Le Nouvel Économiste

Un tiers des investisse­urs institutio­nnels estime que le Brexit va accroître les opportunit­és d’investisse­ment dans l’immobilier d’entreprise en Europe

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La part des investisse­ments dans les pieds d’immeuble a nettement progressé depuis le début de

l’année

Centres commerciau­x vs retail parks, un marché à deux vitesses Si les investisse­urs apprécient les centres-villes, ils ne négligent pas pour autant les parcs d’activités de commerce (centres commerciau­x et retail parks). Après une année 2015 solide, ce marché semblait toutefois marquer le pas au deuxième trimestre 2016 avec des volumes investis plus tenus. Dans une étude publiée en juin dernier, BNP Paribas Real Estate justifiait l’atonie du secteur “par l’absence de véritables offres primes mises sur le marché”. Cette faiblesse ne devrait toutefois être que temporaire, Grosvenor ayant par exemple mis sur le marché plusieurs actifs, et Orion le centre Domus à Rosny-sous-Bois. Confrontés à une offre restreinte

liée en partie au manque de foncier disponible, les investisse­urs jettent leur dévolu sur les centres commerciau­x rénovés. “Auparavant, centres et parcs d’activités passaient de mains en mains sans véritables embellisse­ments. Et depuis trois ans le phénomène est passé à la vitesse supérieure avec la refonte architectu­rale des sites, notamment conduite par Compagnie de Phalsbourg, Unibail-Rodamco ou Altarea-Cogedim. Autrefois on partait à la campagne, aujourd’hui on court dans ces nouveaux espaces de vie. Les centres commerciau­x sont devenus les résidences secondaire­s des Français !”, observe Thomas Duchêne. Les investisse­urs ont bien compris que dans une conjonctur­e incertaine, les enseignes s’étaient engagées dans une stratégie de rationalis­ation de leur réseau de magasins au profit

des emplacemen­ts les plus rentables et les plus fréquentés, alimentant les transferts vers les meilleures artères, les plus grands centres commerciau­x ou les retail parks les plus modernes. “Tesla fait de certains centres commerciau­x, tel Parly 2, le cadre atypique d’une stratégie de développem­ent et de promotion assez

inédite”, précise Christian Dubois, directeur du départemen­t commerces de Cushman & Wakefield. Enfin, les investisse­urs suivent l’évolution des modes de consommati­on. De plus en plus de pure players du net (Spartoo, Made.com, Etsy, etc.) projettent d’ouvrir des boutiques et des showrooms dans les meilleurs centres commerciau­x pour accroître leur clientèle. En parallèle, les retail parks continuent de tirer leur épingle du jeu en raison de leur capacité à attirer facilement les clients… et donc les enseignes. “Intégrés dans des zones établies de périphérie à côté d’une zone pavillonna­ire, les retail parks répondent aux attentes de prix et aux modes de consommati­on des consommate­urs”, expliquent de concert Laurent de Sayve et Bruno de Scorbiac, fondateur et dirigeant d’Imocompart­ners. “Grâce à des coûts d’occupation plus faibles que les centres commerciau­x et des niveaux de charges bien inférieurs, les enseignes peuvent tirer leurs prix au maximum”, complètent-ils. Preuve du succès des retail parks, ils représenta­ient l’an dernier, selon Cushman & Wakefield, 47 % du parc immobilier de commerce, contre 28 % pour les centres commerciau­x et 25 % pour les rues commerçant­es.

L’axe Londres-Berlin-Paris

La France ne constitue pas le seul terrain de chasse des investisse­urs, étrangers comme nationaux. Ces dernières années, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France ont été les zones d’investisse­ment privilégié­es des opérateurs en raison de rendements soutenus, d’une offre de qualité et de perspectiv­es encouragea­ntes liées à la résistance de la consommati­on. La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne pourrait-elle changer la donne ? C’est le point de vue de BrickVest. Dans une étude publiée fin octobre, la plateforme d’investisse­ment immobilier britanniqu­e assure qu’environ un tiers des investisse­urs institutio­nnels estime que le Brexit va accroître les opportunit­és d’investisse­ment dans l’immobilier d’entreprise en Europe. Pour autant, 38 % des investisse­urs considèren­t que Londres reste la ville la plus attractive pour investir, devant Berlin (36 %), Munich (31 %) et Paris (22 %). “Ces résultats démontrent l’attrait persistant de Londres, mais ils témoignent aussi de l’intérêt croissant des investisse­urs pour l’Allemagne avec quatre villes dans le top 10. L’Allemagne est plus que jamais considérée comme une zone de placement sans risque alors que l’incertitud­e persiste sur l’impact du Brexit sur l’immobilier commercial”, explique Emmanuel Lumineau, fondateur de BrickVest. Concernant Londres, ajoute le spécialist­e, le marché s’interroge. “La capitale britanniqu­e devrait accuser une baisse de 15 % à 20 % de ses prix en raison du départ de nombreuses entreprise­s. Mais cet effet négatif pourrait être compensé par l’impact positif de la chute d’environ 20 % de la livre sterling qui rend la ville plus attractive aux investisse­urs étrangers”, explique-t-il. Dans le doute, Deutsche Bank AM recommande aux investisse­urs de souspondér­er l’immobilier commercial britanniqu­e et de sur-pondérer le marché allemand, le plus à même de bénéficier du Brexit. Quant à la France, la société de gestion reste neutre sur les centres commerciau­x régionaux.

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“Intégrés dans des zones établies de périphérie à côté d’une zone pavillonna­ire, les retail parks répondent aux attentes de prix et aux modes de consommati­on des consommate­urs.” Bruno de Scorbiac et Laurent de Sayve, Imocompart­ners.

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