Le modèle des relations sino-russes
En matière de relations avec la Russie, l’Europe réagit selon ses convictions idéologiques, la Chine pense à son avenir
En France et plus largement en Europe, la Russie est le plus souvent considérée comme un ennemi ou, pourp le moins, comme un État nationaliste et autoritaire. Et son dirigeant, Vladimir Poutine, comme un dictateur communiste. Dans des pays où l’opinion majoritaire est sous influence chrétienne-démocrate ou socialiste, l’anticommunisme demeure une constante ; c’est un réflexe, quand bien même le communisme aurait disparu. Il en serait de même aux États-Unis, si ce n’étaitl’élecp tion de Donald Trump. Il est d’ailleurs remarquable qu’un des reproches que les Européens lui font, c’est de vouloir entretenir de bons rapports avec la Russie. Il en va tout autrement de la Chine. Et pourtant, les relations entre la Chine et la Russie n’ont pas toujours été bonnes. Non seulement dans les années 1960 et 1970, ces relations ont été détestables, allant jusqu’à des incidents militaires, mais bien avant, en Mandchourie, la Russie s’est comportée assez semblablement aux puissances occidentales détentrices de concessions.
Les meilleures intentions du monde
Aujourd’hui, la proximité géographique de la Russie incline la Chine à des relations amicales. Les intérêts économiques et commerciaux réciproques, touchant notamment à l’énergie, sont une incitation supplémentaire à des liens de plus en plus étroits. Et surtout, la Chine souhaite un monde multipolaire, qui ne soit pas entièrement dominé par la seule puissance américaine. Elle sait et elle admet que dans ce monde multipolaire, la Russie aura sa place, la place d’une grande puissance. En ce début d’année, on affiche de part et d’autre les meilleures intentions. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, déclare : “Les relations russo-chinoises sont un modèle à suivre pour les grands pays… Notre relation avec la Chine connaît en effet une hausse particulièrement intense, confiante, amicale et effifcace”. Il ajoute que cette amitié “n’est dirigée contre aucun autre État” . Et Poutine ajoute qu’avec la Chine, premier partenaire commercial de la Russie, il y a plus qu’un simple partenariat stratégique. Il félicite la Chine pour l’entrée du yuan dans le panier de monnaies de réserve du FMI. La Chine n’est pas en reste. Par le biais de la porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, elle se félicite des propos de Poutine et souligne que les relations sino-russes contribuent à la stabilité et à la prospérité mondiales. Le Premier ministre Li Keqiang a échangé avec son homologue Dimitri Medvedev des voeux particulièrement chaleureux. Et la Chine se garde bien d’intervenir dans les affaires de l’Ukraine ou de la Crimée. Bref, l’Europe réagit selon ses convictions idéologiques. La Chine pense à son avenir.