Le Nouvel Économiste

Finance solidaire et isr

Placements éthiques, le goût de l’argent propre

- FABIEN HUMBERT

La finance solidaire, éthique et responsabl­e a le vent en poupe. Cette grande famille de placements, qui ne recherche pas uniquement la rentabilit­é, est désormais assez diversifié­e pour être attractive pour de nombreux investisse­urs particulie­rs. Il est parfois difficile de faire le tri entre les différents placements et livrets, les causes, les thématique­s,

même les religions. À l’internaq tional, les différents pays et acteurs ont fait émerger la notion d’investisse­ment socialemen­t responsabl­e, ou ISR. Mais elle ne recouvre pas forcément les mêmes critères selon les pays (voir notre encadré). “On reconnaît communémen­t deux grandes philosophi­es : la finance solidaire et l’investisse­ment socialemen­t responsabl­e, analyse Mouna Aoun, directrice des marchés mass market & spécifique­s à la Banque Postale. La finance solidaire consiste à investir et à redistribu­er les gains à des organismes qui ont une vocation sociale et sociétale. Tandis que l’investisse­ment socialemen­t responsabl­e se caractéris­e par des choix d’investisse­ment dans des secteurs d’activité ou des pratiques clairement définis.” Selon une étude Eurosif/Novethic, en 2015, les investisse­urs particulie­rs détenaient plus de 22 % des encours de placements ISR en 2015, contre 3,4 % en 2013. “Le flux d’entrée en relation ne tarit pas et nous l’expliquons par notre positionne­ment de spécialist­e des placements éthiques, solidaires et durables, explique Imad Tabet, directeur du marché des particulie­rs au Crédit Coopératif. À chaque scandale et crise financière, ce flux augmente.”

Une banque généralist­e comme la

Banque Postale constate elle aussi un engouement des Français pour ces placements vertueux. Même les gestionnai­res de fortune remarquent que leurs clients haut de gamme s’y intéressen­t. “Très nettement, les clients demandent de plus en plus ces placements, Hervé de la Tour d’Artaise,

président du cabinet A2PF. D’autant que certains d’entre eux permettent de faire des dons à des associatio­ns, et parfois de bénéficier d’une réduction d’impôts. Pour les investisse­urs il y a un bénéfice fiscal et moral.” En France, les investisse­ments responsabl­es avaient atteint un total de 746 milliards d’euros en 2015, contre 550 milliards en 2014, soit une progressio­n annuelle de 29 %. Des banques véritablem­ent responsabl­es et solidaires Le Crédit Coopératif fait partie de ces banques engagées par nature. Loin d’être des produits de niche, ses placements d’épargne solidaire, éthique et durable sont annoncés comme étant au coeur du métier de ses conseiller­s. Historique­ment, le Crédit Coopératif ne pouvait financer que des coopérativ­es ouvrières et de production, ou des coopérativ­es de consommati­on. Son activité s’est ensuite étendue à l’ensemble des coopérativ­es: agricoles, d’artisans, HLM… Puis dans les années 1970 aux mutuelles, aux associatio­ns et à tout ce qui avait trait à l’économie sociale et solidaire. En 1995, le Crédit Coopératif est devenu une banque généralist­e et son activité s’est ouverte aux particulie­rs, mais il est resté spécialisé sur les produits bancaires éthiques, solidaires, de partage. “80 % des clients optent pour ces placements” explique Imad Tabet. Aujourd’hui, le Crédit Coopératif compte plus de 335 000 clients et 96000 sociétaire­s. Signe que la prise de conscience n’est pas circonscri­te à la France, de plus en plus de banques éthiques se créent à travers l’Europe. En Belgique, la coopérativ­e New B réunit près de 49 000 citoyens sociétaire­s, plus de 130 ONG et associatio­ns, et plus de 2 millions d’euros de souscripti­on. Mais on peut aussi citer Banca Etica en Italie, Triodos aux Pays-Bas, Merkur au Danemark ou Ekobanken en Suède… Un secteur bancaire plus responsabl­e Parfois, le simple fait pour un particulie­r de placer son argent dans une banque ou de miser sur les actions d’une entreprise suffit à le faire entrer – mais souvent sans qu’il le sache – dans la finance éthique, responsabl­e et solidaire. Nombre de banques, assurances compagnies financière­s ont en effet intégré les critères ESG, pour environnem­entaux, sociaux et de gouvernanc­e (voir notre encadré). Mais depuis plusieurs dizaines d’années maintenant, et surtout depuis la crise de 2008, les banques généralist­es proposent de plus en plus de produits financiers estampillé­s éthiques, solidaires et responsabl­es. La Banque Postale propose par exemple une gamme extrêmemen­t fournie de placements, qui vont de l’épargne responsabl­e à l’épargne solidaire. En fait, une bonne partie des Français ont déjà leur épargne investie dans des placements que l’on qualifiera de vertueux. Le livret A, qui en 2016 représenta­it 259,5 milliards d’euros, soit une hausse de 1,85 milliard par rapport à 2015, sert par exemple à financer le logement social. Comme son nom l’indique, le livret de développem­ent durable et solidaire (LDDS, qui remplace le livret de développem­ent durable ou LDD) est un produit d’épargne rémunéré qui finance le secteur du développem­ent durable, mais l’économie sociale et solidaire. “Depuis la Loi Sapin II de 2016, les détenteurs d’un LDD Solidaire peuvent en affecter une partie (capital et intérêts) sous forme de don au financemen­t d’une entreprise de l’économie sociale et solidaire, explique François Boisseau, responsabl­e épargne à la Banque Postale. Mais nous avions anticipé cette possibilit­é et nos clients peuvent le faire depuis plusieurs années déjà au travers du Service Intérêts Solidaires pour le livret A et le LEP notamment.” Une bonne partie des 400 milliards d’euros placés sur les 20 millions de livrets réglementé­s servent donc une bonne cause, et les banques distribuen­t largement les produits labellisés ISR ou Finansol.

“La finance solidaire consiste à investir et à redistribu­er les gains à des organismes qui ont une vocation sociale et sociétale. Tandis que l’investisse­ment socialemen­t responsabl­e se caractéris­e par des choix d’investisse­ment dans des secteurs d’activité ou des pratiques clairement définis”

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De plus en plus de Français ne veulent plus placer leur épargne aveuglémen­t. Ils veulent donner un sens à leurs investisse­ments, qu’ils soient teintés d’éthique, de morale, de religion, ou qqu’ils défendent des causes ou des secteurs pparticuli­ers de...
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“On reconnaît communémen­t deux grandes philosophi­es : la finance solidaire et l’investisse­ment socialemen­t responsabl­e.” Mouna Aoun, Banque Postale.

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