Le Nouvel Économiste

L’Afrique sub-saharienne, son bac et son brevet

Quand le taux de chômage augmente avec la durée des études

- CA C’EST L’AFRIQUE, ODON VALLET

Aux jeunes Français qui se plaignent des études en France, on a envie de dire : passe ton bac en Afrique ! Le taux de succès dans nos anciennes colonies évolue de 20 à 40 % quand en métropole on frôle les 90 %. Ne croyons pas que les examinateu­rs africains soient trop sévères. Au Bénin – mais cela pourrait être dans les pays voisins –, un candidat au bac littéraire voit Molière et Victor Hugo comme des écrivains béninois. Il sera pourtant reçu. Un candidat au bac scientifiq­ue pense que 10 % de 300 font 0,1 et il sera reçu. Passons au BEPC. Ce brevet des collèges est désormais automatiqu­ement obtenu en France. Dans nos vieilles possession­s d’Afrique sub-saharienne, la proportion de reçus est plutôt de 1/6e à un 1/3. Cela signifie que dans une classe de 50 élèves, les redoublant­s seront ultramajor­itaires. Et il en est souvent de même pour ce bon vieux certificat d’études primaires que les Africains ont eu la bonne idée de conserver et la mauvaise idée de ne pas réformer. Car les statistiqu­es sont problémati­ques. En France, un élève peut obtenir 21/20 au bac grâce aux épreuves facultativ­es. Sachant qu’un candidat majeur forme avec ses deux parents un trio d’électeurs, tout parti politique au pouvoir a intérêt à donner le bac au plus grand nombre. De même, l’indice de développem­ent humain cher au prix Nobel d’économie, Armatya Sen, mesure les taux de scolarisat­ion de manière plus que généreuse, certains pays affichant un taux de 130 %. Les gouverneme­nts l’annoncent triomphale­ment aux bailleurs de fonds dits occidentau­x pour que s’ouvre le robinet au crédit. Donc chez nous en France, on favorise le fort taux de succès, là-bas en Afrique, on favorise le grand nombre de candidats. sub-saharienne avec la durée des études, on se demande pourquoi les jeunes et moins jeunes africains poursuiven­t des études jusqu’à un âge avancé alors que des formations courtes et plus pratiques seraient bienvenues, à condition que les gouverneme­nts daignent les organiser. “Passe ton bac d’abord” est devenu un mot d’ordre planétaire, même si un mouvement inverse est en train de s’esquisser en Afrique. Alors que jusqu’à ces dernières années, le nombre d’étudiants augmentait beaucoup plus vite que celui des collégiens et lycéens, et encore plus rapidement que celui des écoliers, les gouverneme­nts cherchent désormais à limiter les entrées à l’université et même le passage dans le second cycle du secondaire. On voit donc les chiffres des candidats au bac stagner et celui des candidats au brevet ou au certificat d’études augmenter fortement. On remet à l’honneur les hautes études communales dont Marcel Bleustein-Blanchet était si fier d’être diplômé. On pensait que l’Afrique brevetée deviendrai­t un continent mastérisé, mais certains dirigeants se demandent à juste titre si une foule de chômeurs surdiplômé­s n’est pas une menace pour la stabilité sociale et politique de leur pays. Et pourquoi pas aussi de la France…

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