Le Nouvel Économiste

MÉCOMPTES PUBLICS

Les salariés de la fonction publique travaillen­t moins qu’en 2012

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Le service statistiqu­e du ministère du Travail vient de publier ses estimation­s de la durée annuelle du travail des salariés à temps complet en 2015. Alors que la durée légale est de 1 607 heures, la durée effective est de 1 526 heures dans le secteur public et de 1 688 heures dans le secteur privé, soit un écart de 162 heures ou 10 % entre les deux secteurs. La durée hebdomadai­re habituelle est de 38,8 heures dans le secteur public (39,1 heures hors enseignant­s) et de 39,1 heures dans le secteur privé ; le nombre de jours travaillés est de 195 dans le secteur public (199 hors enseignant­s) et 215 dans le secteur privé. Ces estimation­s peuvent être comparées à celles qui ont été publiées dans les rapports de la Cour des comptes, en 2015, et de Philippe Laurent (président du Conseil supérieur de la fonction publique territoria­le) en 2016, pour les années 2012 à 2014. En 2012, la durée annuelle de travail des fonctionna­ires était de 1 594 heures et celle des salariés du secteur privé était de 1 684 heures, soit un écart de 90 heures ou 5 %. La durée du travail a diminué dans la fonction publique depuis 2012 alors qu’elle est à peu près stable dans le secteur privé.

Aligner ou pas ?

Des données plus précises relatives à l’année 2012 montrent que la durée annuelle était pproche de la durée légaleg dans les services de l’État et les hôpitaux, mais nettement inférieure dans les collectivi­tés locales. Ces données relatives à la durée annuelle ne tiennent pas compte de l’absentéism­e. Celui-ci est mal connu mais semble plus élevé dans la fonction publique. La durée effective du travail dans la fonction publique pourrait être relevée de 5 % pour l’aligner, en moyenne, sur la durée légale. Il serait alors plus facile de réduire les effectifs sans dégrader la qualité des services publics. L’ampleur de la baisse des effectifs envisageab­le dans la fonction publique est toutefois limitée par le nombre de départs en retraite, ou en fin de contrat pour les non-titulaires, qui est indépendan­t de la durée du travail. Un alignement de la durée effective du travail sur la durée légale pourrait être envisagé sans hausse du salaire moyen par tête. Ce serait néanmoins difficile, car une hausse moyenne de 5 % impliquera­it des augmentati­ons individuel­les souvent plus importante­s. Une hausse plus importante du temps de travail, notamment pour l’aligner sur celui des salariés du secteur privé, imposerait un relèvement de la durée légale ou une augmentati­on des heures supplément­aires, dont la rémunérati­on est majorée comme dans le secteur privé. Le relèvement de la durée légale permettrai­t de moins recourir aux heures supplément­aires, mais serait probableme­nt accompagné d’une revalorisa­tion du point de la fonction publique. Le coût de ces mesures salariales pourrait être au total supérieur aux économies résultant de la baisse des effectifs.

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