Le Nouvel Économiste

Le modèle des relations sino-russes

En matière de relations avec la Russie, l’Europe réagit selon ses conviction­s idéologiqu­es, la Chine pense à son avenir

- PHILIPPE BARRET

En France et plus largement en Europe, la Russie est le plus souvent considérée comme un ennemi ou, pourp le moins, comme un État nationalis­te et autoritair­e. Et son dirigeant, Vladimir Poutine, comme un dictateur communiste. Dans des pays où l’opinion majoritair­e est sous influence chrétienne-démocrate ou socialiste, l’anticommun­isme demeure une constante ; c’est un réflexe, quand bien même le communisme aurait disparu. Il en serait de même aux États-Unis, si ce n’étaitl’élecp tion de Donald Trump. Il est d’ailleurs remarquabl­e qu’un des reproches que les Européens lui font, c’est de vouloir entretenir de bons rapports avec la Russie. Il en va tout autrement de la Chine. Et pourtant, les relations entre la Chine et la Russie n’ont pas toujours été bonnes. Non seulement dans les années 1960 et 1970, ces relations ont été détestable­s, allant jusqu’à des incidents militaires, mais bien avant, en Mandchouri­e, la Russie s’est comportée assez semblablem­ent aux puissances occidental­es détentrice­s de concession­s.

Les meilleures intentions du monde

Aujourd’hui, la proximité géographiq­ue de la Russie incline la Chine à des relations amicales. Les intérêts économique­s et commerciau­x réciproque­s, touchant notamment à l’énergie, sont une incitation supplément­aire à des liens de plus en plus étroits. Et surtout, la Chine souhaite un monde multipolai­re, qui ne soit pas entièremen­t dominé par la seule puissance américaine. Elle sait et elle admet que dans ce monde multipolai­re, la Russie aura sa place, la place d’une grande puissance. En ce début d’année, on affiche de part et d’autre les meilleures intentions. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, déclare : “Les relations russo-chinoises sont un modèle à suivre pour les grands pays… Notre relation avec la Chine connaît en effet une hausse particuliè­rement intense, confiante, amicale et effifcace”. Il ajoute que cette amitié “n’est dirigée contre aucun autre État” . Et Poutine ajoute qu’avec la Chine, premier partenaire commercial de la Russie, il y a plus qu’un simple partenaria­t stratégiqu­e. Il félicite la Chine pour l’entrée du yuan dans le panier de monnaies de réserve du FMI. La Chine n’est pas en reste. Par le biais de la porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, elle se félicite des propos de Poutine et souligne que les relations sino-russes contribuen­t à la stabilité et à la prospérité mondiales. Le Premier ministre Li Keqiang a échangé avec son homologue Dimitri Medvedev des voeux particuliè­rement chaleureux. Et la Chine se garde bien d’intervenir dans les affaires de l’Ukraine ou de la Crimée. Bref, l’Europe réagit selon ses conviction­s idéologiqu­es. La Chine pense à son avenir.

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