Le Nouvel Économiste

L’État virtuellem­ent en dépôt de bilan

Le passif de l’État est supérieur de 1 203 Mds€ à son actif

- Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle. PAR FRANÇOIS ECALLE

Les opérations et la situation financière­s de l’État sont décrites dans troiscompp tabilités : la comptabili­té budgétaire, qui est une comptabili­té de caisse et qui permet de suivre l’exécution du budget ; la comptabili­té nationale, qui permet de faire des comparaiso­ns internatio­nales ; la comptabili­té générale, qui ne se distingue de celle des entreprise­s qu’en raison des spécificit­és de l’action publique. Cette troisième comptabili­té est la moins connue et la moins utilisée, mais elle est certifiée par la Cour des comptes et apporte des informatio­ns utiles, notamment en permettant d’établir le bilan de l’État. Il apparaît ainsi que le passif de l’État au 31 décembre 2016 est supérieur de 1 203 Mds€ à son actif net (sa situation nette est négative pour ce montant). Son passif (2 181 Mds€) est surtout constitué de dettes financière­s (1 647 Mds€) : les obligation­s et bons du trésor. Son actif net (978 Mds€) est surtout composé d’immobilisa­tions corporelle­s (462 Mds€) et financière­s (340 Mds€). Une société présentant un tel bilan serait obligéeg de le déposerp rapidement­p au tribunal de commerce, mais l’État, ou tout au moins la nation souveraine à travers lui, dispose d’un actif très particulie­r et non comptabili­sé qui assure en principe sa pérennité : la capacité à lever des impôts.

Une situation nette globale, y compris les collectivi­tés locales, bientôt négative

Cette situation nette négative résulte de l’accumulati­on de résultats annuels déficitair­es. En 2016, le comptep de résultat de l’État s’est soldé par un déficit de 76 Mds€. C’est un peu mieux qu’en 2015 (83 Mds€), mais cette améliorati­on tient à des produits et charges financière­s exceptionn­els et à la diminution des charges financière­s récurrente­s (le compte de résultat de l’État ne distingue pas les opérations non récurrente­s). Hors charges financière­s nettes, le déficit de 2016 est supérieur de 7 Mds€ à celui de 2015. En annexe du compte général de l’État figurent ses engagement­s hors bilan. Leur totalisati­on n’aurait pas de sens, mais on peut noter certains d’entre eux comme les garanties d’emprunts (195 Mds€) ou le capital appelable du mécanisme européen de solidarité (126 Mds€). Il est parfois affirmé que les actifs publics sont supérieurs à la dette publique. Ce n’est manifestem­ent ppas le cas de l’État, mais c’est le cas des collectivi­tés territoria­les. La connaissan­ce de leurs actifs reste toutefois très approximat­ive. L’Insee les évalue par des méthodes statistiqu­es et peut ainsi publier les actifs et passifsp de l’ensemble des administra­tions publiques. À la fin de 2015, leurs actifs nets étaient encore supérieurs d’environ 300 Mds€ à leurs passifs, grâce aux collectivi­tés locales, mais cette situation nette de l’ensemble des administra­tions publiques diminue régulièrem­ent et sera bientôt, elle aussi, négative.

Une société présentant un tel bilan serait obligée de le déposer rapidement au tribunal de commerce, mais l’État, ou tout au moins la Nation souveraine à travers lui, dispose d’un actif très particulie­r et non comptabili­sé qui assure en principe sa pérennité, la capacité à lever des impôts.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France