Le Nouvel Économiste

29 mai 1453 : la chute de Constantin­ople

Istanbul résiste encore et toujours à Ankara

- PAR JEAN-MARC DANIEL

Le 29 mai 1453 est une des dates les plus importante­s de l’histoire. Elle marque la fin du Moyen-Âge, même s’il est désormais de bon ton de dire que le véritable changement historique susceptibl­e de marquer une telle rupture s’est fait en 1492 avec la découverte de l’Amérique. Cette modificati­on du séquençage de l’histoire a acquis sa force récente dans le rôle que joue maintenant l’Amérique. Elle est devenue l’Empire de référence. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que pendant longtemps, ce fut Rome qui joua ce rôle. Si bien qu’il est naturel de considérer que le Moyen-Âge commence avec la chute de la Rome occidental­e, la Rome d’origine, et s’achève avec celle de la Nouvelle Rome, la Rome orientale consacrée par Constantin en 330 sur le site de l’ancienne Byzance et qui reçut le nom de son bâtisseur (Constantin­ople signifiant en grec la ville de Constantin). Il faut pourtant admettre qu’en ce 29 mai 1453, il ne reste rien de la splendeur passée de la ville créée pour être la capitale du monde. Elle compte 40 000 habitants qui parlent grec mais s’appellent encore entre eux “”, ce qui veut dire les Romains. Néanmoins, comme pour leur dénier le droit de se référer à la ville éternelle, la tradition a pris l’habitude de les désigner du nom de “Byzantins” et de qualifier l’État qui règne sur la ville de 330 à 1453 d’“empire byzantin”. Peut-on parler d’empire en 1453 ? Constantin XI, qui est à la tête de l’État byzantin, n’a en effetautoq rité que sur un territoire qui ne dépasse guère les 10 km autour de la ville. Lui n’a pas de doute. Il se vit en continuate­ur de Constantin le fondateur, de Justinien qui reconquit la Rome occidental­e au VIe siècle, de Basile II, l’empereur de l’an 1000, qui règne à une époque où Constantin­ople compte près d’un million d’habitants et où l’empire byzantin est la grande puissance politique et économique du monde méditerran­éen.

Instanpol devient Istanbul En 1453, ce sont les Turcs ottomans qui s’emparent de Constantin­ople. Lorsque la bataille s’engage, leur armée compte 150 000 hommes tandis que Constantin XI n’en dispose que de 7 000. L’issue du combat est donc certaine. Les Turcs victorieux commencent par piller la ville avant de se l’approprier et d’en faire leur capitale. Il faut dire qu’elle n’est pas ordinaire. C’est “la Ville”. Au XVe siècle, quand la population locale s’y rend, elle dit dans son parler grec “”, ce qui signifie “je vais à la Ville”. Cela se prononce “Istinpol”. Donnant l’assaut, les Turcs reprennent cette expression qui dans leur bouche se déforme en “Istanbul” (c’est une des interpréta­tions du nouveau nom que reçoit la Ville). Aujourd’hui, l’agglomérat­ion d’Istanbul compte près de 15 000 000 d’habitants. Même si la Ville n’est pplus la capitalep d’un État, ils sont les héritiers d’un passé glorieux qui les pousse à refuser les empiétemen­ts sur la liberté et la culture que veut leur imposer le pouvoir installé à Ankara.

Les 15 millions d’habitants d’Istanbul sont les héritiers d’un passé glorieux qui les pousse à refuser les empiétemen­ts sur la liberté et la culture que veut leur imposer le pouvoir installé à

Ankara

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