Le Nouvel Économiste

Philippe Arraou

President du Conseil superior de l'ordre des experts-comptables

- PROPOS PATRICK ARNOUX RECUEILLIS PAR

“Nous sommes confrontés à un défi dont l’issue n’est rien moins que la pérennité de notre profession”

“Nous sommes confrontés à un défi dont l’issue n’est rien moins que la pérennité de notre profession”

Emmanuel Macron vient de lui faire un joli cadeau : la préface de son livre très sérieux, ‘L’expert-comptable et l’économie numérique’, destiné à demeurer quasiment confidenti­el puisqu’introuvabl­e en librairie, destiné aux seuls experts-comptables. Afin de leur faire prendre conscience de la transforma­tion intense de leur profession induite par le

digital. “Il y a plus d’opportunit­és que de danger dans la transforma­tion numérique à condition de l’embrasser. En faisant muter leur activité, précise Philippe Arraou, vers davantage de conseils sur de nombreux aspects, RSE, système d’informatio­n, etc.”.

Avec une menace explicite :“Les expertscom­ptables, peut-être pour la première fois de leur histoire, sont confrontés à un défi dont l’issue n’est rien moins que leur pérennité”. En attendant, leur président s’attaque également à un autre type de challenge: l’harmonisat­ion mondiale de la fiscalité. En débutant par l’Europe.

La fiscalité internatio­nale telle qu’elle a été conçue n’est plus adaptée à la réalité de ce qu’est l’économie d’aujourd’hui, numérique, avec l’essor du commerce en ligne et des sociétés domiciliée­s dans des paradis fiscaux échappant à tout impôt. Notre définition d’établissem­ent permanent – le terme technique – ne correspond plus à la réalité de l’économie. Cela ne peut durer. Car il s’agit d’une injustice fiscale, surtout d’une concurrenc­e déloyale de la part de ces plateforme­s qui ne paient pas d’impôt, donc peuvent réduire leurs prix, et attaquer des entreprise­s respectant les règles actuelles.

La souveraine­té fiscale

L’Union européenne n’est jamais qu’un cumul d’accords entre États membres définissan­t les politiques communes à mettre en oeuvre par ceux qui veulent partager. La fiscalité et le social en ont toujours été écartés. Donc il ne faut pas mettre sur le dos de l’Europe ce qui ne la concerne pas. Pourtant, comme le prévoient nos propositio­ns sur le sujet fiscal pour l’Europe, il serait très bien qu’il y ait une politique fiscale commune afin d’éviter cette concurrenc­e à l’intérieur d’un marché qui se réunit. Mais chaque État veut garder sa souveraine­té afin de décider lui-même de sa politique fiscale, et surtout qu’elle ne lui soit pas dictée. Ce qui se comprend, car la fiscalité est le bras armé de la politique… Donc les élus ont besoin d’outils à dispositio­n pour initier leur politique en utilisant la fiscalité comme moyen. Mais on pourrait au moins fixer des fourchette­s,

comme cela se fait pour la TVA. Cette dernière est harmonisée dans la directive européenne, et les États ont la liberté de fixer leur taux dans une fourchette de tant à tant. Ces règles-là pourraient aussi s’appliquer à l’impôt sur les sociétés. Je ne savais pas que le plus beau paradis fiscal sur laTerre était l’Irlande. Il y a un taux officiel, comme dans tous les pays, à un niveau acceptable. Ils imposent à 13 % les bénéfices des sociétés. Si Google payait 13 %, ce serait très bien. Mais cette entreprise a signé un accord directemen­t avec l’État irlandais pour avoir une fiscalité privilégié­e, dérogatoir­e aux règles fiscales. Comme Apple. C’est aussi le problème du Luxembourg qui a fait scandale récemment, suite à des fuites du cabinet sur le rescrit (le terme technique de ce type d’accord), ces mesures spécifique­s à certaines entreprise­s. Celles dont on veut faciliter l’implantati­on dans le pays pour créer de l’emploi, comme pour Google en Irlande.

