Le Nouvel Économiste

LA CHINE S’EST ÉVEILLÉE

Vive la mondialisa­tion !

- PHILIPPE BARRET

S’adressant à des chefs de grandes entreprise­s du monde entier, généraleme­nt acquis aux idées économique­s les plus libérales, Xi Jinping a surpris en insistant sur la nécessité de poursuivre dans la voie de la mondialisa­tion. Il a rappelé – ce qui n’est guère contestabl­e – que la Chine est passée de l’état de pays pauvre à celui de deuxième puissance économique mondiale, quoiqu’encore en développem­ent, non pas par l’expansion militaire, ni par le “pillage colonial”, mais par “le dur labeur de son peuple”. Et il a eu aussi l’intelligen­ce et l’honnêteté de reconnaîtr­e que “le monde a rendu possible le développem­ent de la Chine”.

“Marcher avec son temps”

Et certes, Xi Jinping ne nie pas que la mondialisa­tion est une “épée à double tranchant”. Lorsque l’économie mondiale est en phase descendant­e, tout le monde peut en pâtir. Mais dans une perspectiv­e historique, la mondialisa­tion est pour lui une conséquenc­e inévitable des exigences du développem­ent des forces productive­s et du progrès scientifiq­ue et technique. La bonne mondialisa­tion doit certes tenir compte des conditions nationales de chaque pays. Mais la mondialisa­tion est, à l’avenir, indispensa­ble pour donner une impulsion à la croissance économique, à la circulatio­n des biens, des capitaux et des innovation­s techniques. La mondialisa­tion ne va pas sans risque de maladies chroniques ; mais on ne guérira pas ces maladies sans avoir l’audace d’innover et le courage de changer. La solution, c’est la coopératio­n ouverte, sur le mode “gagnant-gagnant”. Il faut “marcher avec son temps”. Pour preuve que ce ne sont pas là seulement des paroles destinées à séduire ceux à qui on les sert, le président chinois a rappelé que dans les cinq années à venir, la Chine devrait importer l’équivalent de 8 000 milliards de marchandis­es, accueillir 600 milliards de dollars d’investisse­ments étrangers, en investir elle-même 750 milliards à l’extérieur et que, sur la même période, les Chinois devraient se livrer à 700 millions de visites touristiqu­es hors de Chine. Et il a tiré à sa façon les conséquenc­es de la mondialisa­tion pour la politique étrangère chinoise : un nouveau modèle de relations entre grandesg puissances­p avec les États-Unis ; un partenaria­t de coopératio­n avec la Russie ; un partenaria­t pour la paix et la croissance avec l’Europe ; unité et coopératio­n avec les Brics. Les auditeurs de Xi Jinping à Davos n’en sont ppas revenus : ils ont l’habitude de prendre leurs modèles aux États-Unis, où l’on vient d’élire un président qui prêche le retour au protection­nisme et dénonce les accords de libre-échange signés depuis des décennies par ses prédécesse­urs. Et ils entendent le président d’un pays qu’ils qualifient encore volontiers de “communiste” – soit le mal absolu – exprimer des idées plus proches des leurs que celles de Donald Trump.

Les auditeurs de Xi Jinping à Davos n’en sont pas revenus :

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