Immobilier de prestige
Bilan 2016, tendance 2017, l’embellie p. 20
Amorcée dès le début 2015 sur Paris, puis au second semestre de cette même année en province, la reprise s’est confirmée
en 2016
Après les années noires que furent 2012-2014, l’immobilier de prestige en France est de nouveau en grande forme grâce à une conjoncture redevenue favorable. Taux d’intérêt à leur plus bas niveau historique, parité euro/dollar optimale pour les acheteurs étrangers, prix revenus à des niveaux plus raisonnables et coup d’arrêt des réformes fiscales pour les Français : le temps est au beau fixe sur ce segment de l’immobilier qui attire les convoitises de nouveaux acteurs, essentiellement étrangers, et voit les Français revenir en force. Cette reprise devrait perdurer en 2017.
La reprise est là et bien là. Après trois années noires de 2012 à 2014, “les pires que l’on ait connues depuis
30 ans”, selon Alexander Kraft, pdg de Sotheby’s International Realty France & Monaco, l’immobilier de prestige voit de nouveau la vie en rose. Amorcée dès le début 2015 sur Paris, puis au second semestre de cette même année en province, la reprise s’est confirmée en 2016. Selon l’étude Xerfi dévoilée en juin dernier, elle devrait se poursuivre avec une hausse du marché de 10 % prévu pour 2016, et de 5 % en 2017. Cette embellie s’explique par le fait qu’actuellement, tous les indicateurs sont au vert. Taux d’intérêt à leur niveau le plus bas depuis 100 ans (à moins de 2 %), parité euro/dollar favorable aux acheteurs étrangers, coup d’arrêt donné aux réformes fiscales ainsi que des prix plus raisonnables, ont permis le retour des acheteurs, notamment les Français. “Tous ces facteurs ont permis d’ouvrir une fenêtre opportunité pour les acheteurs”, indique Laurent Demeure, pdg de Coldwell Banker France et Monaco, pour qui l’immobilier de prestige en France est un “immobilier refuge”. Sotheby’s International Realty a réalisé 200 millions de volume de ventes au 3e trimestre 2016, et près de 250 millions au 4e trimestre, avec un prix de vente moyen établi à 1,3 million d’euros. Situation similaire chez Coldwell Banker, qui prévoyait pour fin 2016 une progression du volume des ventes de 35 % pour un total de 500 millions d’euros de transactions sur l’année.
La province en pleine forme
À une nuance près. “La progression est surtout importante en province, elle l’est dans une moindre mesure sur
Paris”, précise Laurent Demeure. Le groupe Mercure, spécialisé dans les châteaux et biens ruraux, a quant à lui enregistré un record de ventes au deuxième trimestre 2016, en augmentation de 57,6 % par rapport au premier trimestre 2016. La vente des châteaux et manoirs a été multipliée par trois en un an. “Le marché des châteaux et des biens ruraux se porte bien”, indique Olivier de Chabot, son directeur général. L’immobilier de prestige de tourisme est ainsi le seul segment à ne pas avoir connu la crise. “Nous n’avons pas connu de trou d’air entre 2012 et 2015. Il y a toujours eu un intérêt pour nos produits car ils sont très ciblés”, indique Dominique Ménigault, directeur général du groupe Pierre & Vacances-Center Parcs, désormais présent dans l’immobilier de prestige avec le
lancement de sa marque premium, née du rachat des résidences haut de gamme MGM. “Les premiers biens à être vendus dans un nouveau programme sont les plus chers. Le budget vacances n’est pas altéré pour nos clients premium”, ajoute-t-il. Autre signe que le marché de l’immobilier de prestige se porte mieux, les biens partent plus vite. “La demande en matière d’appartements familiaux haussmanniens de 100-150 m2, situés à des étages élevés explose. Ce type de bien peut se vendre en 24 heures”, déclare Jérôme Quentel, directeur général d’Engel & Völkers France. Ce que confirme Thibault Chanel, pdg de l’agence éponyme, dont deux biens d’un montant supérieur à un million d’euros se sont vendus dans la journée. “À condition que ce soit
des biens de qualité”, modère-t-il. Car, à l’instar de la clientèle étrangère qui souhaite poser ses valises dans des appartements sans défauts, les acheteurs français sont de moins en moins enclins à se lancer dans d’importants travaux de rénovation.
Un marché porté par les Français Absents du marché de l’immobilier de prestige depuis 2012, les Français l’animent depuis début 2016. “Nombre de Français ont différé leur projet d’achat en raison d’un manque de confiance, d’une fiscalité pénalisante et de la peur de la fameuse taxe À l’instar de la clientèle étrangère qui souhaite poser ses valises dans des appartements sans défauts, les acheteurs français sont de moins en moins enclins à se lancer dans d’importants
travaux de rénovation.