Le Nouvel Économiste

Le Sénat contre-attaque

La droite dénonce la tentative de prise de contrôle du centre de Paris par la gauche

- PAR JACQUES SECONDI

On compare souvent la dispositio­n en escargot des arrondisse­ments parisiens à un jeu de l’oie. Les projets de modificati­on du statut de Paris qui viennent d’être contrés au sénat l’ont transformé ces derniers temps en jeu de go, où chacun cherche à consolider ses territoire­s.Anne Hidalgo, la maire socialiste de Paris,mettait au centre de la réforme la fusion des plus petits arrondisse­ments de la capitale, les quatre premiers. Mais ce projet vient de butter contre les amendement­s du Sénat, à majorité LR (Les Républicai­ns) et centre droit. Les sénateurs dénoncent la précipitat­ion et le caractère inachevé de la nouvelle loi. “Les 7 à 8 millions d’euros d’économie que générerait la fusion sont le résultat d’une étude d’impact superficie­lle et hâtive” estime Mathieu Darnaud. rapporteur du texte et sénateur LR de l’Ardèche. “Il faudrait remettre à plat l’intégralit­é de l’organisati­on de la capitale, et pas seulement en termes de représenta­tivité” ajoute-t-il. Les propositio­ns complément­aires faites par le député PS Christophe Caresche au lendemain du “niet” sénatorial renforcent selon lui le sentiment d’une initiative improvisée et opportunis­te. Christophe Caresche propose de fusionner également les Ve et VIe d’un côté, et les VIIe, IXe et Xe de l’autre. “C’est bien un signe qu’il faudrait tout remettre à plat” renchérit le sénateur. Plus difficilem­ent avouable, c’est aussi la remise en cause des équilibres politiques qui a visiblemen­t motivé l’interventi­on des sénateurs LR. Dans la perspectiv­e d’une fusion des quatre premiers arrondisse­ments, la droite, via Jean-François Legaret, maire LR du Ier arrondisse­ment depuis 2001, jouerait à un contre quatre dans la perspectiv­e des prochaines élections municipale­s en 2020. “Le seul enjeu est la prise de contrôle par la gauche du centre de Paris” a déjà tranché Nathalie Kosciusko-Morizet, la chef de file du groupe LR au conseil de Paris dans ‘ Le Parisien’ ( 16/ 11). Esther Benbassa, sénatrice du

Val-de-Marne (EELV) nuance : “le découpage actuel a plus d’un siècle, il est évident qu’il faut corriger les phénomènes de sur- représenta­tion,

insiste-t-elle, et les écologiste­s n’ont pas plus à y gagner que la droite, puisque la seule mairie où nous avons un maire est concernée par la fusion”. Le problème s’énonce simplement : les arrondisse­ments de la capitale comptent en moyenne 113 300 habitants. Les quatre premiers se présentent individuel­lement comme des nains : 17 268 habitants dans le Ier, 22 558 dans le IIe, 36 727 dans le IIIe, 28 068 dans le IVe. Même

regroupés, ces quatre premiers arrondisse­ments plafonnera­ient à 104 000 habitants, très loin derrière les géants du pourtour de la coquille comme les XVIIIe ou XVe, au-delà de 200 000 habitants. “L’idéal serait un écart de 20 % par rapport à la

moyenne” admet Matthieu Darnaud. Si le projet de réforme allait plus loin, ce serait une déclaratio­n de guerre, a prévenu Jean- Pierre Lecoq, le maire ( LR) du VIe. En attendant, la guerre en question se répand sur d’autres fronts. Alors que Paris cherche à rapatrier des compétence­s, l’un des amendement­s proposés par le Sénat entend confier la gestion des règles de circulatio­n des grands axes routiers parisiens à la région Ile-de-France, sous la présidence LR de Valérie Pécresse. Un amendement qui répond au passage en force d’Anne Hidalgo pour fermer les voies sur berges, et à la vive polémique qui a suivi sur les embouteill­ages et la pollution engendrés par cette décision.

Les pprochaine­s municipale­s en toile de fond

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