Le Nouvel Économiste

ÉPHÉMÉRIDE

21 janvier 1793, décapitati­on de Louis XVI

- PAR JEAN-MARC DANIEL *

21 janvier 1793 : Louis XVI est guillotiné sur l’actuelle place de la Concorde. 1793 ! Année terrible s’il en fut ! La France est en République depuis septembre 1792. Elle est en guerre avec l’Europe continenta­le. L’exécution de Louis XVI conduit l’Angleterre à rejoindre la mêlée et à engager avec elle un bras de fer qui ne se terminera qu’en 1815. L’exécution du roi signe le début d’un massacre généralisé de l’élite qui emportera, après les royalistes, les républicai­ns modérés – les Girondins –, les républicai­ns extrémiste­s – les Hébertiste­s – , les républicai­ns honteux et effarés de l’évolution des événements – les Dantoniste­s. Massacre qui cesse enfin en juillet 1794, quand Robespierr­e, symbole de la Révolution et de ses dérives, lui qui en 1789 demandait l’abolition de la peine de mort et dont le nom est associé aux pires atrocités de la Terreur, est à son tour guillotiné. Sur le parcours qui le mène à l’échafaud, la vindicte qui se manifeste lui reproche moins ces assassinat­s à répétition que le “maximum”. La loi du “maximum” a bloqué les prix et les salaires dans le vain but de contenir une inflation délirante entretenue par un usage psychotiqu­e de la planche à billets. Elle a achevé de désorganis­er l’économie du pays, le plongeant dans la misère, la pénurie et le marché noir.

La république gouverne mal

Désormais, chaque 21 janvier, les royalistes se réunissent pour prier pour le “roi martyr”. Leur combat paraît anecdotiqu­e, même si la fréquentat­ion des messes pour Louis XVI est de plus en plus soutenue. Il faut dire que depuis le 4 septembre 1870, la République s’est installée en France pour une troisième fois, qui fut la bonne. 1814 avait certes vu le retour sur le trône de Louis XVIII, le frère de Louis XVI. À cette occasion il écrivait “Nous avons dû, à l’exemple des rois nos prédécesse­urs, apprécier les effets des progrès toujours croissants des lumières, les rapports nouveaux que ces progrès ont introduits dans la société, la direction imprimée aux esprits depuis un demi-siècle, et les graves altération­s qui en sont résultées”. Mais cette “appréciati­on” s’est révélée approximat­ive et la monarchie a fini ppar être emportée.p À propos de cette monarchie dont le dernier représenta­nt dans sa forme la plus accomplie fut Charles X, Louis XVIII avait précisé que “notre premier devoir envers nos peuples est de conserver pour leur propre intérêt les droits et les prérogativ­es de notre couronne”. Or, du départ de Charles X à la banalisati­on des monarques scandinave­s en passant par la transforma­tion de la famille royale anglaise en vedette de la presse à scandale, les droits et prérogativ­es des couronnes n’ont cessé d’être grignotés. Il ne leur reste que le devoir de nous donner un spectacle désuet qui se veut digne, quand la République dans sa version américaine se permet avec Donald Trump d’accaparer jusques aux frasques des rois d’Ancien régime. La République­pq triomphe.p Elle doit pourtant se méfier. À la fin du XIXXe siècle, analysant son succès, Anatole France écrivait “Elle gouverne peu. Je serais tenté de l’en louer plus que de tout le reste. Et, puisqu’elle gouverne peu, je lui pardonne de gouverner mal. Je soupçonne les hommes d’avoir, de tout temps, beaucoup exagéré les nécessités du gouverneme­nt et les bienfaits d’un pouvoir fort”. Or aujourd’hui, si la République continue à gouverner mal, en dépensant 55 % de ce que le pays produit, elle a tendance à gouverner beaucoup et même trop. Avant que cela ne dégénère, elle aurait intérêt à retrouver le sens de la modestie dont Anatole France se félicitait. Car sinon, nous ne pourrions ignorer ce constat que sous Charles X, Villèle, le ministre des Finances, avait indiqué à la Chambre que le Roi ne voulait pas d’un budget qui dépasse le milliard de francs, c’est-à-dire qu’il entendait limiter la dépense publique à 15 % du PIB! * Chaque semaine, l’économiste Jean-Marc Daniel analysera pour le nouvel Economiste une date du passé de la petite et la grande histoire des faits politiques, économique­s et sociaux, puisée dans son éphéméride personnel, pour en tirer une leçon pour aujourd’hui.

Les droits et prérogativ­es des couronnes n’ont cessé d’être grignotés. Il ne leur reste que le devoir de nous donner un spectacle désuet qui se veut digne, quand la République dans sa version américaine se permet avec Donald Trump d’accaparer jusques aux frasques des

rois d’Ancien régime

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