Le Nouvel Économiste

Un parfum de Silicon Valley

La communauté d’agglomérat­ion se donne les moyens d’attirer les entreprise­s à fort potentiel

- PAR LUCAS HOFFET

La communauté d’agglomérat­ion de Saint-Quentin-en-Yvelines regroupe douze communes, soit le second pôle économique de l’Ouest parisien. Hébergeant de nombreuses plateforme­s d’entreprise­s françaises et internatio­nales, l’agglomérat­ion concentrai­t en 2013 quelque 108 000 emplois, soit 17,4 % du total de l’emploi dans le départemen­t des Yvelines. Parmi ce tout, 19 % de cadres. Dans cet environnem­ent où le secteur industriel joue déjà un rôle clé, l’équipe dirigeante de Saint-Quentinen-Yvelines a décidé de soigner désormais ses petites et moyennes entreprise­s, en leur offrant “les meilleures conditions de développem­ent disponible­s”. Par le biais d’un marketing territoria­l bien rodé et forte de la présence de Paris-Saclay à ses côtés, Saint- Quentin- en- Yvelines ambitionne maintenant de créer sur son territoire un réseau de petites entreprise­s à fort potentiel. Le mois de décembre 2016 a donc vu le lancement de deux opérations rentrant directemen­t dans une logique de marketing territoria­l, visant à présenter Saint-Quentin-enYvelines comme un pôle d’innovation. Dans les anciens locaux de Natixis est ainsi né SQY Club, un incubateur pouvant héberger 20 start-up. La Maison de l’entreprise y a également pris place, pour favoriser les échanges entre les grands groupes présents à Saint-Quentin-en-Yvelines – Airbus, Decaux, Atos ou Sodexo – et les entreprise­s incubées. Quelques jours plus tard, l’annonce du lancement du dispositif SQY’Invest était faite. Cette plateforme de financemen­t participat­if permettra de soutenir des projets allant jusqu’à un million d’euros. Ce nouvel outil, déployé dans les 12 communes de l’agglomérat­ion, vient compléter les prêts d’honneur personnels déjà accordés par Initiative SQY (de 5 000 à 75 000 euros). Ces deux dispositif­s s’ancrent dans une volonté affichée par la communauté d’agglomérat­ion de favoriser la croissance des PME sur son territoire.

Business-to-territory (BtoT)

Pour Jean-Michel Fourgus, maire d’Élancourt et vice- président de Saint-Quentin en charge du développem­ent économique, la priorité se situe aujourd’hui dans le “BtoT”, pour

business-to-territory. “Avant de s’installer dans une agglomérat­ion, les entreprise­s soupèsent les avantages offerts par la localisati­on. Les collectivi­tés qui sont bien dotées en équipement­s, en infrastruc­tures, en réseaux de transport ou encore à proximité d’un aéroport ont d’autant plus de chance de se rendre attractive­s. C’est notre conception de l’agglomérat­ion, être compétitif vis-à-vis de l’entreprise. Ainsi émerge une nouvelle logique de qualité de service, de proximité culturelle, loin du regard un peu méprisant parfois de l’État.” Saint- Quentin- en- Yvelines se présente alors en partenaire de l’entreprise. L’incubateur SQY Club est la première étape d’un processus divisé en trois parties, où les jeunes entreprene­urs se retrouvent accompagné­s du début à la fin. Après deux ans, ils rejoignent ensuite la pépinière Promopole, pour les immerger dans

le bain du réel.Vient enfin la dernière étape où les entreprene­urs peuvent bénéficier de prêts à 0 % et de l’expertise de l’agglomérat­ion pour les aider à s’installer dans le million et plus de mètres carrés de bureaux que compte Saint-Quentin. L’idée derrière cet investisse­ment matériel et financier est bien sûr de convaincre la jeune entreprise de privilégie­r la communauté d’agglomérat­ion à Paris ou

autre. “Tout ce processus, cette politique pro- entreprise dans laquelle nous croyons, représente un coût, près de 3 millions d’euros, dont 500 000 euros de fonctionne­ment, bien que nous soyons aidés par la région et le départemen­t,

poursuit Jean-Michel Fourgus. L’enjeu est donc de fidéliser les entreprise­s, les inciter à s’établir sur le territoire. On cherche à mieux les connaître pour identifier au mieux leurs besoins, augmentant ainsi notre compétitiv­ité.”

L’atout Paris-Saclay

Cette attractivi­té devrait être décuplée par l’arrivée prochaine de la ligne 18 du Grand Paris Express. Parcourant 35 kilomètres entre Versailles et l’aéroport Paris-Orly, cette nouvelle ligne permettra dans un premier temps – en 2024 – de relier le plateau de Saclay à l’aéroport d’Orly, augmentant ainsi le rayonnemen­t à l’internatio­nal. En 2030, le prolongeme­nt devrait se faire jusqu’à Versailles, traversant ainsi SaintQuent­in-en- Yvelines. Un atout supplément­aire, même si l’absence d’aviation d’affaires à Orly où à Toussus-le- Noble contrarie JeanMichel Fourgus. La présence du pôle d’excellence de Paris-Saclay à proximité de la communauté

d’agglomérat­ion se révèle être un avantage indéniable pour améliorer l’image de Saint-Quentin- enYvelines et accélérer les échanges entre le monde de la recherche et

celui de l’entreprise. “C’est une vraie valeur ajoutée pour nous, même si nous n’avons pas attendu Saclay pour lancer nos projets. Mais ce qu’il est intéressan­t de voir, c’est la complément­arité offerte par les deux entités, Paris-Saclay et Saint- Quentin- en- Yvelines. Saclay apporte une excellence dans le domaine de l’enseigneme­nt supérieur et de la recherche, et avec ça de nombreux laboratoir­es. De notre côté, nous possédons une expertise entreprene­uriale reconnue et un pôle économique bien structuré. C’est très complément­aire, le mariage est assez spontané.” Le maire d’Élancourt

poursuit, “j’observe que parmi les modèles dont nous nous inspirons, la SiliconVal­ley notamment, c’est ce cas de figure-là, ce mélange entre le monde de la recherche et celui de l’entreprise qui permet la réussite du projet.” Parallèlem­ent au développem­ent de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui par ailleurs a été classé parmi “les huit zones les plus innovantes du monde par le MIT”, la Métropole du Grand Paris – dont SQY ne fait pas partie – fête sa première année d’existence, entourée d’un flou concernant son avenir. SQY a choisi d’observer cette nouvelle structure se mettre en place sans s’y impliquer. La communauté d’agglomérat­ion préfère se fier à la région et sa nouvelle présidente, Valérie Pécresse, “chez qui on retrouve quelqu’un de très profession­nel”, qui “insuffle déjà une nouvelle dynamique” dont l’Ile-de-France, et donc SaintQuent­in-en-Yvelines, sauront profiter.

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