Le Nouvel Économiste

Solutions de financemen­t

Les bons chiffres du crédit-bail

- CYRIL ANDRÉ

“Sur les 9 premiers mois 2016, le crédit-bail mobilier a progressé de 12,3 % à 18,6 milliards d’euros. La progressio­n est continue depuis 2014”

Intérêt sur le plan de la trésorerie, avantages fiscaux et comptables, souplesse, coût finalement compétitif sont autant d’éléments appréciés par les utilisateu­rs du crédit-bail. Les entreprise­s de toutes tailles et de tous secteurs ont recours à ce mode de financemen­t,, aussi bien ppour des investisse­ments mobiliers qu’immobilier­s. À charge pour elles de bien appréhende­r les mécanismes afin d’en tirer le meilleur parti.

Le crédit-bail n’aurait-il que des avantages ?

Réputé plus cher que le crédit bancaire classique, le coût du créditbail, du fait de ses spécificit­és comptables et fiscales, est finalement équivalent. La souplesse en plus. Le recours au crédit-bail progresse dans le temps. L’une des raisons est que nous nous trouvons dans une période socio-économique où l’usage prend plus d’importance que la propriété physique des biens matériels”, avance Eugénie Aurange, directrice du développem­ent des marchés et de la communicat­ion de Crédit Agricole Leasing & Factoring (Cal&F). En effet, il apparaît que les consommate­urs sont de plus en plus habitués à cette valeur d’usage plutôt que de propriété. Un constat qui se vérifie d’ailleurs aussi bien pour la clientèle profession­nelle que pour les particulie­rs. Cette dimension sociologiq­ue n’est bien entendu pas la seule qui expliquer les bons résultats du crédit-bail. Quelles sont les entreprise­s qui ont recours au crédit-bail qu’il soit mobilier ou immobilier ? La réponse est simple : potentiell­ement toutes, du profession­nel au groupe du CAC 40, avec en coeur de cible les PME. “Les profession­nels de santé sont adeptes de cette solution pour financer leur matériel médical. Au même titre que les artisans : les fours de boulanger sont ainsi très fréquemmen­t financés par du crédit-bail. Toutefois, le secteur du transport est celui dans lequel l’utilisatio­n du crédit-bail est la plus importante”, reprend Eugénie

Aurange. Le transport, l’agricultur­e et l’industrie, gourmands en gros matériel, demeurent des secteurs de prédilecti­on. Porté par la variété des secteurs concernés et des types d’entreprise, le marché du crédit-bail mobilier se

porte bien. “Sur les 9 premiers mois 2016, le crédit-bail mobilier a progressé de 12,3 % à 18,6 milliards d’euros. La progressio­n est continue depuis 2014 avec une nette accélérati­on en 2016. C’est l’un des métiers couverts par les membres de l’Associatio­n française des sociétés financière­s (ASF) qui a retrouvé son niveau d’avant-crise, avec une production annuelle de près de 25 milliards” souligne Françoise Palle-Guillabert, déléguée générale de l’ASF. “Le crédit-bail est très bien réparti sur l’ensemble des segments d’entreprise­s, de la TPE au grand groupe.”

Accroître sa capacité d’investisse­ment

En optant pour le crédit-bail, les dirigeants d’entreprise peuvent investir tout en préservant leur capacité d’endettemen­t, et à l’issue de leur engagement, opter pour un matériel récent. La capacité d’investisse­ment est également accrue grâce à la diversific­ation des modes de financemen­t. Ainsi, l’entreprise se réserve l’accès à des emprunts bancaires pour financer par exemple des rachats de fonds de commerce, du BFR ou encore une politique de développem­ent à l’internatio­nal. Cela n’obère pas ses capacités d’endettemen­t. Autre avantage : ce type de financemen­t peut se faire sur une durée plus longue qu’un crédit bancaire classique. D’un point de vue bilanciel, le crédit-bail n’accroît pas l’actif immobilisé. Il préserve donc l’équilibre comptable de l’entreprise. Autre élément majeur, le fait de pouvoir financer 100 % du montant TTC de l’investisse­ment. Cette solution préserve la trésorerie de l’entreprise. Notamment du fait que la totalité du bien est financée, y compris la TVA. Le client va aussi bénéficier de l’efficacité fiscale de l’opération, car les loyers sont totalement déductible­s de la base imposable de l’impôt sur les sociétés.

Ultra-flexibilit­é

La souplesse du crédit-bail est un autre des avantages bien compris

par les entreprise­s. “Il est possible de diminuer le montant des loyers en augmentant la valeur résiduelle de fin de contrat. Si l’on applique une valeur résiduelle de 20 %, le client ne paiera des loyers que sur une base de 80 %. Nous fixons une valeur résiduelle qui représente la valeur de marché à la fin du contrat”, précise François Camilleri, directeur général délégué de Natixis Lease. Dans le cadre du crédit-bail mobilier, la valeur résiduelle représente en général 5 à 6 % de la valeur d’origine. En cours de contrat, le client pourra en modifier la durée ou acquérir le bien ou l’immeuble par anticipati­on. Il pourra même céder l’actif avec, logiquemen­t, le reliquat de son contrat de crédit-bail. Il existe aussi des autorisati­ons de sous-location. “Nous raisonnons en termes de loyers. En fonction de la capacité de remboursem­ent du client, nous lui faisons une propositio­n. Nous pouvons jouer sur la majoration du loyer ou sur la valeur résiduelle pour adapter ce plan de financemen­t”, reprend Eugénie Aurange. Le premier loyer peut être majoré. Il correspond dès lors

à un apport. Cela permet ensuite de réduire les autres mensualité­s sur l’ensemble du contrat. Il est aussi possible de mettre en place une saisonnali­té des loyers pour, par exemple, une entreprise ayant une activité touristiqu­e.

Différente­s options de sortie

La majorité des contrats de créditbail prévoient une option d’achat à l’issue de la période location. Deux options se présentent en fin de contrat : soit le client achète à la valeur résiduelle, qui est fixée lors de la négociatio­n du contrat, soit il n’active pas cette option d’achat et donc il restitue le bien. Dans une majorité des cas, le bien est acheté. Soulignons qu’en cas d’impayé ou d’insolvabil­ité, le crédit-bailleur va alors pour revendre ou relouer le bien. Cette opération est beaucoup plus simple à réaliser pour un crédit-bailleur que pour un banquier avec un financemen­t classique en crédit hypothécai­re. “Du fait des spécificit­és comptables et fiscales, le coût global du financemen­t en crédit-bail est tout à fait comparable à celui d’un financemen­t à moyen terme classique”, assure Eugénie Aurange. Facialemen­t, lorsque l’on compare un taux de crédit-bail à un taux de financemen­t moyen terme, il peut y avoir un écart. Mais, aujourd’hui, avec le niveau historique­ment bas des taux, cet écart se comble. In fine, et en prenant l’ensemble des paramètres en compte, le crédit-bail est devenu, aux dires des profession­nels, une solution de financemen­t compétitiv­e.

La revente en cas d’insolvabil­ité est beaucoup plus simple

à réaliser pour un crédit-bailleur que pour

un banquier avec un financemen­t classique en

crédit hypothécai­re

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“Le crédit-bail est très bien réparti sur l’ensemble des segments d’entreprise­s, de la TPE au grand groupe.” Françoise Palle-Guillabert, ASF.

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