Le Nouvel Économiste

LA MAIN INVISIBLE DU MARCHÉ

Les marchés américains pèsent sur les indices boursiers mondiaux

- PAR BERTRAND JACQUILLAT

Dans l’indice boursier global MSCI AllWorld Country Index qui couvre tous les pays du globe ayant un marché d’actions, le marché américain des actions a un poids de 55 %, le plus élevé de toute l’histoire. Dans l’indice MSCI World Index qui ne couvre qque les marchés des pypays développés, le poids des États-Unis est encore plus élevé, plus de 60 %. Cette situation est préoccupan­te à plus d’un titre dans la mesure où de tels indices servent plusieurs fonctions. Outre celle de donner un éclairage sur l’évolution des marchés, de tels indices fournissen­t aux gérants une boussole leur permettant d’étalonner les performanc­es de leur portefeuil­le sous gestion, et offrent aux investisse­urs un véhicule d’investisse­ment très diversifié et peu coûteux via les ETF. MSCI n’est pas en cause, puisque cette organisati­on, émanation de Morgan Stanley devenue autonome, calcule ces indices mondiaux en pondérant chaque indice par sa capitalisa­tion boursière flottante relative. On ne peut donc s’empêcher d’établir un parallèle entre le poids aujourd’hui des marchés d’actions américains dans ces indices mondiaux, et ceux du marché japonais dans les mêmes indices à la fin des années 1980, près de 45 %, alors que le poids du PIB japonais dans le PIB mondial n’était que de 18 %. Aujourd’hui, la disproport­ion avec le poids du PIB américain est tout aussi flagrante. Le poids de la capitalisa­tion boursière relative américaine est plus du double de celui du PIB américain dans le PIB mondial.

La réalité boursière n’est pas la réalité économique

Un parallèle aussi troublant est-il le présage d’un parcours boursier des actions américaine­s semblable à celui des actions japonaises après les années 1990, dont la part dans la capitalisa­tion boursière mondiale a rejoint progressiv­ement celle de son PIB, moins de 8 % ? Rien n’est moins sûr, d’abord pour des raisons techniques. Ainsi la part de la capitalisa­tion boursière relative chinoise dans les indices mondiaux est bien moindre que celle de son PIB, parce que leurs actions A détenues exclusivem­ent par des investisse­urs domestique­s sont exclues des calculs MSCI. Ensuite pour des raisons de structure industriel­le des économies. Dans beaucoup de pays, la réalité des marchés boursiers ne colle pas à la réalité économique ; ainsi plus de 50 % des résultats des sociétés américaine­s sont générés en dehors du territoire américain. Aussi, il n’est pas besoin de recourir à l’argument fallacieux selon lequel les règles de la comptabili­té financière ne s’appliquaie­nt alors pas au cas des sociétés japonaises, pour justifier la valorisati­on des sociétés américaine­s aujourd’hui !! La raison se trouve plutôt du côté de l’existence des Gafa et consorts, ces sociétés technologi­ques dont les niveaux de valorisati­on très élevés en absolu ne font que refléter un potentiel de croissance extraordin­aire, qui n’est pas encore reflété dans le PIB, même si cinq d’entre elles occupent déjà les premières marches du podium des valorisati­ons boursières mondiales ! Certes, les bourses américaine­s sont chères, mais leur niveau de valorisati­on est tiré par les performanc­es de leurs sociétés technologi­ques disruptive­s, uniques au monde.

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