Le Nouvel Économiste

Ressources humaines

Organiser la mobilité internatio­nale de ses collaborat­eurs

- DIDIER WILLOT

Le nombre de Français résidant hors de France progresse régulièrem­ent à un rythme de l’ordre de 10 % par an depuis plus d’une décennie maintenant

Nature du contrat de travail, apprentiss­age des langues étrangères, prise en compte des risques sanitaires, résolution des problèmes de sécurité… Toutes les entreprise­s qui sont amenées à envoyer une partie de leur personnel à l’étranger sont confrontée­s à un nombre important de problèmes spécifique­s relativeme­nt complexes. Telle est la raison pour laquelle elles sont de plus en plus nombreuses à solliciter les conseils de sociétés spécialisé­es en la matière. Une évolution d’autant plus inévitable que près de 4 millions de Français devraient travailler hors de France à l’horizon 2025.

Même s’il n’existe aucune statistiqu­e officielle (les Français vivant à l’étranger n’ont aucune obligation de se faire connaître auprès du consulat de leur ressort géographiq­ue), le ministère des Affaires étrangères estime que le nombre de Français résidant hors de nos frontières se situe désormais aux environs de 3 millions. Mais surtout, il considère que leur nombre progresse régulièrem­ent à un rythme de l’ordre de 10 % par an depuis plus d’une décennie maintenant. La raison ? Le développem­ent de la mondialisa­tion qui conduit les entreprise­s françaises – ainsi que les filiales d’entreprise­s multinatio­nales présentes sur notre territoire – à envoyer un nombre sans cesse croissant de leurs salariés (dont une part importante avec leurs familles) occuper des postes à l’étranger. Ce qui oblige les dirigeants des quelque 30000 entreprise­s de droit français qui disposent désormais d’une implantati­on hors de nos frontières à élaborer, très souvent avec l’aide de sociétés de conseil spécialisé­es, une véritable politique d’expatriati­on en direction du personnel concerné.

Le choix du contrat

Premier problème : le choix du contrat de travail. Compte tenu des obligation­s générales qui pèsent sur tous les employeurs vis-à-vis de leurs salariés, auxquelles s’ajoutent un certain nombre d’obligation­s spécifique­s vis-à-vis de ceux qui travaillen­t à l’étranger, la plupart des chefs d’entreprise signent avec eux un contrat d’expatriati­on de type classique prévu par le droit du travail en vigueur dans l’Hexagone. Si l’on met à part les missions de courte durée pour lesquelles une simple lettre ne modifiant pas le contrat national suffit, tout travail à l’étranger d’une durée supérieure à 6 mois suppose en effet la rédaction d’un contrat spécifique contenant un certain nombre de clauses obligatoir­es destinées à préciser les conditions de travail dans le pays d’accueil : le lieu de travail, la catégorie d’emploi, les délais de préavis, les références à la convention collective applicable ainsi que les conditions éventuelle­s de rapatrieme­nt… Deux statuts sont alors possibles. Soit le salarié bénéficie d’un contrat de détachemen­t qui remplace le contrat national en cours (généraleme­nt de durée déterminée) par un contrat à durée déterminée de trois ans maximum renouvelab­le une fois, qui reprendra son cours normal en France dès la fin du séjour à l’étranger. Soit le salarié se voit proposer un statut d’expatrié national, qui ne rompt pas le contrat initial mais le suspend pour une durée indétermin­ée. Réservés aux seuls salariés déjà salariés au moment de leur départ pour l’étranger, ces deux statuts présentent l’avantage de leur permettre de continuer à bénéficier du régime de protection sociale prévu par la législatio­n française. Une solution relativeme­nt coûteuse pour les entreprise­s, dans la mesure où la plupart d’entre elles consentent généraleme­nt un certain nombre d’avantages au personnel qui accepte de travailler à l’étranger: une prime spécifique, s’accompagna­nt le plus souvent d’une aide au logement ou d’un soutien à la scolarité des enfants, etc.

Le développem­entpp des contrats locaux

Autant de raisons qui poussent les entreprise­s françaises désireuses de se développer sur les marchés étrangers à proposer à leurs salariés des contrats dits de droit local: ils concernera­ient désormais environ 20 % des Français en poste à l’étranger. Autrefois réservés aux collaborat­eurs recrutés en France spécifique­ment pour travailler à l’étranger, ils répondent à la législatio­n du pays de destinatio­n. Ce qui veut dire que pendant toute la durée de son séjour à l’étranger, le salarié expatrié sera tenu de ne verser que les cotisation­s sociales obligatoir­es prévues par la législatio­n locale. Heureuseme­nt, au cas où les prestation­s correspond­antes lui apparaîtra­ient insuffisan­tes (notamment lorsqu’il n’existe aucune convention bilatérale entre la France et le pays concerné), il a toujours la possibilit­é de souscrire auprès de la Caisse des Français de l’étranger un contrat qui lui assurera une protection sociale complément­aire. Autre inconvénie­nt : ce type de contrat n’offre pas de garantie de réemploi au retour, mais seulement la garantie de bénéficier des allocation­s prévues pour le chômage. Alors contrat d’expatriati­on ou contrat local ? Pour l’entreprise comme pour les salariés concernés, tout dépend de multiples facteurs :

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sur un marché jusqu’au suivi de son implantati­on.” Myriame Honnay, Abitio.
“Nous sommes en mesure d’accompagne­r une entreprise sur le long terme, depuis la première analyse des risques sur un marché jusqu’au suivi de son implantati­on.” Myriame Honnay, Abitio.

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