Le Nouvel Économiste

Les FIP outre-mer ouverts à tous p. 20

Les fonds d’investisse­ment de proximité DOM-COM s’ouvrent à l’ensemble des contribuab­les français. Un plus aux lois Girardin et Pinel

- PAR LAURÈNE RIMONDI

Depuis les années 80, l’outre-mer bénéficie d’aides fiscales à l’investisse­ment. S’ils s’adressaien­t autrefois aux particulie­rs les plus imposés, ces dispositif­s se démocratis­ent de plus en plus. L’objectif : attirer l’épargne métropolit­aine en vue de favoriser le développem­ent d’une économie locale, ainsi que des infrastruc­tures. Ces dispositif­s de défiscalis­ation sont majoritair­ement mis en place dans le cadre de la loi Girardin, qui a pour objectif de financer le matériel industriel neuf loué à des PME locales, mais aussi les logements sociaux. La loi Pinel, qui possède sa déclinaiso­n outre-mer, propose également un mécanisme d’incitation fiscale à l’achat d’immobilier neuf. Autre mesure, la loi dite “égalité réelle des outre-mer”, votée le 14 février 2017 par le Parlement, devrait aussi donner un nouveau souffle aux investisse­ments ultramarin­s. Cette réglementa­tion ouvre les fonds d’investisse­ment de proximité (FIP) DOM-COM, qui existaient depuis 2011, à l’ensemble des contribuab­les français. Jusque-là réservés aux résidents fiscaux domiens, ces FIP attiraient peu d’investisse­urs. “L’exclusion des contribuab­les métropolit­ains mettait les FIP DOM en échec constant, puisqu’en 2014, ils levaient péniblemen­t 3 millions d’euros, quand les

FIP Corse atteignaie­nt 70 millions, sur un territoire au potentiel pourtant bien plus restreint”, affirme Jérôme Devaud, directeur général délégué d’Inter Invest. Une bonne nouvelle, donc, pour les entreprise­s de Guadeloupe, Guyane, Martinique, La Réunion, Mayotte, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-etMiquelon, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et des îles Wallis et Futuna, qui accéderont à une nouvelle manne. Les FIP ultramarin­s auront l’obligation d’investir 70 % des sommes dans des PME locales, dans des secteurs d’avenir comme l’énergie renouvelab­le, l’agroalimen­taire ou le tourisme, tandis que le solde pourra être réparti sur des OPCVM monétaires, obligatair­es ou autres. Les acteurs anticipent déjà un effet d’aubaine sur ces produits financiers. “Nous constatons déjà une véritable appétence des conseiller­s en gestion de patrimoine pour les FIP outre-mer. Le dispositif Girardin permettait déjà le financemen­t de projets, les FIP outre-mer offriront un financemen­t en fonds propres et améliorero­nt l’accès des PME aux prêts bancaires, ce qui ouvre un cycle vertueux”, annonce Jérôme Devaud. Et la nouvelle a aussi de quoi réjouir les souscripte­urs, puisque ces fonds, comme les FIP Corse, bénéficien­t d’une réduction d’impôt sur le revenu à hauteur de 38 % des sommes engagées. En comparaiso­n, l’avantage fiscal des FIP métropolit­ains s’élève

La loi dite “égalité réelle des outre-mer” ouvre les FIP DOM-COM, qui existaient depuis 2011, à l’ensemble des contribuab­les français. Jusque-là réservés aux résidents fiscaux domiens, ces FIP attiraient peu

d’investisse­urs. Ces fonds, comme les FIP Corse, bénéficien­t d’une réduction d’impôt sur le revenu à hauteur de 38 % des sommes engagées.

En comparaiso­n, l’avantage fiscal des FIP métropolit­ains s’élève à

18 %

à 18 %. Il existe néanmoins certaines limitation­s. Afin de s’assurer un produit performant, il est nécessaire de prendre en considérat­ion la spécificit­é du terrain et de s’adresser à des acteurs de proximité. L’utilisatio­n de l’ensemble du dispositif de défiscalis­ation mis en place pour les DOM-COM reste le meilleur moyen de bénéficier d’une bonne rentabilit­é. Les FIP outre-mer, une opportunit­é risquée Nouvel horizon pour les entreprene­urs, les FIP outre-mer ont pour principale contrainte que les fonds sont bloqués durant six ans au moins – plutôt sept ans dans la pratique – pour que l’avantage fiscal soit validé. L’investisse­ment est également limité chaque année à une réduction d’impôt de 4 560 euros pour une personne seule, 9 120 euros pour un couple, et il se heurte au plafond des niches fiscales de 10 000 euros. Autre inconvénie­nt, les frais de gestion, élevés sur ces produits, se montent à 4 % par an, et viennent rogner une partie de la performanc­e. Surtout, le risque en capital est total. “L’avantage fiscal permet de couvrir une partie du risque de perte de capital. Il est aussi possible de récupérer son capital avec une plusvalue, qui ne sera pas fiscalisée, hors cotisation­s sociales”, précise Jérôme Devaud. Certains acteurs demeurent encore réservés sur la

 ??  ?? A l’image de la Guyane qui s’est récemment soulevée, l’outremer se sent parfois délaissée par la métropole… mais aussi par les investisse­urs. Ces territoire­s éloignés jouissent pourtant de dispositif­s fiscaux intéressan­ts grâce aux lois Girardin et...
A l’image de la Guyane qui s’est récemment soulevée, l’outremer se sent parfois délaissée par la métropole… mais aussi par les investisse­urs. Ces territoire­s éloignés jouissent pourtant de dispositif­s fiscaux intéressan­ts grâce aux lois Girardin et...
 ??  ?? “Pour l’instant, la rentabilit­é annoncée de ces FIP nous semble insuffisan­te par rapport au risque encouru par l’investisse­ur.” Jean-Michel Maraval, Strainvest.
“Pour l’instant, la rentabilit­é annoncée de ces FIP nous semble insuffisan­te par rapport au risque encouru par l’investisse­ur.” Jean-Michel Maraval, Strainvest.

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