Le Nouvel Économiste

Les comptes de la SNCF ont déraillé

Apports en fonds propres ou reprise de dette, l’État doit désormais prendre ses responsabi­lités

- FRANÇOIS ECALLE

Après une perte de 12 milliards d’euros en 2015, due notamment à une dépréciati­on de la valeur de ses actifs qui reflète leur absence structurel­le de rentabilit­é, les fonds propres de la SNCF sont fortement négatifs : - 7,4 milliards d’euros au 31 décembre 2015. Cela signifie qu’elle est insolvable, ses dettes étant supérieure­s de 7,4 milliards d’euros à la valeur réelle de ses actifs. Si une société se trouvait dans cette situation, elle aurait deux ans pour reconstitu­er son capital social (14,7 milliards d’euros pour la SNCF), mais la SNCF n’est pas une société ; c’est un établissem­ent public, dont les biens sont insaisissa­bles, que seule une loi pourrait liquider et qui n’est pas soumis aux règles du code de commerce. Ses créanciers continuent à lui prêter de l’argent à des taux guère plus élevés que ceux des OAT, alors qu’elle est insolvable, pparce qqu’un établissem­ent ppublic bénéficie de la garantie de l’État sur ses emprunts. Cette garantie est toutefois seulement implicitep : elle n’a jjamais été formalisée et n’apparaît pas dans les comptes de l’État (toutes les garanties devraient pourtant apparaître­pp dans ses engagement­sgg hors bilan). L’État a en effet toujours craint qu’une garantie explicite soit considérée ppar la Commission européenne­p comme une aide d’État irrégulièr­e au regard du droit européen de la concurrenc­e.

La SNCF en faillite ?

Il est clair que les 50 milliards d’euros de dettes financière­s nettes de la SNCF à fin 2015 constituen­t en réalité une dette de l’État, qui est le seul à pouvoir les rembourser, mais ces 50 milliards d’euros ne sont pas comptabili­sés dans la dette publique au sens de la comptabili­té nationale (sauf ppour une ppetite ppartie).) L’État doit rétablir la vérité des comptes soit en apportant suffisamme­nt de fonds propres à la SNCF pour reconstitu­er son capital, soit en reprenant formelleme­nt une part substantie­lle de ses dettes. Cela obligerait le Parlement

à reconnaîtr­e par son vote sur ces mesures de redresseme­nt qque sans cette aide supplément­airep de l’État, la SNCF serait en faillite, alors même que les dépenses publiques en sa faveur s’élèvent déjà chaque année à 14 milliards d’euros : 7 milliards venant des régions et du syndicat des transports­p d’Ile-de-France ; 3 milliards de subvention­s de l’État à la SNCF elle-même, et 4 milliards de subvention­s de l’État et du régime général de sécurité sociale des salariés du secteur privé au régime spécial de sécurité sociale des cheminots.

Cela obligerait le Parlement à reconnaîtr­e par son vote sur ces mesures de redresseme­nt que sans cette aide supplément­airepp de l’État, la SNCF serait en faillite, alors même que les dépenses publiques en sa faveur s’élèvent déjà chaque année à 14 milliards d’euros

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Guillaume Pepy, Président de la SNCF

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