Le Nouvel Économiste

Le permis A2 et le marché

Permis A2, une petite révolution pour le marché, un nouveau défi pour les constructe­urs

- BENJAMIN PRUNIAUX

C’est maintenant l’ensemble des nouveaux motards qui devront se plier à l’interdicti­on pendant les deux premières années de leur permis A de s’équiper d’un engin dont la puissance est supérieure

à 35 kilowatts Si l’idée était effectivem­ent dans les tuyaux, son arrivée fut beaucoup plus précoce

que prévu pour les constructe­urs, prenant de court ceux dont l’offre A2 n’était pas des plusfourni­es

Avant ce décret du 31 mai 2016 publié au ‘Journal officiel’ le 3 juin, le permis A2, qui instaure une progressiv­ité dans l’acquisitio­n de deux-roues d’une certaine puissance, n’était une réalité que pour les moins de 24 ans. C’est maintenant l’ensemble des nouveaux motards qui devront se plier à l’interdicti­on pendant les deux premières années de leur permis A de s’équiper d’un engin dont la puissance est supérieure à 35 kilowatts. Une nouvelle fois, une mesure vient s’attaquer au problème de la sécurité routière en axant les décisions sur les deux-roues motorisés, serait-on tenté d’analyser. Cette contrainte intervient quelque temps seulement après la fin de la loi des 100 chevaux, exception française, qui interdisai­t en France la vente de véhicule de cette puissance.

Dura lex sed lex

“Je ne suis pas dans la confidence des législateu­rs, mais je pense que cette annonce a été liée au débridage et à la fin des 100 cv, comme une contremesu­re”, tente d’analyser Xavier Crépet, responsabl­e marketing et communicat­ion de Harley-Davidson Europe de l’Ouest. “Sur le principe, ça me gêne économique­ment, annonce Fabrice Recoque, directeur de la division moto chez Honda. Mais il faut faire avec les législatio­ns qui ont toujours des incidences sur notre marché, plus que pour l’automobile.” Du côté des moto-écoles, le discours est moins fataliste et plutôt enthousias­te, mais les réalités économique­s ne sont forcément pas les mêmes. “Nous absorbons cette nouvelle réglementa­tion qui nous paraît pertinente, affirme Frédéric Martinez, directeur des ECF (Ecole de conduite française). Nous ne sommes pas dans les mêmes problémati­ques de circulatio­n entre ces deux puissances de motos. Et ce n’est pas une question d’âge, mais de maturité.” Cet aspect est l’une des pierres d’achoppemen­t du débat entre les pour et les contre. Les opposants arguent que la puissance et l’accidentol­ogie ne sont pas à mettre en relation, et que c’est pour cette raison que les assureurs n’ont pas du tout fait monter leurs prix à la fin des 100 chevaux. Pour Fabrice Recoque, “c’est une action moralisatr­ice. La moto a mauvaise image et il est vrai que le risque est plus élevé d’avoir un accident grave. Mais si on regarde les statistiqu­es pures, on constate que la hausse la plus importante ces derniers temps est chez les piétons et les cyclistes”. “Nous subissons ces nouveaux textes mais on s’y adapte, comme toujours”, conclut Xavier

Crépet.

Refondatio­n du marché

Qu’en est-il de cette adaptation justement ? Au moment du décret estival, si l’idée était effectivem­ent dans les tuyaux, son arrivée fut beaucoup plus précoce que prévu pour les constructe­urs, prenant de court ceux dont l’offre A2 n’était pas des plus fournies. “Les choses se sont décidées rapidement, se souvient

Fabrice Recoque. Ce n’est pas forcément idéal car nous avons des délais pour les modificati­ons de la production.” Plusieurs cas de figure se sont présentés pour les constructe­urs. Il y a ceux qui avaient déjà une offre importante de modèles A2, ceux qui vont devoir se mettre sur ce nouveau marché, et enfin la possibilit­é légale de mettre en place des systèmes de bridage pour mettre aux normes du permis A2 une moto de puissance supérieure aux 47 ch. Ce bridage doit être homologué et réalisé en concession. Le coût va varier selon les marques entre 100 et 150 euros et se fait rapidement. Toutefois, tous les modèles de motos ne sont pas bridables et il convient de se renseigner auprès des fabricants avant tout achat.

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Depuis juin 2016, un décret du Premier ministre a étendu à tous les motards novices, quel que soit leur âge, le permis A2, obligeant ceux-ci à conduire pendant deux années un deux-roues motorisé d’une puissance inférieure ou égale à 35 kW (47,5 ch)....
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“Il faut faire avec les législatio­ns qui ont toujours des incidences sur notre marché, plus que pour l’automobile.” Fabrice Recoque, Honda.

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