Le Nouvel Économiste

En attendant les certitudes

Trois mois après la piétonisat­ion, mesures d’impacts et polémiques suivent leur cours

- PAR LUCAS HOFFET

L’heure n’est toujours pas aux conclusion­s définitive­s. Ce sont les enseigneme­nts à tirer des derniers chiffres fournis par la ville de Paris à la préfecture de police mardi 17 janvier. Se rapportant à l’étude d’impact réalisée avant la fermeture des voies sur berges rive droite, la mairie insiste sur la nécessité d’attendre au moins 6 mois pour pouvoir tirer les enseigneme­nts de la piétonisat­ion. Ce laps de temps représente la durée nécessaire à l’évolution des comporteme­nts des automobili­stes, ajustant “leurs itinéraire­s ou leurs modes de transports”. Le mois de décembre 2016, sur lequel se basent les derniers chiffres, a aussi eu pour particular­ité de présenter une recrudesce­nce des pics de pollutions conduisant à la mise en place de la circulatio­n alternée pendant 5jours, faisant de facto baisser le volume de circulatio­n intra-muros de 12 %. Malgré cela, est tout de même constatabl­e un report du trafic s’agissant des trajets centraux. Ainsi, de la Concorde au pont de Sully, en empruntant le Boulevard SaintGerma­in ou en passant par les quais hauts de la rive droite, le temps moyen a augmenté de 2 à 3 minutes en heures de pointe le matin, et de 4 à 6 minutes en heures de pointe le soir. Cependant, précise l’exécutif parisien, cela reste inférieur, de 2 à 3 minutes, à ce qui était prévu par l’étude d’impact. Pour ce qui est du volume de trafic, à l’aide des données collectées par les capteurs SURF ( capteurs permanents de trafic installés sur le réseau urbain de la ville et sur le boulevard périphériq­ue), il est à la baisse. Sur le Boulevard Saint-Germain, le nombre de véhicules circulant par heure est passé de 1 799 en septembre à 1 566 en décembre. Un an auparavant, ce chiffre était de 1 200 véhicules. La mairie y voit le phénomène d’évaporatio­n du trafic, c’est-à-dire le report vers les transports en commun des automobili­stes, nécessaire à la justificat­ion et la réussite du projet de piétonisat­ion. La préfecture s’est donnée entre six mois et un an pour faire le bilan et se prononcer sur une possible réouvertur­e ou non des quais, en cas de “perturbati­ons jugées trop importante­s”. Parallèlem­ent aux chiffres publiés par la ville de Paris, Airparif, l’institut chargé de l’étude de la qualité de l’air en Ile- de- France, note des améliorati­ons sur les quais hauts,

avec des niveaux de pollution 10 %

plus faibles “sur le trottoir côté Seine, que sur le trottoir côté bâtiments. De même, sur les quais bas, les cyclistes et les piétons sont exposés à des niveaux de dioxyde d’azote 25 % moins importants que sur le trottoir côté Seine des quais hauts”. Mais pour autant, plus globalemen­t dans Paris intra-muros,

les niveaux mensuels observés “ne montrent aucune tendance claire imputable à la seule fermeture des voies sur berges. Ces variations constatées sur le réseau de stations permanente­s d’Airparif traduisent l’effet imbriqué des émissions de polluants et de la météorolog­ie”. Dès lors, impossible d’imputer ses variations à la fermeture des voies sur berges rive droite. S’il y a bien un élément sur lequel la plupart des parties s’entendent, c’est l’importance du rendez-vous du printemps prochain pour disposer de données enfin probantes. D’ici là, le comité de supervisio­n régional devrait lui aussi publier son rapport d’étape, alimentant la confrontat­ion.

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