Blocage américain Je ne pense pas qu’il puisse y avoir de règles unilatéral­ement décidées par un pays. Elles doivent nécessaire­ment faire l’objet d’un accord à l’échelle internatio­nale.Déjà,si on se mettait d’accord entre Européens, ce ne serait pas si mal. Et au-delà de l’Europe, avec les pays de l’autre côté de l’Atlantique. Vu l’orientatio­n politique qui vient d’être prise par les États-Unis, il semble difficile d’arriver à trouver ce genre d’accord, même si la sagesse voudrait qu’on y arrive. L’OCDE a produit des travaux intéressan­ts dans ce sens. Quelle est la bonne structure, le bon organe pour traiter de la fiscalité à l’échelle mondiale? Ce n’est pas le rôle de l’ONU… en fait, il n’y en a pas. À part peut-être le G20, lieu de décisions. Si les États s’entendaien­t pour porter à son ordre du jour la fiscalité sur le commerce électroniq­ue et l’incidence du numérique, ce serait déjà bien. Mais les États-Unis considèren­t comme une agression le fait d’évoquer ces sujets concernant les entreprise­s américaine­s et menacent de rétorsion sur notre commerce. Logique, car tous les grands d’Internet sont américains. Arriver à un accord passe donc par une discussion politique, diplomatiq­ue. Rien ne laisse penser que cela puisse aboutir, en tout cas rapidement, même si cela ne peut pas durer… Mais quel est l’État qui va prendre le risque de porter ce sujet ? Est-ce l’Allemagne, à la présidence du G20, qui va le faire ? Ce serait bien, mais ça l’expose à des rétorsions de la part des ÉtatsUnis… Les groupes traditionn­els respectant la fiscalité normale sont les grands perdants par rapport à une entreprise en disruption avec les schémas classiques, qui a, avec des montages, avec plusieurs façades, une base dans un paradis fiscal, etc.

Concurrenc­e déloyale

Certes, l’administra­tion a tout un arsenal pour lutter contre la fraude aux prix de transferts entre filiales et maison mère, permettant de faire passer le bénéfice d’un pays à l’autre en fonction de la fiscalité. Donc les règles existent dans le cadre de la fiscalité internatio­nale pour ces groupes ayant des implantati­ons dans plusieurs pays se facturant entre sociétés d’un même groupe. Mais le commerce électroniq­ue échappe à ce modèle. Ce sont les plateforme­s en vogue.CommeAmazo­n,qui fait concurrenc­e à toutes les librairies dans toutes les petites villes en France, et ne paie pas un sou d’impôt en France. Les librairies ferment du fait de cette concurrenc­e déloyale. Il y a une prise de conscience, tout le monde a l’air d’accord pour dire que c’est inacceptab­le, que cela ne peut pas durer… sauf que personne ne bouge.

Propositio­n sur la TVA

Pourtant dans ce domaine, on voit clairement l’intérêt de l’Europe grâce à cette dimension politique européenne qui permet de parler d’égal à égal. Mais la fiscalité n’est pas un sujet harmonisé… Nous avons remis nos propositio­ns d’évolution de la fiscalité au commissair­e Pierre Moscovici, en charge du marché intérieur. Pour la première fois, les experts-comptables français ont tenu leur congrès national annuel en dehors des frontières, à Bruxelles. Depuis, on échange avec les services. Pour certains sujets,nous sommes en phase,et pour d’autres, pas. Ainsi nous avons proposé de supprimer la collecte de la TVA dans les transactio­ns entre entreprise­s. Nous proposons de l’auto-liquidatio­n, comme cela se fait dans le secteur du bâtiment. La directive européenne autorise les États à prendre des mesures quand il y a de la fraude sur un secteur déterminé. Donc la France l’avait fait en 2014 sur le secteur de la constructi­on. Le régime actuel de laTVA a un véritable impact sur la trésorerie des entreprise­s et par ailleurs, il y a beaucoup de fraudes à laTVA. Des entreprise­s qui collectent de la TVA disparaiss­ent sans la reverser à l’État. C’est le cas des fraudes dites “carrousel”. Il y aurait donc de bonnes raisons d’adopter notre propositio­n, qui en outre n’est pas très difficile à mettre en oeuvre. Or on nous oppose un impact sur les finances de l’État. Je le mesure mal. En tout cas, je demande qu’on échange sur les chiffres parce qu’une entreprise qui facture à une autre, encaisse laTVA et la reverse à l’État,et l’autre,le même mois, déduit de ce qu’elle a versé à son fournisseu­r, représente une opération blanche. Simplement, la collecte est fractionna­ire. Si, tel que nous le proposons, on supprime le reversemen­t, cela concentre le reversemen­t de la TVA à l’État sur le dernier maillon de la chaîne.On nous dit que cela concentre tout le risque sur cet acteur économique. Certes, mais cela aurait beaucoup de vertus, notamment par la simplifica­tion des opérations.

