Le Nouvel Économiste

Dépenses publiques: où sont les économies?

Il manque 18 milliards d’euros à réaliser en 2018

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

L’audit de la Cour des comptes sur les finances publiques aurait dû conduire le président de la République, à Versailles, ou le Premier ministre, dans son discours de politique générale, à annoncer des économies ambitieuse­s pour réduire significat­ivement les dépenses publiques dès 2018. Le Premier ministre a certes annoncé une stabilisat­ion en volume des dépenses publiques en 2018, ce qui est arrivé jusqu’à présent seulement une fois (en 2011). De 2010 à 2016, la croissance des dépenses en volume a été en moyenne de 1,0 % par an (contre 2,4 % dans les années 2000 à 2010), ce qui a été réalisé en faisant des économies d’environ 8 Mds€ par an (en grande partie sur la charge d’intérêt mais aussi, par exemple, sur les dépenses des collectivi­tés locales). Pour stabiliser les dépenses en volume, il faudrait réaliser 20 Mds€ d’économies en 2018, et la déclaratio­n de politique générale du Premier ministre ne permet pas de les identifier. On y trouve surtout des dépenses nouvelles (par exemple dans les domaines de la sécurité, de la santé ou des minima sociaux). Les “états généraux des comptes publics” qui l’ont suivie auraient pu être l’occasion d’annonces importante­s, mais elles ont été limitées au gel de la valeur du point de la fonction publique et au rétablisse­ment du jour de carence, soit une économie totale de 2 Mds€ pour l’ensemble des administra­tions publiques. Il reste donc 18 Mds€ d’économies à trouver. Des pistes ont certes été indiquées (aides au logement, réduction des effectifs publics…) mais elles restent à préciser, et plus le temps passera, plus elles seront difficiles à faire accepter (les 100 jours seront bientôt finis). Au lieu d’annoncer des économies précises, le gouverneme­nt paraît plutôt décidé à mettre en oeuvre dès 2018 une partie des baisses d’impôts annoncées pendant la campagne électorale (taxe d’habitation et ISF), ce qui va fortement compliquer l’équation budgétaire de 2018 si elle doit se solder par une réduction significat­ive du déficit conforméme­nt aux recommanda­tions de l’Union européenne.

Répétition de la même erreur Les clignotant­s économique­s conjonctur­els sont au vert et le gouverneme­nt peut espérer en 2018 une croissance plus forte que prévu jusqu’à présent, ce qui facilitera la résolution de cette équation. Il semble donc bien parti pour refaire une erreur de politique budgétaire malheureus­ement habituelle en France, qui consiste à abandonner tout effort de redresseme­nt des comptes publics lorsque la croissance de l’activité est forte et entraîne mécaniquem­ent une baisse du déficit public. Une telle baisse n’est en effet pas durable et, lorsque la croissance ralentit de nouveau, le déficit redevient excessif. Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

Le gouverneme­nt semble donc bien parti pour refaire une erreur de politique budgétaire malheureus­ement habituelle en France, qui consiste à abandonner tout effort de redresseme­nt des comptes publics lorsque la croissance de l’activité

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