Le Nouvel Économiste

Retraite à 60 ans : Marine Le Pen malthusien­ne

Remplacer des retraités par des chômeurs est une idée totalement fausse à long terme

- PAR FRANÇOIS ECALLE

Marine Le Pen s’est engagée à “fixer l’âge légal de la retraite à 60 ans avec 40 annuités de cotisation­s pour percevoir une retraite pleine”. Le coût de cette mesure serait de 11 Mds

€ et les dépenses publiques seraient augmentées d’autant, de même que le déficit des régimes de retraite. Le document relatif à “l’équilibre général du projet” qui figure sur le site de la candidate prévoit toutefois que “le retour à l’équilibre des retraites proviendra d’abord et avant tout de la baisse du chômage”. Celle-ci résulterai­t de la croissance de l’activité, estimée à 2,3 % par an de 2017 à 2022 dans ce document, sans expliquer comment une telle performanc­e, supérieure à toutes les prévisions d’évolution de l’économie française, pourrait être obtenue, si ce n’est par une forte relance budgétaire dont les effets favorables sur l’activité ne sont pas durables. Selon les défenseurs de cette mesure, la baisse du chômage pourrait également tenir au remplaceme­nt de seniors partant en retraite par des chômeurs. L’expérience a cependant déjà été faite en France et dans d’autres pays avec le développem­ent des dispositif­s de préretrait­e financés sur fonds publics, et elle a partout échoué au bout de quelques années. Ces mesures ont aggravé les déficits publics sans effet sur le chômage.

Hausse obligée des prélèvemen­ts obligatoir­es

Si on met en relation sur un graphique les taux de croissance de la population active et de l’emploi dans les pays de l’OCDE sur 20 ans, il apparaît, en moyenne, que si la croissance de la population active est réduite d’un point dans un pays, la croissance de l’emploi y est égalementg réduite d’un point. À long terme, ledynap misme de l’emploi résulte de celui de la population active, dont le taux de chômage est indépendan­t. La composante structurel­le du chômage provient surtout d’un mauvais fonctionne­ment du marché du travail, du fait notamment de prélèvemen­ts trop lourds et de réglementa­tions inadéquate­s. Si l’emploi ne suit pas l’évolution de la population active dans un pays, c’est à cause de ces dysfonctio­nnements et non de la hausse du nombre d’actifs. Avancer l’âge de la retraite est une mesure malthusien­ne, tout comme les restrictio­ns à l’immigratio­n, les obstacles au travail féminin ou la réduction de la durée du travail. Ces politiques reposent sur l’idée selon laquelle il faut partager des emplois dont le nombre est limité pour réduire le chômage. Or cette idée est juste à court terme, mais totalement fausse à long terme. Avancer l’âge de la retraite réduirait le potentiel de production, ce qui est incohérent avec la prévision d’une forte croissance au cours du prochain quinquenna­t. Elle obligerait, à l’opposé de ce qu’ont fait les autres pays, à augmenter les prélèvemen­ts obligatoir­es pour payer les nouveaux retraités au détriment de la compétitiv­ité des entreprise­s et de l’attractivi­té de la France pour les investisse­urs.

À long terme, le dynamisme de l’emploi résulte de celui de la population active, dont le taux de chômage est indépendan­t. La composante structurel­le du chômage

provient surtout d’un mauvais fonctionne­ment

du marché du travail

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