Le Nouvel Économiste

Le CDG Express accélère

Après publicatio­n de la loi au Journal Officiel, ainsi qu’une première base de financemen­t, l’urgence est maintenant à la réalisatio­n

- PAR LUCAS HOFFET

Le CDG Express fait partie de ces grands projets d’infrastruc­ture autour desquels les débats se révèlent houleux. À l’image du chantier EuropaCity, les camps du ‘pour’ et du ‘contre’ continuent de s’affronter sur la pertinence de ce dossier, et le consensus semble impossible à atteindre. Le CDG Express n’est pas un projet destiné aux Francilien­s – pas directemen­t en tout cas – et encore moins aux population­s du territoire qu’il traverse, à savoir la Seine-Saint-Denis. C’est pourquoi s’opposent ainsi intérêt des riverains et accueil des touristes, attractivi­té du territoire et infrastruc­tures vieillissa­ntes. Dans ce contexte, le CDG Express vient pourtant d’accélérer sérieuseme­nt après que la loi relative à la liaison entre l’aéroport RoissyChar­les-de- Gaulle et la gare de l’Est a été publiée au Journal Officiel le 29 décembre dernier. Les 32 kilomètres de cette liaison rapide et directe, parcourus en 20 minutes, avec des départs tous les quarts d’heure, devraient se monnayer à un tarif unique de 24 euros. Le CDG Express empruntera les voies déjà existantes sur 24 km ( principale­ment utilisées par le Transilien K, le TER ParisLaon et le RER B). Huit kilomètres de voies nouvelles entre MitryMory ( Seine- et- Marne) et l’aéroport ainsi qu’un ouvrage à Paris sont nécessaire­s. Le tout pour un montant de 1,4 milliard d’euros, auquel s’ajoutent 300 millions d’euros pour le matériel roulant. Après de nombreux atermoieme­nts et remises en cause de son bien-fondé, il semble que cette fois-ci soit de la bonne.

L’urgence 2024

La réalisatio­n de cette liaison ferrée est indubitabl­ement liée à la candidatur­e de Paris pour l’accueil des Jeux olympiques de 2024. Pour Alain Vidalies, ministre des Transports, l’échéance d’une mise en service à la fin de l’année 2023

relève même “d’un impératif inhérent au projet lui-même”. Pièce indispensa­ble au succès de la candidatur­e parisienne, le CDG Express aura besoin de l’afflux de voyageurs aériens supplément­aires pour réussir son pari et prouver sa viabilité financière aujourd’hui mise en question. L’État restant inflexible sur sa décision de ne pas injecter un euro d’argent public, la création d’une société d’études commune entre l’État, SNCF Réseau et Groupe ADP, chargée de préparer la réalisatio­n de la liaison sans mise en concurrenc­e, a été privilégié­e. Grâce à la loi Macron, une ordonnance est signée en Conseil des ministres en février 2016 pour confier à la CDG Express Études la réalisatio­n de l’infrastruc­ture, et elle est donc désormais ratifiée par la publicatio­n de la loi au Journal Officiel. La billetteri­e sera le principal levier de financemen­t pour rembourser les emprunts contractés, aidée d’une taxe sur les billets d’avion des touristes transitant par Roissy, dont la mise en place a été repoussée en 2024. La Caisse des dépôts devrait quant à elle prendre part au montage financier en soutenant ADP et SNCF Réseau pour réunir 400 millions d’euros de fonds propres. Enfin, ADP apportera la somme de 100 millions d’euros sous forme d’avance remboursab­le. Si du côté du gouverneme­nt, l’annonce de ce bouclage est considérée comme une victoire, l’Arafer, l’Autorité de régulation des activités ferroviair­es et routières, se montre inquiète d’un nouvel endettemen­t de SCNF Réseau dont la mauvaise santé est connue. Ce crochet fait à la “règle d’or” qui prévoit que SNCF Réseau ne peut s’endetter au- delà de 18 fois sa marge opérationn­elle, est dénoncé par le gendarme du rail.

L’enjeu de l’exploitati­on

Suite du dossier : la rédaction d’un cahier des charges en vue d’un appel à manifestat­ion d’intérêt pour désigner l’exploitant du CDG Express. Le journal ‘ Les Échos’ croit savoir que la SNCF et la RATP, deux entreprise­s publiques, partiraien­t avec un désavantag­e. Le CDG Express se présentant comme une solution au manque de fiabilité du réseau existant, notamment du fait des grèves régulières sur le RER B, le choix d’un autre opérateur, peut-être bien étranger, pourrait être envisagé. Cependant, comme le rappellent ‘ Les Échos’, SNCF et RAPT “pourraient toutefois contourner l’obstacle en se présentant à l’appel d’offres par le biais de leur filiale Keolis ou RATP Dev”.

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