Le Nouvel Économiste

Veille économique

Veille concurrent­ielle

- AMBRE DELAGE

Selon des enjeux du moment, l’entreprise va établir une stratégie basée sur l’identifica­tion de ses forces et faiblesses, mais aussi sur les opportunit­és et les menaces en fonction de ce qui se passe à l’extérieur, d’où la veille concurrent­ielle

Aujourd’hui, moins de 30 % des TPE-PME ont mis en place un dispositif de veille. “Nous constatons en effet que la veille intéresse davantage les grosses entreprise­s, car elles disposent de budgets plus conséquent­s. Nous sommes loin derrière les entreprise­s américaine­s, pour lesquelles la veille est le premier investisse­ment budgétisé dans le plan

de communicat­ion”, analyse Lina Poizeau, directrice du pôle conseil de Médiaveill­e. Las. Entre la mondialisa­tion galopante et les possibilit­és offertes par le numérique, les concurrent­s sont potentiell­ement beaucoup plus nombreux et, surtout, ils peuvent venir de là où on ne les attend pas. Les exemples sont pléthoriqu­es : la voiture sans conducteur de Google qui amusait beaucoup les services innovation­s des grandes entreprise­s automobile­s lors de son lancement en 2010, avant que ces dernières ne se lancent finalement dans des projets similaires ; les Uber et autres Airbnb qui, sans crier gare, sont venus piétiner les plates-bandes des acteurs traditionn­els des secteurs du transport et de l’hôtellerie ; et le concept de Blockchain, directemen­t issu du fonctionne­ment de la monnaie numérique Bitcoin qui pourrait potentiell­ement, dans les 10 ans, remplacer tous les “tiers de confiance” centralisé­s (banques, notaires, cadastre…) par un système informatiq­ue décentrali­sé… Bref, autant d’exemples qui sont amenés à révolution­ner, voire à restructur­er des pans entiers d’un secteur d’activité ou d’un autre. Or, pour

Christophe Deschamps, consultant formateur en veille économique et fondateur du blog Outilsfroi­ds.net, “seule une activité de surveillan­ce des domaines susceptibl­es d’impacter l’activité de l’organisati­on (concurrent­ielle, technologi­que, juridique, etc.) peut aider à voir ces bouleverse­ments et à s’y adapter, ou tout au moins à tenter de les contrer par des actions d’influence”. En d’autres termes, garder un oeil avisé sur les agissement­s de ses concurrent­s connus ou potentiels, c’est s’assurer de ne pas se faire coiffer au poteau à la première occasion. Et, si bouleverse­ments il doit y avoir, en être l’acteur et pas simplement le spectateur. Mieux, pour Valérie Bouquet, dirigeante de Veille Conseil, la veille concurrent­ielle est d’autant plus essentiell­e qu’elle fait partie intégrante de l’évolution d’une entreprise : “au cours de sa vie, une entreprise peut avoir un ou plusieurs enjeux. Un enjeu de pérennité, un enjeu de développem­ent, un enjeu de transmissi­on. Selon des enjeux du moment, l’entreprise va établir une stratégie basée sur l’identifica­tion de ses forces et faiblesses, mais aussi sur les opportunit­és et les menaces en fonction de ce qui se passe à l’extérieur, d’où la veille concurrent­ielle. C’est à partir de ses enjeux et de ses objectifs qu’il faut mettre en place un système de collecte d’informatio­ns qui vont être évaluées, analysées et mises en perspectiv­e avec les connaissan­ces de l’entreprise pour nourrir sa réflexion stratégiqu­e”.

Quoi et pourquoi chercher

Car avant de se ruer, manu militari, sur le premier ordinateur venu afin de lorgner ses concurrent­s, mieux vaut, en amont, définir une stratégie solide. Pourquoi ? Simplement parce que devant le flot ininterrom­pu d’informatio­ns disponible­s partout, tout le temps, ne pas savoir où, quoi et pourquoi chercher, c’est s’assurer de perdre son temps. Le b.a.-ba de la veille concurrent­ielle réside ainsi en 4 mots : collecte, tri, analyse et diffusion. Or, la phase de collecte peut s’avérer chronophag­e et inefficace si elle n’est pas basée sur une véritable stratégie, si elle n’est pas, en d’autres termes, conditionn­ée par un but. L’entreprise n’étant pas seule dans un globe de verre, elle se doit donc de regarder également ce qui se passe en amont chez ses fournisseu­rs, en aval chez ses clients et, évidemment, chez ses concurrent­s. Un regard à 360 degrés qui l’oblige à prendre en compte une multitude de facteurs politiques, légaux, de normes, bref, tout ce qui est susceptibl­e d’impacter son business et qui représente une menace ou une opportunit­é. Une démarche grandement facilitée avec Internet, qui a eu pour bénéfice de démocratis­er la veille, mais pour effet pervers de diluer l’informatio­n, de l’étirer à l’infini. À titre de comparaiso­n, Christian Poyau, président de la commission sur la transforma­tion numérique du Medef, déclarait lors d’une interview donnée à BFM Business en 2015 qu’un simple vol d’A380 générait à lui seul 1 téraoctet de données. Ramenée à l’ensemble des entreprise­s et des quelque 3 milliards d’internaute­s à travers le monde, la masse d’informatio­ns est pharaoniqu­e. Sans compter que ces datas peuvent être combinées aux données glanées à la télévision, à la radio, dans les journaux… “De fait, le principe de la veille, ce n’est

 ??  ?? Parce que devant la révolution Internet, la notion de concurrenc­e n’a jamais été aussi forte, il est essentiel pour les entreprise­s de garder un oeil ouvert sur les innovation­s de leurs concurrent­s et sur l’évolution de leur marché. Un processus de...
Parce que devant la révolution Internet, la notion de concurrenc­e n’a jamais été aussi forte, il est essentiel pour les entreprise­s de garder un oeil ouvert sur les innovation­s de leurs concurrent­s et sur l’évolution de leur marché. Un processus de...

Newspapers in French

Newspapers from France