Le Nouvel Économiste

MÉCOMPTES PUBLICS

Sortir de la zone euro : un mauvais calcul

- FRANÇOIS ECALLE

Certains candidats à l’élection présidenti­elle envisagent de sortir de la zone euro, notamment pour redonner à la France sa “souveraine­té monétaire”. Les défenseurs de cette sortie avancent parfois que la Banque de France pourrait alors prêter indéfinime­nt à taux très faible, voire nul, à l’État, ce qui permettrai­t à celui-ci de s’endetter sans limite et lui éviterait d’avoir à mettre en oeuvre des “politiques d’austérité”. Le financemen­t des États par les banques centrales à de faibles taux d’intérêt était nécessaire après la crise de 2009 pour soutenir ceux qui se sont trouvés dans une situation financière périlleuse, puis pour contribuer à la remontée du taux d’inflation. Ces politiques monétaires non convention­nelles ne sont pas durables. À un horizon plus ou moins lointain,l’inp flation finit toujours par repartir et dépasser l’objectifj de la banqueq centrale. C’est déjà le cas aux États-Unis, et la zone euro en est proche avec une inflation de 1,8 % début 2017. Or l’inflation a des effets négatifs sur le pouvoir d’achat, notamment des plus fragiles, et sur l’activité économique. Elle est très difficile à contrôler et, une fois relancée, peut très vite accélérer dangereuse­ment. En outre, même si l’inflation des prix à la consommati­on reste maîtrisée, la croissance de la masse monétaire peut créer des bulles spéculativ­es sur les prix des actifs (actions…) dont l’éclatement peut causer des dommages considérab­les.

L’aiguillon de la concurrenc­e fera toujours défaut aux administra­tions

C’est pourquoi toutes les banques centrales du monde se donnent des objectifs de croissance de leurs crédits à l’économie compatible­s avec une inflation modérée, objectifs qu’elles essayent d’atteindre généraleme­nt par le taux d’intérêt auquel elles accordent ces crédits. Si elles prêtent plus à l’État, elles doivent prêter moins au secteur privé, à travers notamment les établissem­ents financiers, ce qui pénalise les investisse­ments des entreprise­s.p Or, aprèsp avoir conseillé et contrôlé l’État pendant plus de 30 ans, je suis convaincu que des entreprise­s privées en concurrenc­e feront toujours globalemen­t de meilleurs investisse­ments. Ce n’est pas une question de gouverneme­nt. L’aiguillon de la concurrenc­e fera toujours défaut aux administra­tions et elles n’auront jamais les informatio­ns suffisante­s pour faire des choix pertinents. Pour que l’interventi­on publique soit justifiée, il faut être sûr que le marché est particuliè­rement défaillant. En outre, les bénéfices d’une banqueq centrale sont reversés à l’État, sous forme d’impôt sur les sociétés et de dividendes. Si son résultat diminue pparce qqu’elle pprête à l’État à un taux privilégié, l’impôt sur les sociétés et les dividendes qu’elle lui verse sont réduits d’autant et l’effet sur le déficit public est nul. L’État ne gagne rien à se faire financer par la banque centrale nationale à un taux inférieur à celui auquel elle prête aux établissem­ents financiers.

Les bénéfices d’une banqueq centrale sont reversés à l’État, sous forme d’impôt sur les sociétés et de dividendes. Si son résultat diminue pparce qu’elle prête à l’État à un taux privilégié, l’impôt sur les sociétés et les dividendes qu’elle lui verse sont réduits d’autant, et l’effet sur le déficit

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