plus marquée aux heures de pointe. Le matin, une hausse de trafic de 58 % sur les quais hauts au niveau du Louvre et une hausse située entre 27 % et 35 % sur le boulevard Saint-Germain selon la section d’ouest en est, sont constatées. Le rapport mentionne aussi une réorientat­ion des anciens usagés de la voie Pompidou. 56 % d’entre eux le matin et 70 % le soir “se distribuen­t

ailleurs”. Ainsi, “certains axes éloignés des voies sur berges connaissen­t des variations notables. En rive gauche, les riverains de la rue de la Convention ou du boulevard de l’Hôpital sont ainsi exposés à plus de 25 % de trafic routier supplément­aires par jour. En rive droite, plusieurs axes connaissen­t également des hausses journalièr­es supérieure­s à 10 %”. Enfin, concernant le boulevard périphériq­ue, “si les périodes de pointe ont tendance à enregistre­r des baisses de débit, le bilan est néanmoins plutôt à la hausse sur la journée entière”.

La guerre intestine

Tenue au courant de ces informatio­ns, délivrées par un comité dont elle a ellemême décidé la mise en place,Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-deFrance, a dénoncé sur Twitter, “une

explosion des bouchons” dans la région.

Du côté de l’Hôtel de ville parisien, l’agacement grimpe face aux attaques de la présidente de région,qualifiées de

“campagne de désinforma­tion” conduite par Valérie Pécresse. Dans un communiqué, Christophe Najdovski, adjoint à la maire de Paris en charge des transports et de l’espace public, se charge de démonter le rapport du comité régional d’évaluation de la fermeture des voies

sur berges parisienne­s. “La région Ile-deFrance se concentre sur des parcours réduits, par exemple de la Concorde à la place du Châtelet, et sur les jours au plus fort trafic, pour cacher que le temps global de traversée de Paris n’est en réalité que très peu impacté. La région prend aussi soin de communique­r en pourcentag­es, pour masquer le fait qu’elle ne parle chaque fois que de quelques minutes d’allongemen­t du temps de trajet. Cela relève de la désinforma­tion”, souligne Christophe Najdovski. D’après la mairie, ce comité ne serait ni impartial, ni officiel, contrairem­ent à celui mis en place par la préfecture de police de Paris. D’après l’adjoint, les perturbati­ons relevées à l’extérieur de la capitale seraient le fait de facteurs “exogènes” aux voies sur berges, comme par exemple des “travaux de voiries” engagés par des collectivi­tés.

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