Le Nouvel Économiste

LA CHINE S’EST ÉVEILLÉE

La Chine n’est pas un simple spectateur au Proche-Orientp.

- PHILIPPE BARRET

“La Chine n’a jamais été un simple spectateur en ce qui concerne les affaires du Moyen-Orient.” Ainsi s’est récemment exprimée la porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères. Mais l’idée qu’on se fait le plus souvent en occident de la politique chinoise au Proche-Orient est fausse : d’un côté, on considère la Chine comme un allié résolu des Palestinie­ns, contre Israël, c’est-àdire contre les puissances occidental­es. De l’autre, on perçoit le pouvoir autoritair­e de la Chine spontanéme­nt enclin à soutenir tous les pouvoirs autoritair­es de la région, en particulie­r celui de Bachar El-Assad en Syrie. C’est ne pas voir que l’intérêt de la Chine, dans cette région comme dans n’importe quelle région du monde, c’est le commerce, la libre-circulatio­n des capitaux et des marchandis­es. À cela, il y a une condition : la paix. Et c’est aussi transposer en Chine notre façon de penser : il est bon, il est nécessaire qque les États étrangers adoptent nosinstitu­p tions et notre façon de gouverner. Rien n’est plus étranger à la façon de penser des Chinois, qui n’ont jamais prôné, ni au Proche-Orient ni ailleurs, l’imitation de leur façon d’organiser l’État. Les Chinois reconnaiss­ent à chaque peuple le droit d’exercer sa souveraine­té, et en particulie­r celui de choisir ses institutio­ns.

Les ennemis de nos ennemis sont nos amis

Au Proche-Orient, ce qui est frappant, c’est le souci des autorités chinoises d’entretenir les meilleures relations ppossibles avec tous les États de la région, quel que soit leur régime politique, et quelle que soit sa politique étrangère. C’est ainsi qu’elles veillent à préserver ces bonnes relations avec les Palestinie­ns, certes, mais aussi avec Israël. La Chine soutient le projet palestinie­n de créer un État national parce que cette voie seule leur paraît susceptibl­e de conduire à la paix. Mais elle le fait sans agressivit­é vis-à-vis d’Israël. Sur la question iranienne, la Chine a fait ce qu’elle a ppu ppour pparvenir, avec les États-Unis et les autres puissances­occiq dentales, à une solution pour le dossier nucléaire, fût-elle seulement provisoire. Et aujourd’hui, sur la Syrie, elle estime qu’on ne mettra pas un terme à la guerre civile sans inclure le gouverneme­nt de Damas dans la recherche d’une issue pacifique. Ce n’est pas par une quelconque sympathie pour le régime dictatoria­l de Bachar El-Assad, mais par un souci purement réaliste. Et pareilleme­nt, sa bonne entente avec la Russie en cette affaire ne découle pas d’une proximité idéologiqu­e avec Vladimir Poutine, mais plutôt d’un principe de bon sens : dans le combat contre l’islamisme, les ennemis de nos ennemis sont nos amis – tout comme pendant la Seconde guerre mondiale, Staline était considéré par les Occidentau­x comme un allié dans la lutte contre le nazisme. Et la déterminat­ion de la Chine à lutter contre le terrorisme et contre Daech ne l’empêche pas d’afficher de bonnes relations avec l’Arabie saoudite et le Qatar.

Au Proche-Orient, ce qui est frappant, c’est le souci des autorités chinoises d’entretenir les meilleures relations ppossibles avec tous les États de la région, quel que soit leur régime politique

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France