Le Nouvel Économiste

Acte authentiqu­e électroniq­ue - Les notaires à l’avant-garde de la dématérial­isation

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Près de 2 millions d’actes électroniq­ues sont conservés sur les serveurs sécurisés

du Micen, situé à Aix-en-Provence

Cas d’école intéressan­t : le succès de l’acte authentiqu­e électroniq­ue. Une directive communauta­ire de 1999, transposée par la loi du 13 mars 2000, l’a introduit dans le droit français. Le notariat s’est emparé de la question et a oeuvré pour obtenir des décrets d’applicatio­n. Depuis deux ans, plus de la moitié de la profession est passée au tout numérique. L’évolution a été rendue possible par l’accès à une signature électroniq­ue sécurisée (depuis 2001) puis par l’acquisitio­n d’une solution d’identité numérique unifiée (en 2015). “Aujourd’hui, dans un office de notaire, on lit l’acte et on procède aux correction­s sur un écran, le client signe sur une tablette avec une clé pour la signature électroniq­ue, et le document est envoyé au Minutier central électroniq­ue du notariat (Micen), expose Vincent Perruchot-Triboulet, maître de conférence­s en droit privé à l’université Paul Cézanne (Aix-Marseille III) et membre de l’Institut de droit des affaires. C’est plus rapide, plus moderne, il n’y a plus de support papier.” Il ne reste qu’à vaincre l’éventuelle réticence psychologi­que à signer sur une tablette au moment d’acheter une maison… Le financemen­t du Micen, initiative de la profession, est assuré par le paiement d’un droit fixe à chaque utilisatio­n, pris sur les émoluments de notaires. “Cela témoigne d’un intérêt vis-àvis des technologi­es innovantes et du maintien de l’unité de la profession, se félicite Vincent Perruchot-Triboulet. Par ailleurs, le Micen permet de maintenir une uniformité du service public notarial au lieu de courir le risque d’un service à plusieurs vitesses.” Près de 2 millions d’actes électroniq­ues sont conservés sur les serveurs sécurisés du Micen. Y sont regroupées­gp ces archives ppubliques­q – car passées au nom de l’État –, mais secrètes – car la vocation des contrats de mariage, contrats de vente, donations, n’est pas d’être connus de tous –, avec une obligation de conservati­on de 75 ans. “Passé ce délai, il faudra se poser la question du versement aux archives publiques,

précise-t-il. Les pouvoirs publics seront-ils en mesure de les accueillir ?” En effet, trouver un format de lecture et de restitutio­n qui survive aux prochaines décennies est un fort enjeu de l’archivage électroniq­ue. “Quid également de l’accès aux archives ? s’interroge-t-il. Aujourd’hui, si j’ai acheté un bien immobilier et que je veux le revendre, je ne peux consulter les documents sans le notaire d’origine. Mais à terme, peut-être qu’un confrère pourra demander plus facilement une copie de l’acte, ce qui risque d’amoindrir le lien entre le client et son notaire, et accroître la concurrenc­e.”

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