Le permis A2 et le marché
Permis A2, une petite révolution pour le marché, un nouveau défi pour les constructeurs
C’est maintenant l’ensemble des nouveaux motards qui devront se plier à l’interdiction pendant les deux premières années de leur permis A de s’équiper d’un engin dont la puissance est supérieure
à 35 kilowatts Si l’idée était effectivement dans les tuyaux, son arrivée fut beaucoup plus précoce
que prévu pour les constructeurs, prenant de court ceux dont l’offre A2 n’était pas des plusfournies
Avant ce décret du 31 mai 2016 publié au ‘Journal officiel’ le 3 juin, le permis A2, qui instaure une progressivité dans l’acquisition de deux-roues d’une certaine puissance, n’était une réalité que pour les moins de 24 ans. C’est maintenant l’ensemble des nouveaux motards qui devront se plier à l’interdiction pendant les deux premières années de leur permis A de s’équiper d’un engin dont la puissance est supérieure à 35 kilowatts. Une nouvelle fois, une mesure vient s’attaquer au problème de la sécurité routière en axant les décisions sur les deux-roues motorisés, serait-on tenté d’analyser. Cette contrainte intervient quelque temps seulement après la fin de la loi des 100 chevaux, exception française, qui interdisait en France la vente de véhicule de cette puissance.
Dura lex sed lex
“Je ne suis pas dans la confidence des législateurs, mais je pense que cette annonce a été liée au débridage et à la fin des 100 cv, comme une contremesure”, tente d’analyser Xavier Crépet, responsable marketing et communication de Harley-Davidson Europe de l’Ouest. “Sur le principe, ça me gêne économiquement, annonce Fabrice Recoque, directeur de la division moto chez Honda. Mais il faut faire avec les législations qui ont toujours des incidences sur notre marché, plus que pour l’automobile.” Du côté des moto-écoles, le discours est moins fataliste et plutôt enthousiaste, mais les réalités économiques ne sont forcément pas les mêmes. “Nous absorbons cette nouvelle réglementation qui nous paraît pertinente, affirme Frédéric Martinez, directeur des ECF (Ecole de conduite française). Nous ne sommes pas dans les mêmes problématiques de circulation entre ces deux puissances de motos. Et ce n’est pas une question d’âge, mais de maturité.” Cet aspect est l’une des pierres d’achoppement du débat entre les pour et les contre. Les opposants arguent que la puissance et l’accidentologie ne sont pas à mettre en relation, et que c’est pour cette raison que les assureurs n’ont pas du tout fait monter leurs prix à la fin des 100 chevaux. Pour Fabrice Recoque, “c’est une action moralisatrice. La moto a mauvaise image et il est vrai que le risque est plus élevé d’avoir un accident grave. Mais si on regarde les statistiques pures, on constate que la hausse la plus importante ces derniers temps est chez les piétons et les cyclistes”. “Nous subissons ces nouveaux textes mais on s’y adapte, comme toujours”, conclut Xavier
Crépet.
Refondation du marché
Qu’en est-il de cette adaptation justement ? Au moment du décret estival, si l’idée était effectivement dans les tuyaux, son arrivée fut beaucoup plus précoce que prévu pour les constructeurs, prenant de court ceux dont l’offre A2 n’était pas des plus fournies. “Les choses se sont décidées rapidement, se souvient
Fabrice Recoque. Ce n’est pas forcément idéal car nous avons des délais pour les modifications de la production.” Plusieurs cas de figure se sont présentés pour les constructeurs. Il y a ceux qui avaient déjà une offre importante de modèles A2, ceux qui vont devoir se mettre sur ce nouveau marché, et enfin la possibilité légale de mettre en place des systèmes de bridage pour mettre aux normes du permis A2 une moto de puissance supérieure aux 47 ch. Ce bridage doit être homologué et réalisé en concession. Le coût va varier selon les marques entre 100 et 150 euros et se fait rapidement. Toutefois, tous les modèles de motos ne sont pas bridables et il convient de se renseigner auprès des fabricants avant tout achat.