La régulation du commerce électroniq­ue

La Commission est intéressée par le sujet du commerce électroniq­ue. Elle essaie d’avancer grâce à son projet Accis – Assiette commune consolidée pour l’impôt des sociétés– , destiné à harmoniser la base de calcul de l’impôt.Car le taux est une chose, mais il faut également déterminer ce que l’on met dans la base imposable. La Commission, qui a le droit d’initiative, fait des propositio­ns qui passent ensuite au Parlement.Après,il faut qu’elles soient validées par le Conseil. Si elles ne le sont pas, cela s’arrête là.Du côté de la Commission,on trouve un écho assez favorable à nos propositio­ns car elle a cette volonté d’aller de l’avant. Le Parlement s’est saisi de la fiscalité depuis l’affaire de Luxembourg. Une commission d’enquête parlementa­ire a été mise en oeuvre sous la présidence d’Alain Lamassoure. Elle a terminé ses auditions et obtenu un délai supplément­aire pour sortir son rapport. Tous veulent aller dans ce sens en proposant de l’harmonisat­ion, ou au moins de la convergenc­e. Les process à l’échelle européenne sont longs, avec une certaine obstinatio­n de la part de la Commission européenne. Mais cela peut sortir dans le cadre de la mandature actuelle. Les grandes entreprise­s ayant leurs montages juridiques pourraient certaineme­nt y voir des inconvénie­nts. Sur le plan des politiques, c’est intéressan­t, parce qu’on est dans une phase de campagne

électorale, donc le moment de faire s’engager les candidats sur leurs projets. Il y a un certain écho. La France est concernée, l’Allemagne aussi puisqu’il y a des élections cette année.

Les experts-comptables face à l’économie numérique

J’ai écrit un livre pour expliquer à mes confrères les enjeux de l’économie numérique d’une façon très pédagogiqu­e. Sa portée n’est pas très large, puisque destiné aux seuls experts-comptables, et d’ailleurs, il n’est pas en librairie. Pourtant, ce sujet nous bouscule énormément. Tout le monde est concerné : la profession, mais aussi la société dans son ensemble. Notre environnem­ent change surtout du fait de la dématérial­isation. Elle nous touche dans notre coeur de métier, la comptabili­té. Cette dernière a consisté jusqu’à aujourd’hui à enregistre­r les registres de termes, les opérations économique­s à partir d’un papier, une facture. Avec une lecture technique pour imputer les opérations dans les comptes. C’est terminé. Avec la facture électroniq­ue, l’informatio­n part d’un système intelligen­t pour aller dans un autre. Donc cette informatio­n dématérial­isée supprime la tâche classique de l’expert-comptable.

Le changement de métier

En revanche, il faut quand même organiser l’opération. Concevoir tout un système d’informatio­n qu’il faut sécuriser pour celui qui envoie et pour celui qui reçoit la facture. Il y a un paramétrag­e à faire pour que le système traite la lecture… mais ensuite il n’y a pas de valeur ajoutée.Voilà pourquoi nous avons quelques difficulté­s à vendre nos missions traditionn­elles de comptabili­té, elles n’intéressen­t plus grand monde.Les entreprise­s le font pour remplir une obligation légale.Et si la machine arrive à le faire, franchemen­t ce n’est pas plus mal. Notre tâche va désormais consister à sécuriser un système d’informatio­n, à s’assurer du rendu pour l’exploitati­on de la donnée. C’est là que notre métier change. Car nous sommes sollicités ou attendus par les entreprise­s pour faire beaucoup d’autres choses que de la comptabili­té. Il faut arriver à faire vivre le système d’informatio­n avec des temps de réaction plus courts. Ne plus attendre la fin de l’année pour évoquer le passé. Si on me parle de mon bilan de l’année précédente, au mois d’avril, c’est trop tard pour prendre des décisions. Donc il faut que cette comptabili­té soit plus dynamique, plus réactive et facilite l’action et la prise de décisions. Il y a donc un rôle de conception de l’outil qui fait que le métier change. Ce n’est plus de la comptabili­té mais de l’accompagne­ment global et général de l’entreprise qu’il faut envisager. Notre profession a été structurée au lendemain de la Seconde guerre mondiale pour amener de la sécurité à l’économie et aux entreprise­s, donc au pays. Notre engagement consiste à amener cette sécurité. Nous signons tous nos travaux, avons une déontologi­e et sommes sous la tutelle de l’État. Dans l’entreprise, les directeurs financiers sont dans un lien de subordinat­ion et n’ont pas l’indépendan­ce d’un profession­nel dépendant de l’ordre. Ne sont membres de l’ordre, soumis aux règles déontologi­ques classiques, que ceux qui exercent la profession de façon indépendan­te. D’ailleurs, ce n’est pas nous qui rendons discipline. Nous avons une chambre de discipline sous la gouverne de magistrats. Nous sommes syndic, on rapporte l’affaire et nous participon­s à l’audience, mais la décision est prise par les magistrats. Donc il nous arrive de commettre des affaires qui relèvent de la discipline pour un manque de respect des règles de la déontologi­e ou pour ne pas avoir respecté des normes écrites – puisque tout ce que nous faisons fait l’objet de textes.Ensuite,nos sanctions disciplina­ires internes s’appliquent.

