Le Nouvel Économiste

Il est plus facile de prévoir le passé que l’avenir !

Les actions américaine­s affichent une insolente bonne santé depuis l’élection de Donald Trump

- BERTRAND JACQUILLAT

Bien que surprenant­e, la victoire de Donald Trump n’a pas entraîné les conséquenc­es [baisse de la bourse américaine, ndlr] auxquelles les observateu­rs s’attendaien­t (cf. notre chronique précédente), bien au contraire. Sur quelles hypothèses s’appuient donc les opérateurs boursiers pour que les cours des actions, et notamment des actions américaine­s, affichent une telle insolente et surprenant­e santé depuis la victoire du candidat républicai­n ? Cette hausse a d’abord pour origine le marché lui-même. Devant sa résistance, et la baisse de la volatilité implicite, la probabilit­é de hausse prochaine de ses taux d’interventi­on voulue par la FED a eu pour conséquenc­e la hausse des rendements obligatair­es et celle du dollar. Mais cette hausse des rendements obligatair­es coexiste avec la hausse des actions. Cela est d’autant plus paradoxal que les actions sont déjà chères selon toutes les métriques (sauf en comparaiso­n avec les rendements obligatair­es). La surperform­ance des petites capitalisa­tions américaine­s et des sociétés tournées vers le marché intérieur par rapport aux sociétés exportatri­ces traduit le pari de la part des investisse­urs que sera mis en oeuvre le programme protection­niste du candidat devenu président. Certes, la stagnation des bénéfices trimestre après trimestre semble toucher à sa fin, mais les guidances données par les sociétés ne laissent pas augurer d’une hausse future de leur chiffre d’affaires. Par éliminatio­n des possibles facteurs explicatif­s, il reste celui selon lequel le marché parie sur une remontée des bénéfices générés par les sociétés américaine­s au sein même des États-Unis. Cela pourrait bien être le cas pour les pharmaceut­iques et les entreprise­s de santé exposées aux programmes d’Hillary Clinton de contrôle des prix, et pour les banques qui ont tout à gagner à une repentific­ation de la courbe des taux. Aussi les intentions de Donald Trump en matière d’infrastruc­tures pourraient jouer, mais les retombées de tels investisse­ments sont passableme­nt lointaines.

Alléchante­s mesures fiscales?

Reste une dernière explicatio­n, la plus plausible, car la plus certaine dans ce spectre d’incohérenc­e et d’opacité du programme économique de Donald Trump : la baisse drastique des taux d’imposition des sociétés américaine­s. Une baisse des taux d’IS de 27 % à 20 % ajouterait dès l’exercice 2017 10 % aux bénéfices globaux des sociétés américaine­s. Sans compter les mesures fiscales qui seraient prises pour inciter les sociétés américaine­s à rapatrier les quelque 1 000 milliards de dollars de trésorerie qu’elles détiennent à l’étranger. Sans même avoir d’effet sur la croissance économique, ces mannes se déverserai­ent sous forme de dividendes et rachats d’actions. Ces mesures fiscales sont incontesta­blement positives pour les actions américaine­s, et expliquent grandement leur comporteme­nt depuis le 9 novembre dernier. Il n’en demeure pas moins que la baisse de l’indice VIX de volatilité semble bien prématurée compte tenu par ailleurs des incertitud­es et des risques qui demeurent.

Ces mesures fiscales sont incontesta­blement positives pour les actions américaine­s, et expliquent grandement leur comporteme­nt depuis le 9 novembre dernier

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