Protestations contre un parc à thème chrétien
Dans une Chine athée, les arguments économiques se heurtent aux principes de la laïcité
La chose se passe à Changsha, la capitale du Hunan. Il faut le rappeler : le Hunan est la région natale de Mao Zedong. Il est né à Shaoshan, non loin de Changsha, où il a enseigné dans un collège. Beaucoup de villes construisent aujourd’hui des pparcs à thème ppour attirer les touristes. À Changsha, lesautorij tés ont créé un parc à thème chrétien, sur une surface de 150 000 mètres carrés. Le pparc a ouvert ses pportes lors des dernières fêtes du nouvel an. À l’intérieur du parc, une vaste église, d’architecture résolument moderne, sera ouverte au culte au mois de juin prochain. Un institut biblique a été établi dans le même parc. Les autorités de la ville justifient ainsi leur initiative : d’abord, elles ont bénéficié de l’appui du gouvernement central de la Chine. Ensuite, elles espèrent attirer beaucoup de visiteurs. On enregistre en effet en Chine une certaine augmentation des effectifs du christianisme. Le Congrès national chrétien a ainsi fait savoir qu’entre 2007 et 2013, plus de 2,4 millions de protestants ont été baptisés. Dans la même période, 5 195 églises ont été construites ou rénovées. D’autre part, le maire de Changsha compte beaucoup sur la multiplication des mariages à l’église, non point tant pour des raisons religieuses que par l’attraction de la solennité de la cérémonie “romantique”, des élégants vêtements dont on y est paré et des demoiselles d’honneur qui accompagnent le couple. Or ce parc chrétien a suscité de nombreuses manifestations d’opposition sur les réseaux sociaux. Certains invoquent la laïcité pour dénoncer l’utilisation de fonds publics destinés à ce parc ; d’autres considèrent qu’un maire ne doit en rien favoriser la propagation d’une religion, par nature contraire à ce qu’ils appellent “l’idéologie dominante”, que ce soit la doctrine du parti communiste au pouvoir, ou celle de Confucius. La Chine n’est pas un pays religieux. En dehors du taoïsme, qui est d’ailleurs plus une doctrine philosophique qu’une religion, les religions présentes en Chine sont toutes d’origine étrangère : le bouddhisme comme le christianisme et l’islam. Elles ont peu d’adeptes. La population chinoise, dans sa grande majorité, n’est pas religieuse au sens où nous l’entendons, même si elle reste attachée à une vieille mythologie, avec ses nombreux dieux et ses superstitions. C’est d’ailleurs pourquoi les communistes chinois n’ont pas eu besoin, comme les Soviétiques, de faire de la propagande pour l’athéisme : la cause était entendue d’avance. Cependant, certains responsables politiques locaux ne sont pas indifférents aux avantages matériels que peut leur procurer la curiosité du public pour le christianisme.
Jésus ou Confucius ? Certains responsables politiques locaux ne sont pas indifférents aux avantages matériels que
peut leur procurer la curiosité du public pour
le christianisme