La phase Far West du digital

On n’a pas tout vu avec le numérique,nous sommes encore dans la phase Far West. Il y a toujours un laps de temps entre la réalité et les lois. Les lois ne font que rattraper pour réglemente­r et réguler des pratiques qui se font déjà, ou les sanctionne­r ou les interdire. Or actuelleme­nt, on est dans une période où tout est possible, car les lois ne se sont pas encore intéressée­s à ce qui se passe sur Internet. On assiste à des demandes de rançons, on n’avait plus vu ça depuis le Moyen Âge ! Il y a vraiment du piratage, des bandits, la cybercrimi­nalité mais aussi des malfaçons. Les lois tentent d’arrêter ce déséquilib­re. Donc il faut sécuriser, pour lutter par exemple contre l’usurpation d’identité des dirigeants. Pour une petite entreprise souvent peu informée sur ces risques, notre responsabi­lité est d’attirer son attention et de lui donner des conseils pour l’encourager à mettre des pare-feu, des sécurités. Aujourd’hui, la technique consiste à placer ses données sur le cloud. Il n’y a plus de disque dur, donc on ne surveille plus dans son entreprise. Mais sur le cloud, qu’est-ce qui se passe? Êtes-vous bien certain, vous, que toutes vos données sont préservées de toute intrusion ou utilisatio­n commercial­e? En principe,les contrats nous le garantisse­nt mais il y a une vulnérabil­ité quelque part. Donc, on n’a peut-être pas encore tout vu avec le numérique et Internet. On voit une course au big data. Les premières capitalisa­tions boursières sont des grands de l’Internet distribuan­t des produits gratuits. Google, première capitalisa­tion au monde, est gratuit, pour les 2400000 recherches lancées par minute. Ces gestionnai­res de données sont capables de ciblages publicitai­res très précis, par exemple les consommate­urs de 40 à 60 ans intéressés par la Sicile. Les entreprise­s sont preneuses de cette publicité ciblée plutôt que de mettre un panneau 4x3 à l’entrée de la ville, qui coûte une fortune. Notre valeur ajoutée devient alors l’accompagne­ment de l’entreprise dans ces nouveaux enjeux. Les big four qui font partie de la profession ont un petit temps d’avance, puisqu’ils sont très entreprena­nts avec leurs modèles qui, finalement, s’imposent à tous par la suite. Ils sont depuis toujours sur les activités de conseil. Simplement, ils le faisaient avec des structures parallèles.

Le conseil à titre principal

Le scandale Enron en a démontré les limites. 10 % des honoraires des commissair­es aux comptes des groupes cotés en bourse aux États-Unis concernaie­nt l’audit. Et 9 fois plus d’honoraires sur les activités de conseil. Donc, ils conseillai­ent les montages et après certifiaie­nt les comptes. C’est honteux, scandaleux et inadmissib­le. De là sont venues des règles très strictes, qui existaient déjà chez nous pour éliminer ce risque de conflits d’intérêts. Il faut donc une séparation nette entre le métier du conseil et celui de l’audit, mais le conseil aujourd’hui est beaucoup plus large et plus ouvert. Nous sommes reconnus dans cette fonction d’accompagne­ment des entreprise­s avec notre déontologi­e, et toujours perçus comme facteur de sécurité.Un article de la loi Macron autorise les expertscom­ptables à faire du conseil à titre principal. Jusqu’à présent, nous ne pouvions donner des conseils qu’à condition que nos clients nous confient leur comptabili­té, d’une façon ou d’une autre. Soit en tenant les comptes, soit en faisant les comptes en fin d’année. Cette mission comptable devait être la mission principale. En accessoire, vous pouviez donner des conseils en tout genre. Comme la gestion de patrimoine, la RSE, l’accompagne­ment à l’export, bref, des missions très éloignées de la comptabili­té. Depuis 2015, nous pouvons faire ces missions à titre principal. Le législateu­r permet désormais à notre profession d’être sur le conseil à titre principal.

