Le Nouvel Économiste

Défense, à 5 milliards d’euros près

Le nécessaire surcroît de financemen­t de l’armée française pour atteindre la cible de l’Otan est limité

- FRANÇOIS ECALLE

En 2014, l’Otan a demandé à ses membres de porter les crédits militaires, pensions comprises, à au moins 2,0 % du PIB, sans fixer d’échéance précise. Le budget de la Défense voté par le Parlement français représente 1,8 % du PIB en 2016. Parmi les grands pays européens, seul le Royaume-Uni dépasse la cible de l’Otan, avec un budget de 2,2 % du PIB, et les crédits militaires de la Pologne sont juste de 2,0 % du PIB. En revanche, le budget américain de la défense représente 3,5 % du PIB des États-Unis. Le chef d’état-major des armées Pierre de Villiers s’est exprimé exceptionn­ellement fin décembre dans la presse pour souligner la nécessité d’une augmentati­on du budget de la Défense permettant d’atteindre la cible de 2,0 % du PIB avant la fin du prochain quinquenna­t. Au cours des dix dernières années, les dépenses militaires ont été à peu près stables, en pourcentag­e du PIB, en France comme dans les principaux pays européens. Les effectifs des armées françaises ont fortement diminué du fait d’importante­s réformes, mais leur masse salariale a augmenté. L’efficience des dépenses militaires doit être encore améliorée dans de nombreux domaines et les efforts d’économie doivent être poursuivis.

L’ambiguïté des pensions

Compte tenu de la guerre contre le terrorisme, du contexte internatio­nal et de la nécessité de remplacer beaucoup d’équipement­s dans les prochaines années, le budget de la Défense doit néanmoins être relevé pour atteindre 2,0 % du PIB. Les crédits supplément­aires nécessaire­s pour que la France respecte la règle fixée par l’Otan (0,2 % du PIB, soit 5 milliards d’euros) sont limités au regard du poids total de ses dépenses publiques (57 % du PIB). Ils peuvent donc être trouvés sans remettre en cause la nécessaire réduction de l’ensemble de nos dépenses publiques. Il y a toutefois une ambiguïté dans les demandes budgétaire­s des armées qui doit être levée, car elles portent le plus souvent sur les crédits hors pensions, conforméme­nt à l’usage dans les débats budgétaire­s français. La présentati­on habituelle des crédits militaires inscrits dans la loi de finances pour 2017 montre ainsi qu’ils s’élèvent à 32,7 milliards d’euros, soit 1,4 % du PIB, ce qui correspond au montant hors pensions. Ce n’est pas la bonne référence à retenir pour mesurer l’écart qui reste à combler par rapport à la cible fixée par l’Otan, qui est définie en incluant les pensions. Il faut seulement majorer le budget de la défense de 0,2 % du PIB (5 milliards d’euros), ce qui devrait être suffisant si son efficience est améliorée, et non de 0,6 % du PIB (13 milliards d’euros) comme le suggèrent parfois les représenta­nts du ministère de la Défense.

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