Les “Mauvaises langues” 2016 Et les lauréats de l’année sont…
Et les lauréats de l’année sont…
Avril 2016. Les premiers manifestants de Nuit debout s’installent pplace de la République.p q Épiphénomène ou amorce d’un mouvement d’ampleur ? Tout le monde s’interroge. Alain Finkielkraut tranche lui sans hésiter la question “Nuit debout ? Un lancement digne de Stars Wars alors qu’il ne s’agit que d’une petite kermesse sous cloche”. La suite des évènements lui donnera raison. En lançant ce propos cinglant le célèbre philosophe de “l’identité malheureuse” ne sait pas qu’il inaugure la nouvelle rubriqueq qquotidienne du nouvel Économiste installée sur son site. Depuis lors en effet, la rédaction met en avant pour la plus grande réjouissance, espère-t-elle de ses internautes “la mauvaise langue du jour”. L’objectif n’est certes pas d’encourager ce mauvais penchant, hélas trop souvent présent dans la nature humaine consistant à dégoiser méchamment sur son voisin mais bien au contraire d’aider à élever la pique publique au niveau du grand art. Un art bien dans la tradition française depuis La Rochefoucauld. Et dans lequel nos anciens de la IIIème République excellaient. Le Petit dictionnaire des injures publiquesq sous la direction de Bruno Fuligni publié chezl’Édip teur en dresse un inventaire délectant “En entrant dans le néant, il a du se sentir chez lui”, déclare ainsi Clemenceau après la mort du Président Félix Faure. Sommet de perfidie à battre... Perfidie, injure, piques, coup de pattes etc... : dans le nuancier des phrases assassines, la “mauvaise langue” apporte sa touche facétieuse spécifique. Et c’est pour son sourire toujours en coin qu’on l’aime au nouvel Economiste particulièrement et que l’on a décidé d’honorer leurs auteurs et aussi susciter par une saine émulation des vocations. Car entre la langue formatée et policée des communicants et la logorrhée totalement désinhibée des réseaux sociaux, la mauvaise langue, exercice spontané mais toujours maitrisé et soupesé apparaît être un des derniers bastions du “parler vrai” capable de faire passer un message au plus grand nombre sans décodeur comme la dénonciation d’une posture chez un politique, le ridicule de nos moeurs contemporaines ou, plus gravement, le tragique d’une situation ou évolution. Voici pourquoi fort de son stock de 80 mauvaises langues recueillies au fil des jours saisies à la volée à la radio, “stabilotées” au cours de la lecture d’un article, ou bien “relikée” à l’occasion d’un tweet, le nouvel Economiste a décidé de mettre au vote ses saillies pour en dégager les trois meilleures. Les critères ? Le style et la finesse d’expression bien sûr au premier chef - sans lesquels le jeu ne vaudrait pas la chandelle - mais aussi la justesse du propos, la mauvaise foi aidant parfois. Sur les 80 mauvaises langues proposées à l’appréciation du jury près de 60 ont répondu à ces critères, une proportion qui témoigne du bon niveau d’ensemble de la polémique dans notre pays. “En politique, les mots sont des armes”, souligne justement Bruno Fuligni. Il n’est donc pas étonnant que la révélation politique de l’année Emmanuel Macron ait été la cible préférée des persifleurs de 2016 avec une dizaine de “petites phrases” peu amènes proférées à son encontre, suivi mais d’assez loin par François Hollande. Une observation : la récurrence des mauvaises langues étant indexée sur la cote d’avenir de leurs victimes, celles concentrées sur François Fillon ont notablement eu tendance à s’élever sur la fin de la période.
“La mauvaise langue apparaît être un des derniers bastions du “parler vrai” capable de faire passer un message sans décodeur comme la dénonciation d’une
posture chez un politique, le ridicule de nos moeurs contemporaines ou, plus gravement, le tragique d’une
situation.”