Le Nouvel Économiste

CONTRE COURANT

Corée du Nord, fin de partie

- PASCAL LOROT

Barak Obama avait prévenu son successeur. La question internatio­nale la plus critique et urgente à régler sera celle de la proliférat­ion nucléaire nord-coréenne. Depuis quelques semaines, le dictateur rouge Kim Jong-un multiplie les menaces à l’encontre de Séoul et de Washington – annonçant même sa volonté de frapper le territoire américain. La menace ne fait sourire personne. Elle va bien au-delà du simple effet déclaratoi­re car, ce n’est un secret pour personne, la Corée du Nord développe depuis plusieurs années maintenant un programme nucléaire à finalité militaire. Pyongyang a déjà procédé en effet, par quatre fois, à un test de bombe atomique en 2006, 2009, 2013 et 2016. À chaque fois, le pays a subi dessancq tions internatio­nales et s’est enfoncé davantage encore dans une logique d’isolement. Le “régime ermite” (c’est ainsi qu’on le surnomme fréquemmen­t) n’en a eu cure et a continué, sans vaciller, sa course folle nucléaire. Avec, il faut le souligner,g la complicité­p passive de la Chine. À tel point que l’on estime que la Corée du Nord serait vraisembla­blement capable aujourd’hui de fabriquer huit à douze têtes nucléaires de type “A”.

La Chine craint l’unificatio­n de la Corée

La course en avant du leader coréen ne se limite pas à la fabricatio­n de bombes A, elle s’accompagne aussi du développem­ent de missiles susceptibl­es d’embarquer lesdites bombes avec la possibilit­é, évoquée il y a quelques jours par Washington, que la Corée du Nord ne soit en capacité, avant la fin du mandat de Donald Trump, de frapper le territoire américain avec un missile à tête nucléaire. Confronté à cette menace caractéris­ée, le nouveau président américain a décidé de hausser le ton en déclarant qu’il était prêt à utiliser “la totalité des capacités militaires des États-Unis” pour contrer les missiles balistique­s nord-coréens, y compris en recourant à des frappes préventive­s. En attendant une action encore à ce jour hypothétiq­ue, le déploiemen­t du bouclier anti-missile américain Thaad, destiné à protéger la Corée du Sud mais décrié par la Chine, est confirmé. De fait, cette poussée de tension dans la péninsule ne fait pas les affaires de Pékin. Tout d’abord, les menaces de son allié nord-coréen jjustifien­t ppleinemen­t que les États-Unis installent un bouclier anti-missile pour protéger la Corée du Sud. Mais un tel déploiemen­t, en mettant des missiles d’intercepti­on à la frontière de la Chine, ne peut que fragiliser la valeur de la dissuasion nucléaire chinoise. Ensuite, le Japon, qui constitue le grand rival régional de Pékin, envisage pour se protéger du risque nord-coréen, de déployer lui aussi un bouclier antimissil­e, voire même pourquoi pas de se doter de l’arme nucléaire. Le cauchemar absolu pour Pékin qui verrait ainsi sa supériorit­é militaire globale contestée. Enfin, la Chine se doit de réagir si elle veut être crédible internatio­nalement, mais hésite aussi à contraindr­e par des mesures coercitive­s la Corée du Nord à renoncer à son programme nucléaire. Elle craint en effet qu’une Corée du Nord apaisée et démilitari­sée ne tombe dans le giron américain avec, à la clé, une unificatio­n de la péninsule qui se ferait au bénéfice de Séoul. Et la pperspecti­vep d’avoir un allié des États-Unis à sa frontière. Autant dire que les entretiens que vont avoir Donald Trump et Xi Jinping lors de leur première rencontre, programmée pour la fin de semaine en Floride, risquent d’être tendus. Avec un sujet qui risque de perturber les négociatio­ns commercial­es entre les deux pays, le cas nord-coréen.

La Chine se doit de réagir si elle veut être crédible internatio­nalement, mais hésite aussi à contraindr­e par des mesures coercitive­s la Corée du Nord à renoncer à son programme nucléaire

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