Le Nouvel Économiste

Moins de croissance et plus de sécurité financière

L’État chinois réaffirme l’objectif d’une croissance à “vitesse moyenne à élevée”

- PHILIPPE BARRET

La CEWC a donné son feu vert pour une politique budgétaire plutôt dynamique, mais a retenu une orientatio­n monétaire

plutôt stricte : pas de hausse des taux d’intérêt de référence, réduction de la croissance globale du crédit et baisse de la valeur du renminbi par rapport à un dollar

américain en hausse

Chaque année au mois de décembre se réunit la Central Economic Work Conference (CEWC), qui associe le gouverneme­nt et le comité central du Parti communiste, à pproposp de la ppolitique­q économique­q et financière de l’État. Le principal message de cette instance est aujourd’hui : priorité à la réduction des risques financiers et croissance modérée (par rapport aux années de la croissance à deux chiffres en Chine, évidemment). On ne connaît pas encore le chiffre de la croissance pour l’ensemble de l’année 2016. Pour les trois premiers trimestres, il s’établit à 6,7 % et ce taux devrait se maintenir au quatrième trimestre. Ce résultat est sensibleme­nt meilleur que ne l’avaient prévu nombre d’économiste­s occidentau­x. La prévision (ou l’objectif) retenue pour 2017, c’est 6,3 %. La CEWC a donné son feu vert pour une politique budgétaire plutôt dynamique, mais a retenu une orientatio­n monétaire plutôt stricte : pas de hausse des taux d’intérêt de référence, réduction de la croissance globale du crédit (14 à 15 % en 2017, contre 17 % en 2016) et baisse de la valeur du renminbi par rapport à un dollar américain en hausse, quitte à appliquer des règles plus rigoureuse­s sur les achats de devises et les sorties de capitaux. La même instance a aussi décidé que seraient maintenues les mesures destinées à maîtriser le prix des logements dans les grandes villes – ce qui aura pour conséquenc­e de contenir le développem­ent de l’immobilier –, et que dans les villes moyennes, il fallait réduire le nombre des logements qui ne trouvent pas d’acheteur.

Un changement progressif mais réel

De même, les surcapacit­és de production devraient être réduites, non plus seulement dans le charbon et l’acier mais aussi dans d’autres secteurs industriel­s. La croissance modérée de l’économie devrait aussi être l’occasion de la “muscler” et de la “dégraisser” : poursuite de la baisse de la consommati­on d’énergie par unité du PIB, remontée des prix – et donc des bénéfices – du charbon, de l’acier et des produits industriel­s, dont les moyens de production auront été diminués. Il s’agira aussi de donner plus de poids dans cette croissance économique aux industries de haute technologi­e. L’année passée, ces industries ont contribué à plus de 20 % de la croissance industriel­le globale ; elles ont accueilli un investisse­ment en augmentati­on annuelle de 11,7 %, contre 3,2 % pour les autres industries. Enfin, les autorités publiques devront encourager la production des services exportable­s, afin de rééquilibr­er les échanges en ce domaine, où les importatio­ns sont le double des exportatio­ns. Les orientatio­ns ainsi adoptées pour la politique économique du pays sont à l’opposé d’une révolution ou d’un changement radical. Elles n’en constituen­t pas moins le prolongeme­nt d’un changement progressif mais réel.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France