Dans cette période de transition, le rôle des moto-écoles est important pour ce marché, comme client d’abord, et comme vitrine de marque ensuite en direction des aspirants motards
“Cela va modifier profondément le marché”, estime Fabrice Recoque chez Honda. “L’adaptation a été relativement bonne pour Suzuki, commente pour sa part Dominque Li Pat Yuen, directeur de la communication du constructeur japonais. Nous avions déjà des modèles pour la gamme, avec notamment les bridables en A2, et des nouveautés sont à venir pour 2017 comme le Vstrom 250 et la GSX 250r qui vont venir compléter tout ça.” Au total, la marque possède 10 modèles adaptés au permis A2. Xavier Crépet, pour Harley-Davidson, annonce lui être bien placé, “car nous disposons de 18 motos éligibles d’après la dernière homologation que nous faisons tous les ans. Cela fait de nous la marque la
plus large dans cette offre”. A contrario, Honda ne présente pas encore de tels chiffres et s’en explique par une gamme étroite en A2 obligeant les concessionnaires à passer de nombreuses commandes à l’usine et des livraisons qui n’ont pu débuter qu’à partir de la fin 2016. Pour ce qui est de la gamme des CB500 et notamment la CB500F, le volume de production va doubler. “Il faut élargir au maximum notre gamme grâce aussi aux kits de bridage, mais ce n’est pas instantané, il ya 8 à 12 mois de battement. C’est une réaction un peu longue mais chez Honda, nous
sommes très pointus, insiste Fabrice
Recoque. Nous vendrons autant de motos, mais de plus petites cylindrées, donc le chiffre d’affaires sera moindre. Une CB500F, c’est deux fois moins cher qu’une Africa Twyn.” S’il est encore trop tôt pour se prononcer sur l’impact du permis A2 pour tous sur les chiffres du marché, l’affolement n’est pas de mise. “Les constructeurs qui tireront leur épingle du jeu sont ceux qui auront une offre adaptée à tous les âges, des jeunes aux quinquagénaires”, tranche Dominique Li Pat Yuen. De quoi faire bouger les constructeurs avec un penchant pour les gros moteurs.
L’impact des moto-écoles Pour le moment, les meilleurs clients pour les motos A2 sont surtout les moto-écoles, le temps que les clients passent le nouveau permis. Si 8 mois après, l’incidence sur les ventes n’est pour l’instant pas constatée, celle sur le passage des permis A ne l’est pas non plus de façon significative. “En 2016, le marché a été un peu baissier en termes de permis, résume sans inquiétude Frédéric Martinez, directeur de l’ECF. C’est probablement dû à la nouvelle réglementation car le marché est toujours impacté. Dans le rural, nous avons constaté un maintien, voire une légère augmentation, et en ville une petite baisse.” Pour autant, sur la structure même de la clientèle, la part entre les jeunes et les quadragénaires/ quinquagénaires n’a pas été du tout bouleversée selon l’ECF, qui a noué un partenariat avec Honda pour les véhicules écoles comme Yamaha avec le CER ou encore Suzuki avec EasyMonneret. “Nous avons été vigilants sur le passage de permis et pour le moment, aucune baisse n’a été vraiment constatée. C’était une vraie crainte”, témoigne-t-on chez Honda. Dans cette période de transition, le rôle des moto-écoles est important pour ce marché, comme client d’abord, et comme vitrine de marque ensuite en direction des aspirants motards. “Nous avons rencontré des moto-écoles, on sent qu’il y a une demande et des opportunités à saisir pour nous, confirme Xavier
Crépet chez Harley-Davidson. Cela va vers notre évolution plus urbaine, et proposer des produits pertinents pour les A2 changerait les perceptions des
gens, notamment sur nos prix.” À ce titre, disposer d’une gamme motos A2 de bon niveau est crucial. Si l’apprenti motard a connu une très belle expérience avec sa première moto, il y a de fortes chances pour qu’il reste chez le même constructeur pour son achat suivant. Le permis A2 pour tous peut définitivement rebattre les cartes du marché.