Finance solidaire et isr
Placements éthiques, le goût de l’argent propre
La finance solidaire, éthique et responsable a le vent en poupe. Cette grande famille de placements, qui ne recherche pas uniquement la rentabilité, est désormais assez diversifiée pour être attractive pour de nombreux investisseurs particuliers. Il est parfois difficile de faire le tri entre les différents placements et livrets, les causes, les thématiques,
même les religions. À l’internaq tional, les différents pays et acteurs ont fait émerger la notion d’investissement socialement responsable, ou ISR. Mais elle ne recouvre pas forcément les mêmes critères selon les pays (voir notre encadré). “On reconnaît communément deux grandes philosophies : la finance solidaire et l’investissement socialement responsable, analyse Mouna Aoun, directrice des marchés mass market & spécifiques à la Banque Postale. La finance solidaire consiste à investir et à redistribuer les gains à des organismes qui ont une vocation sociale et sociétale. Tandis que l’investissement socialement responsable se caractérise par des choix d’investissement dans des secteurs d’activité ou des pratiques clairement définis.” Selon une étude Eurosif/Novethic, en 2015, les investisseurs particuliers détenaient plus de 22 % des encours de placements ISR en 2015, contre 3,4 % en 2013. “Le flux d’entrée en relation ne tarit pas et nous l’expliquons par notre positionnement de spécialiste des placements éthiques, solidaires et durables, explique Imad Tabet, directeur du marché des particuliers au Crédit Coopératif. À chaque scandale et crise financière, ce flux augmente.”
Une banque généraliste comme la
Banque Postale constate elle aussi un engouement des Français pour ces placements vertueux. Même les gestionnaires de fortune remarquent que leurs clients haut de gamme s’y intéressent. “Très nettement, les clients demandent de plus en plus ces placements, Hervé de la Tour d’Artaise,
président du cabinet A2PF. D’autant que certains d’entre eux permettent de faire des dons à des associations, et parfois de bénéficier d’une réduction d’impôts. Pour les investisseurs il y a un bénéfice fiscal et moral.” En France, les investissements responsables avaient atteint un total de 746 milliards d’euros en 2015, contre 550 milliards en 2014, soit une progression annuelle de 29 %. Des banques véritablement responsables et solidaires Le Crédit Coopératif fait partie de ces banques engagées par nature. Loin d’être des produits de niche, ses placements d’épargne solidaire, éthique et durable sont annoncés comme étant au coeur du métier de ses conseillers. Historiquement, le Crédit Coopératif ne pouvait financer que des coopératives ouvrières et de production, ou des coopératives de consommation. Son activité s’est ensuite étendue à l’ensemble des coopératives: agricoles, d’artisans, HLM… Puis dans les années 1970 aux mutuelles, aux associations et à tout ce qui avait trait à l’économie sociale et solidaire. En 1995, le Crédit Coopératif est devenu une banque généraliste et son activité s’est ouverte aux particuliers, mais il est resté spécialisé sur les produits bancaires éthiques, solidaires, de partage. “80 % des clients optent pour ces placements” explique Imad Tabet. Aujourd’hui, le Crédit Coopératif compte plus de 335 000 clients et 96000 sociétaires. Signe que la prise de conscience n’est pas circonscrite à la France, de plus en plus de banques éthiques se créent à travers l’Europe. En Belgique, la coopérative New B réunit près de 49 000 citoyens sociétaires, plus de 130 ONG et associations, et plus de 2 millions d’euros de souscription. Mais on peut aussi citer Banca Etica en Italie, Triodos aux Pays-Bas, Merkur au Danemark ou Ekobanken en Suède… Un secteur bancaire plus responsable Parfois, le simple fait pour un particulier de placer son argent dans une banque ou de miser sur les actions d’une entreprise suffit à le faire entrer – mais souvent sans qu’il le sache – dans la finance éthique, responsable et solidaire. Nombre de banques, assurances compagnies financières ont en effet intégré les critères ESG, pour environnementaux, sociaux et de gouvernance (voir notre encadré). Mais depuis plusieurs dizaines d’années maintenant, et surtout depuis la crise de 2008, les banques généralistes proposent de plus en plus de produits financiers estampillés éthiques, solidaires et responsables. La Banque Postale propose par exemple une gamme extrêmement fournie de placements, qui vont de l’épargne responsable à l’épargne solidaire. En fait, une bonne partie des Français ont déjà leur épargne investie dans des placements que l’on qualifiera de vertueux. Le livret A, qui en 2016 représentait 259,5 milliards d’euros, soit une hausse de 1,85 milliard par rapport à 2015, sert par exemple à financer le logement social. Comme son nom l’indique, le livret de développement durable et solidaire (LDDS, qui remplace le livret de développement durable ou LDD) est un produit d’épargne rémunéré qui finance le secteur du développement durable, mais l’économie sociale et solidaire. “Depuis la Loi Sapin II de 2016, les détenteurs d’un LDD Solidaire peuvent en affecter une partie (capital et intérêts) sous forme de don au financement d’une entreprise de l’économie sociale et solidaire, explique François Boisseau, responsable épargne à la Banque Postale. Mais nous avions anticipé cette possibilité et nos clients peuvent le faire depuis plusieurs années déjà au travers du Service Intérêts Solidaires pour le livret A et le LEP notamment.” Une bonne partie des 400 milliards d’euros placés sur les 20 millions de livrets réglementés servent donc une bonne cause, et les banques distribuent largement les produits labellisés ISR ou Finansol.
“La finance solidaire consiste à investir et à redistribuer les gains à des organismes qui ont une vocation sociale et sociétale. Tandis que l’investissement socialement responsable se caractérise par des choix d’investissement dans des secteurs d’activité ou des pratiques clairement définis”