Le Nouvel Économiste

LES MARCHÉS DANS L’OEIL DU CYCLONE ?

Irma et Harvey auront bien davantage affecté la vie des habitants que celle des marchés et de la croissance

- LA MAIN INVISIBLE DU MARCHÉ, BERTRAND JACQUILLAT

Plusieurs ouragans, dont Irma, ont dévasté la zone Caraïbes et le sud-est des États-Unis, notamment les îles

Les ouragans auront probableme­nt pour conséquenc­e de prolonger un temps la politique monétaire américaine accommodan­te, mais leur effet sur la croissance économique sera mitigé, et pas forcément négatif

Saint-Barthélémy et Saint-Martin. Irma s’est produit à la suite d’Harvey qui a dévasté une partie du Texas, dans la région de Houston, avant qu’Irma n’endommage la Floride. Ces ouragans ont fait un grand nombre de victimes, il est encore trop tôt pour en connaître le chiffrage, même approximat­if, mais les images qu’en ont envoyées les chaînes d’informatio­n ont montré l’immense étendue des dégâts matériels. Un très grand nombre de familles ont tout perdu et il convient de s’interroger sur les conséquenc­es économique­s de ces cyclones. Même si les destructio­ns massives de propriétés n’apparaisse­nt pas dans les statistiqu­es de croissance du PNB, les actifs que matérialis­ent ces droits de propriété sont nécessaire­s à l’activité de production et de consommati­on. Ces dérèglemen­ts ont pour conséquenc­e d’entamer le niveau d’évolution économique qui aurait prévalu en leur absence: des usines, des ateliers, des commerces sont obligés de fermer pendant un certain temps, voici pour la production, tandis que beaucoup d’hommes et de femmes se trouvent directemen­t ou indirectem­ent au chômage technique, voilà pour la consommati­on.

Cyclones sur la FED Mis à part les consommati­ons de type alimentair­e qui peuvent être moindres un temps et qui ne sont pas rattrapabl­es, les autres biens détruits doivent être reconstrui­ts une fois les dérèglemen­ts surmontés, ce qui dope la croissance économique. Autrement dit, dans un premier temps, les ouragans provoquent une baisse de la production et de la consommati­on et donc une baisse de la croissance économique dont les économiste­s de Barclays estiment pour ce qui concerne Harvey et le Texas, que celui-ci entamera le taux de croissance au 3e trimestre 2017 dans une fourchette de 1 % à 1,5 %, sans compter la contributi­on supplément­aire des dégâts de l’ouragan Irma en Floride et en Alabama. Il est clair que d’un point de vue strictemen­t économique, les ouragans qui se sont déversés sur les Antilles auront un impact économique bien moindre que ceux qui se sont abattus sur le Texas et la Floride, du fait de la taille des deux économies, celle restreinte des Antilles et celle beaucoup plus vaste du Texas et de la Floride. Une autre conséquenc­e possible des ouragans est d’altérer le sentier de la politique monétaire de la Réserve Fédérale américaine qui devait conduire celle-ci à augmenter d’1/4 de point ses taux d’interventi­on lors de sa réunion de décembre. À cette date, la FED connaîtra l’incidence des ouragans sur les chiffres de la croissance américaine au 3e trimestre. Mais elle sera encore incertaine sur l’étendue du rattrapage de croissance lié à la reconstruc­tion, qui devrait se matérialis­er à partir du 4e trimestre. En définitive, du seul point de vue de la politique économique et monétaire, les ouragans auront probableme­nt pour conséquenc­e de prolonger un temps la politique monétaire américaine accommodan­te, mais leur effet sur la croissance économique sera mitigé, et pas forcément négatif. En net, et toutes choses égales par ailleurs, l’oeil du cyclone aura bien davantage affecté la vie des gens qui en ont subi les conséquenc­es humanitair­es que celle des investisse­urs.

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