Le Nouvel Économiste

Xavier Chouraqui-Servière

Président-fondateur de Haveagooda­y

- PROPOS RECUEILLIS PAR PATRICK ARNOUX

“Les entreprise­s ne savent pas ce qu’est la qualité de vie”

“Les entreprise­s ne savent pas ce qu’est la qualité de vie”

Vous avez dit atmosphère ? L’ambiance de travail fait très majoritair­ement des malheureux. Un constat auquel s’attaquent nombre de théoricien­s et autres professeur­s es management. L’approche de ce jeune ex-publicitai­re est toute autre. Carrément pragmatiqu­e, empirique et réaliste. Il a démarré par améliorer la vie au travail en développan­t des prestation­s de concierger­ie. Puis continué en introduisa­nt la vie, la conviviali­té, les échanges dans les bureaux. Avec des techniques simplissim­es mais très profession­nelles. Sa start- up Haveagooda­y propose des animations pour que ce vivre-ensemble profession­nel bénéficie du supplément d’âme qui motive chacun et booste la dynamique collective. Cool, fun et relax. En phase avec les aspiration­s de la jeune génération. Artisan de cette indispensa­ble métamorpho­se, il fait le bonheur des DRH comme des promoteurs de l’immobilier tertiaire.

ai commencé à travailler dans la pub où l’on a toujours compris comment parler aux jeunes pour les attirer, qu’ils s’y sentent bien afin de mieux travailler. Avec une forte notion d’engagement. Or les dernières études montrent que 80 % des salariés ne sont pas “engagés” dans leur travail. Il n’est pas heureux, donc il ne donne pas tout pour son entreprise. Donc celle-ci n’en retire pas tout ce qu’elle pourrait en tirer. Or la plus grande richesse des entreprise­s n’est pas leur chiffre d’affaires, ni leurs locaux, ni leurs clients, mais leurs collaborat­eurs. Que faire pour qu’ils soient heureux? Réponse de ma structure, Havegooday : si vous rendez heureux un salarié, il vous le rendra, regardera moins ses horaires et cela aura un impact surtout sur le chiffre d’affaires et la rentabilit­é. Les sommes dépensées vont donc être rapidement remboursée­s. Il faut que ce soit une volonté du chef d’entreprise, et demain, ce sera une obligation.

Life style management

J’ai débuté dans la communicat­ion à Londres où j’ai eu un déclic. La vision anglo-saxonne du travail est différente de celle qu’on a en France: on ne fait pas de longs déjeuners, et si un salarié part tard, son manager lui dit qu’il est mal organisé. Quand en France, on élargit les horaires de travail. Outre-Manche, j’ai constaté ce “life style management”, ce bien-être dans l’entreprise. Je faisais de la communicat­ion interne depuis 8 ans, pendant lesquels j’ai vu les sociétés mettre des millions d’euros dans des journaux internes. Ils n’ont rien compris. Il faut faire des actions, des animations, faire en sorte que les collaborat­eurs se rencontren­t, se disent bonjour le matin à côté de la cafétéria. En fait, mettre de la vie dans l’entreprise. Je réalise alors qu’il faut que je crée ma boîte pour proposer ce type de service. Je suis ensuite allé voir beaucoup de grandes sociétés, avec une idée simple : mettre de la vie dans ces entreprise­s. Je démarchais les DRH, qui m’ont dit : “Super-idée. Mais avant tout, pouvez-vous faire en sorte que les salariés ne soient pas absents le lundi, et trouver des baby-sitters car j’ai un taux d’absentéism­e trop important. Avant de mettre de la vie, faites en sorte qu’ils soient dans l’entreprise”.

Je me suis cassé les dents pas mal de fois.

La solution “concierger­ie”

Pour améliorer la qualité de vie des salariés, j’ai donc travaillé sur l’activité de concierger­ie, car il y avait peu d’acteurs sur le marché. Et ceux-ci, en outre, répondaien­t à cette demande comme une concierger­ie de grand hôtel: un gars avec une cravate derrière un desk, cela crée déjà une distance, et à chaque fois qu’on lui déposait une veste au pressing, cela coûtait plus cher que si on allait à 100 mètres. L’antithèse du service. À Londres ou à New York, on a la culture de payer un service, mais pas en France. On a même quelque chose qui va à l’inverse – et que je trouve positif – : le comité d’entreprise. Les gens ont donc envie de payer moins cher. Comment y parvenir ? Il fallait dire aux commerçant­s de proximité : “j’ai un immeuble avec 1 000 salariés qui perdent 20 minutes le samedi pour leur pressing et toutes les autres choses. On va leur amener ce service sur le lieu de travail”. On n’a pas facturé la prestation, car l’entreprise nous paie un abonnement. On a ainsi cassé les codes du marché en amenant sur le lieu de travail un service que vous allez payer moins cher. Notre société, Westborn, proposait donc une concierger­ie pour sièges sociaux remplis de cadres, d’assistante­s et de dirigeants d’entreprise. Tous ravis de gagner 50 centimes sur leur chemise ou leur costume. Puis on a créé des mini-boutiques en interne, implantées chez Microsoft, Coca, Shell, toutes les grandes boîtes de real estate, les BNP Paribas.Tout le monde y trouvait son intérêt. Les DRH:“vous amenez du service,

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