Le Nouvel Économiste

MÉCOMPTES PUBLICS

L’Hexagone est sur le podium pour le coût de ses politiques publiques

- PAR FRANÇOIS ECALLE

En 2015, les dépenses publiques de la France (57,0 % du PIB) sont supérieure­s de 8,4 points de PIB à la moyenne de la zone euro (48,6 %). Eurostat vient de publier leur ventilatio­n par fonctions, ce qui permet de mesurer le coût des politiques publiques, pour l’ensemble des pays européens. Il en ressort que le coût des politiques publiques est presque toujours plus élevé en France, la seule exception étant la fonction “ordre et sécurité publics” (police, gendarmeri­e, justice et services pénitentia­ires), qui coûte 1,6 point de PIB en France contre 1,7 point dans la zone euro. La fonction “services généraux” (diplomatie, services financiers…), qui peut être assimilée aux frais généraux des administra­tions, a le même coût en France et dans la zone euro (4,1 points de PIB) si la charge d’intérêt de la dette (plus faible en France grâce à des taux plus favorables) en est déduite. Le coût de la protection sociale contribue à l’écart total de 8,4 points de PIB à hauteur de 5,0 points, dont 2,8 pour les retraites et 1,0 pour la santé. Cela résulte pour partie du choix de régimes sociaux obligatoir­es et en situation de monopole en France, alors que les assurances sociales sont plus souvent facultativ­es et en situation de concurrenc­e dans les autres pays. Cela tient également à une plus grande générosité des prestation­s sociales en France, ce qui explique aussi pour partie les écarts constatés pour ce qui concerne la politique familiale (0,8 point), l’indemnisat­ion du chômage (0,3 point) ou la lutte contre l’exclusion (0,4 point).

Moins de dépenses, mêmes résultats

La politique du logement mérite une attention particuliè­re car elle coûte deux fois plus cher en France (2,0 % du PIB) que dans la zone euro (1,0 %), pour des résultats qui ne sont pas deux fois meilleurs. Les dépenses consacrées à l’enseigneme­nt sont également plus élevées en France (5,5 % contre 4,7 %), de même que celles affectées aux aides aux entreprise­s (5,7 % contre 4,5 %), à la protection de l’environnem­ent (1,0 % contre 0,8 %) ou encore à la culture, aux loisirs et aux cultes (1,3 % contre 1,1 %). La France est systématiq­uement sur le podium pour le coût de ses politiques publiques, plus rarement pour les résultats de ces politiques. Elle doit donc pouvoir réduire ses dépenses sans amoindrir ces résultats. Ces comparaiso­ns montrent que la baisse des dépenses publiques doit porter sur l’ensemble des politiques publiques, dans l’ensemble des administra­tions publiquesq (État, collectivi­tés locales, administra­p tions de sécurité sociale et établissem­ents publics administra­tifs), et sur les dépenses de toutes natures (rémunérati­ons, prestation­s sociales…).

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