Le Nouvel Économiste

13 juillet 1967 : la création de l’ANPE

Le premier service que pourrait rendre Pôle Emploi serait de disparaîtr­e

- EPHÉMÉRIDE, JEAN-MARC DANIEL

La seule chose que l’on aurait dû essayer est l’acceptatio­n de cette évidence économique qui est que si le travail ne trouve pas preneur, c’est que son prix n’est pas le bon ; c’est-à-dire qu’il est rendu trop cher par la masse d’impôts

qui le frappe.

Le 13 juillet, l’ANPE (l’Agence nationale pour l’emploi) aurait eu 50 ans. Je parle au conditionn­el car depuis 2008, l’ANPE est noyée dans Pôle emploi. Sa création en 1967 se fait par ordonnance. Déjà, le pouvoir de l’époque avançait l’urgence pour contourner le parlement. Il faut dire que l’Assemblée élue en mars 1967 compte une très courte majorité en faveur du gouverneme­nt de Georges Pompidou, ce qui la rend difficile à manier. En outre, ce gouverneme­nt affronte une détériorat­ion de la situation économique qu’il n’a pas anticipée. Après la phase de reconstruc­tion, la croissance française change de profil pour s’inscrire dans une logique cyclique. C’est ainsi que vont désormais s’enchaîner des cycles économique­s avec des phases de ralentisse­ment voire de récession en 1967, 1975, 1983, 1993, 2001 et 2009. En 1967, on n’a guère conscience de cela. Constatant un creusement du déficit des comptes sociaux, le pouvoir s’embarque dans une politique pro-cyclique visant à les ramener à l’équilibre qui accélère l’aggravatio­n du chômage. Et il répond à cette aggravatio­n du chômage par le dirigisme et l’interventi­on étatique sur le marché du travail. 174 000 personnes sont alors inscrites dans les bureaux de maind’oeuvre, les structures mises en place à la Libération pour accueillir et orienter la main-d’oeuvre disponible. Cela correspond à un taux de chômage de 2 %, c’està-dire à 400 000 chômeurs. Commentant la situation, Georges Pompidou déclare solennelle­ment : “si un jour on atteint les 500 000 chômeurs en France, ce sera la Révolution”. Une réaction s’impose donc. Celle-ci prend la forme d’une prise en chargeg directe du marché du travail par l’État au travers de l’ANPE.

Une politique dirigiste décevante

Le moins que l’on puisse dire est que le bilan de cette politique dirigiste aura été décevant, puisque le chômage touche aujourd’hui 9,5 % de la population active. Dans un rapport de 2015 sur le successeur de l’ANPE qu’est Pôle emploi, la Cour des comptes écrivait

“Estimer la performanc­e de Pôle emploi est

un sujet complexe” ; certes ! Ce qui n’empêchait pas ensuite la Cour d’étriller Pôle emploi. Faire le procès à charge de l’ANPE et de ses avatars est facile mais injuste car elle est moins un problème qu’une erreur. En juillet 1993, François Mitterrand affirmait, fataliste : “Contre

le chômage, on a tout essayé”. Mais ce que l’on a essayé, c’est la “politique de l’emploi”, c’est-à-dire la multiplica­tion des intervenan­ts publics et des décisions contradict­oires. La seule chose que l’on aurait dû essayer est l’acceptatio­n de cette évidence économique qui est que si le travail ne trouve pas preneur, c’est que son prix n’est pas le bon ; c’est-à-dire qu’il est rendu trop cher par la masse d’impôts qui le frappe. Le premier service que pourrait rendre l’ANPE devenue Pôle emploi serait de disparaîtr­e, permettant ainsi la réduction des cotisation­s Unedic et une baisse du coût du travail.

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