Gestion & monétique
Les outils du cashless
Le marché du paiement est en effervescence. Les innovations sont légion, se superposant ou chassant les précédentes. D’autant que pour émerger, une nouvelle solution de paiement doit être adoptée de façon massive par les commerçants et les clients, et être accessible sur l’ensemble des devices. Dans ce contexte, difficile pour les professionnels d’y voir clair. En pratique, elles permettent pourtant bien de fluidifier l’expérience client, en magasin comme sur le web. D’autant que la dématérialisation des services financiers offre de nombreux avantages en termes de gestion et de sécurité.
Jamais le monde du paiement n’a autant évolué qu’au cours des cinq dernières années. En 2015, les acteurs de la fintech, les technologies financières, ont battu des records, avec 47 milliards de dollars investis. En France, 40 % des commerces CB sont équipés de terminaux sans contact. Les clients n’ont plus besoin de taper leur code pour les petites sommes, les files d’attente se réduisent. Dans les magasins, certains consommateurs dégainent même directement leur mobile. Si les banques tentent d’imposer leurs services, la course à l’innovation s’est intensifiée avec l’arrivée de jeunes entreprises telles que Lydia, Heoh ou Sylha. À l’heure actuelle, aucune solution ne s’est encore imposée durablement et les espèces restent encore utilisées pour 75 % des achats de proximité.
Contrastes culturels
Le contraste est saisissant avec les pays d’Europe du Nord. En Suède, le cash fait déjà figure de relique, puisqu’il ne représente plus que 2 % des transactions financières. Une proportion divisée par deux en seulement cinq ans. Les Suédois n’ont plus que leur téléphone à la main : l’application Swish sert aussi bien à payer les petits producteurs sur les marchés que le pain. Elle est même utilisée pour faire un don à un SDF ou à l’église, et beaucoup de commerçants n’acceptent plus les couronnes. Au Danemark, le gouvernement a autorisé les boutiques à refuser les paiements en liquide entre 22h et 6h. Ce qu’on appelle désormais la “cashless society” avance aussi à grand pas en Asie. La Corée compte tout bonnement annoncer la fin des pièces de monnaie d’ici 2020, tandis qu’en Chine, la plupart des transactions sont réalisées par les géants du web Alibaba et Wechat. L’Afrique, où le taux de bancarisation est faible, est aussi un terrain de propagation fertile. Quant à la France, les résistances aux nouveaux moyens de paiement restent assez élevées. Si de nouveaux services financiers sont régulièrement imaginés, seule une poignée émerge. D’autant que les modalités d’utilisation diffèrent parfois en fonction des banques. “Les différences culturelles relatives aux moyens de paiement sont très marquées. La France est le pays d’invention de la carte bancaire et les utilisateurs sont attachés à ses garanties. Pour basculer vers de nouveaux
usages, il faut convaincre les usagers mais aussi les commerçants, qui n’adoptent ces transformations que si elles apportent quelque chose à leur business”, selon Aurélie Tible, directrice marketing chez Lyra. Pour convaincre, un service financier doit être industrialisable à grande échelle, à faible coût et présenter un haut niveau d’ergonomie et de
sécurité. “L’objectif ultime est de rendre le paiement invisible ou en tout cas le moins pénalisant possible dans l’acte d’achat, car cette partie du parcours d’achat est une contrainte tant pour les commerçants que les clients”, souligne Gilles Grapinet, CEO de Worldline.
Le sans contact sur CB et smartphone fait son nid
Lancé en 2010, le sans contact, qui s’appuie sur la carte bancaire, est désormais bien implanté. 585 000 commerçants l’acceptent, soit 40 % du parc, selon CB, et 67 % des cartes bancaires en sont équipées, selon CB. Un coup d’accélérateur devrait être donné avec l’augmentation du plafond de 20 à 30 euros cet automne. Prolongement du sans contact, les solutions mobiles de type Paylib sous Android, et Apple Play sur IOS, sont également prometteuses. Lancée il y a trois ans sur le créneau de la
“Les différences culturelles relatives aux moyens de paiement sont très marquées. La France est le pays d’invention de la carte bancaire et les utilisateurs sont attachés à ses garanties”