Le Nouvel Économiste

L’Afrique à l’heure des présidenti­elles françaises

Interventi­onnisme, immigratio­n: les finalistes portent un regard différent sur ce continent d’avenir

- PASCAL LOROT

L’internatio­nal n’a jamais fait recette lors des différente­s pprésident­ielles. L’actuelle pas plus qu’une autre. À une exception près toutefois, géographiq­ue : un intérêt réel des candidats pour un continent africain. Il faut dire que nombreux sont les observateu­rs qui estiment que l’Afrique est un continent d’avenir, celui où va se figer une partie importante de la population mondiale: un homme sur six aujourd’hui, un sur quatre en 2050, sans doute deux sur cinq en 2100. L’Afrique constitue également un marché où nos entreprise­s peuvent trouver les marchés, les relais de croissance qui leur font défaut sur notre territoire national. L’Afrique est enfin l’espace d’où provient une grande partie de l’immigratio­n venant en Europe, qu’elle soit autorisée ou irrégulièr­e.

Des divergence­s et un intérêt partagé

Au-delà, le choix qui s’offre aux électeurs français pour le deuxième tour des élections présidenti­elles, Emmanuel Macron ou Marine Le Pen, porte en lui une divergence de perception quant à nos relations avec l’Afrique. Si chacun des deux candidats qualifiés pour le second tour s’accorde sur les potentiali­tés du continent, plusieurs divergence­s en effet se font jour. Ainsi, Marine Le Pen s’interdit d’intervenir dans les processus politiques en Afrique. “La France n’a aucune légitimité,

considère-t-elle, à se prononcer sur la vie politique nationale de tel ou tel pays” tandis qu’Emmanuel Macron, lui, dit entendre “les aspiration­s démocratiq­ues des citoyens africains” et promouvoir “le respect des principes démocratiq­ues fondamenta­ux”. Opposition aussi pour ce qui concerne l’immigratio­n. Marine Le Pen annonce la “restaurati­on des frontières nationales” et, pour ceux qui entreraien­t sur le territoire national de manière illégale, “le rapatrieme­nt

dans leurs pays d’origine”. Pour sa part, Emmanuel Macron précise que la France doit tenir ses engagement­s en matière d’accueil de réfugiés et se montre favorable à la mise en oeuvre d’accords avec les pays de départ pour “accompagne­r une politique migratoire maîtrisée et humaine”. Si les deux challenger­s rendent hommage au président Hollande pour avoir lancé l’opération Serval qui a permis d’empêcher les djihadiste­s de prendre le pouvoir au Mali, Marine Le Pen considère toutefois que la Françafriq­ue n’a toujours pas été défaite, voire même a été conservée par la majorité sortante. Chacun des candidats s’engage à ce que l’aide publique au développem­ent soit portée à 0,7 % du PIB. Toutefois, Marine Le Pen y voit une

“condition de notre sécurité nationale”. Pour Emmanuel Macron, il s’agit plutôt d’accompagne­r le développem­ent de l’Afrique. Il souhaite notamment “mobiliser plus de financemen­ts, publics et privés, pour financer les infrastruc­tures et les PME africaines, qui sont créatrices d’emplois (…) et doubler le financemen­t des projets liés à l’égalité femmes-hommes”. Le premier tour passé, l’intérêt de l’Afrique aux yeux des deux candidats restant en lice devrait se préciser. Pour une raison simple: il y a quelque 300 000 Français résidant en Afrique, donc autant d’électeurs en puissance. Il y aurait aussi, selon certaines estimation­s, peu ou prou 10 % de la population française qui aurait des origines africaines. De quoi justifier l’attention et l’intérêt des deux finalistes…

Le premier tour passé, l’intérêt de l’Afrique aux yeux des deux candidats restant en lice devrait se préciser. Pour une raison simple : il y a quelque 300 000 Français résidant en Afrique, donc autant d’électeurs en puissance

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