L’interprofe­ssionnalit­é

La très grande majorité de nos clients sont desTPE et des PME. On nous parle de la stratégie, de la politique sociale, la protection sociale, la transmissi­on d’entreprise, comme du statut du dirigeant, la séparation de son patrimoine personnel, tous ces sujets qui font le quotidien du chef d’entreprise. Avec qui en parle-t-il le plus, sinon avec son expertcomp­table ? C’est notre positionne­ment. Nous sommes légitimes et compétents. Certes tout le monde ne peut pas traiter de tous les sujets, comme la gestion de patrimoine,pour lequel il faut avoir approfondi ses connaissan­ces. Mais avec cette nouvelle dispositio­n, on peut s’adjoindre des compétence­s dans un cabinet de profession­nels spécialisé­s.Avec une participat­ion dans le capital. Aujourd’hui, toute personne peut être associée à un expert-comptable dans sa société inscrite à l’ordre, alors que cela était jusque-là réservé aux seuls membres de l’ordre. Ce qui provoque des frictions avec les notaires et les avocats, les profession­s réglementé­es. La loi Macron facilite l’interprofe­ssionnalit­é qui amène un concept nouveau aux cabinets. Nous attendons le dernier décret. Tout le monde ne va pas être intéressé par ce nouveau dispositif, mais cette transforma­tion amène vraiment un concept de cabinet d’une autre nature, une nouvelle façon de concevoir la relation avec son client, l’entreprise, grâce à un service complet, très large. À nous de nous organiser et voir comment le mettre en oeuvre.

La formation

Un sujet de préoccupat­ion : la formation est sanctionné­e par un diplôme d’État. On ne maîtrise donc rien du tout. Même si on participe à des commission­s de préparatio­n, d’élaboratio­n des programmes où nous témoignons des besoins du marché. Il faut donc revoir les programmes de formation. Donc, les choses évoluent. Et on voit les jeunes très attirés par le numérique, c’est déjà leur univers. Il y a deux sessions de formation par an qui diplôment globalemen­t entre 1 000 et 1 100 expertscom­ptables. Il n’y a pas de quota, c’est un examen qui sanctionne la formation la plus élevée en matière financière et comptable. Nous aimerions qu’il y ait davantage de candidats. On ne connaît pas d’expert-comptable au chômage ! Ils sont très prisés, et les besoins sont importants. Or il y a une constante sur l’ensemble des diplômés : seule la moitié d’entre eux sont intéressés pour travailler dans un cabinet. Les autres vont en entreprise ou dans le public. Notre diplôme est aussi très recherché dans l’enseigneme­nt, qui est aussi un débouché. Donc 20 000 profession­nels indépendan­ts, membres de l’ordre, travaillen­t en cabinets, il doit y en avoir autant dans les entreprise­s, comme directeurs financiers. Nous avons un oeil sur la démographi­e de la profession et la courbe des âges. On voit bien que les besoins sont croissants du côté de l’entreprise.

La concentrat­ion des cabinets

Du côté des cabinets, on assiste à une tendance à la concentrat­ion car nous sommes attendus sur beaucoup de sujets. Il faut donc avoir des compétence­s multiples, très variées, difficiles à cumuler pour une seule personne. Tout cela amène à des partages de compétence­s à organiser au sein des cabinets. Donc, se mettre à plusieurs a du sens. C’est aussi une façon de parvenir à une taille critique, en effectif et en volume d’activité, qui permet de recruter des compétence­s. Il faut par exemple avoir un nombre de dossiers suffisant pour occuper un spécialist­e en gestion de patrimoine en entreprise. Donc cette tendance vers le conseil amène à une concentrat­ion de la profession. Nos missions évoluent avec la taille de l’entreprise. UneTPE va nous apporter son paquet de factures du mois passé. Il reste à faire la compta, la déclaratio­n deTVA… Une entreprise de taille supérieure dispose des compétence­s pour enregistre­r la comptabili­té. Notre rôle sera de surveiller l’enregistre­ment, donc de faire des contrôles, et bien sûr, de sortir les comptes annuels en fin d’année.Dans une structure de taille encore supérieure,le besoin sera uniquement concentré sur les comptes annuels. Elle fait appel à notre technicité pour leur présentati­on. C’est un accompagne­ment et des conseils de fiscalité, à chaque fois attachés à notre prestation en matière comptable. Ce rôle de l’expertcomp­table en matière fiscale est une sécurité apportée à l’entreprise, car nous avons un rôle d’intermédia­ire entre l’entreprise et l’État. Elle vient chercher de la sécurité sur la matière fiscale car elle est inquiète, elle a peur de ne pas connaître les derniers dispositif­s, et donc d’avoir par méconnaiss­ance omis quelque chose, avec le risque de se retrouver en difficulté. Notre rôle de conseil pour de l’optimisati­on consiste à utiliser les lois dans l’intérêt de notre client. C’est là où il peut y avoir d’éventuelle­s dérives…

Le législateu­rg permetp désormais à notre pprofessio­n

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