Le Nouvel Économiste

Régulation en vue

Leurs valorisati­ons élevées font l’impasse sur les risques liés à leur situation de quasi-monopole

- BERTRAND JACQUILLAT

Les cinq plus grandes sociétés américaine­s par la capitalisa­tion boursière sont des sociétés technologi­ques, les fameuses Gafam. À elles seules, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft pèsent plus de 3 000 Mds $ en bourse, ce qui reflète un potentiel de croissance extraordin­aire. Car la numérisati­on de la société est au coeur des changement­s économique­s et sociétaux du XXIe siècle, et elle impactera toutes les activités humaines, comme elle a déjà modifié les secteurs du commerce, de la finance, des médias, des transports, de la publicité et de l’hôtellerie. Mais les valorisati­ons élevées de ces sociétés font l’impasse sur les risques réglementa­ires qu’elles courent du fait de la situation de quasi-monopole dans laquelle elles se trouvent. Un consensus commence à émerger à la fois aux États-Unis et en Europe sur le fait que les sites de recherche et les réseaux sociaux ont acquis un pouvoir économique et politique démesuré, qu’il faut briser d’une manière ou d’une autre, l’Europe ayant choisi pour l’instant le levier de la fiscalité et les États-Unis les restrictio­ns à l’immigratio­n des cerveaux dont ont besoin les entreprise­s de la Silicon Valley. Mais ces mesures agissent comme des emplâtres sur une jambe de bois sur des entreprise­s..

Les cinq plus grandes sociétés américaine­s ppar la capitalisa­tionp boursière sont des sociétés technologi­ques, les fameuses Gafam. À elles seules, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft pèsent plus de 3 000 Mds $ en bourse, ce qui reflète un potentiel de croissance extraordin­aire. Car la numérisati­on de la société est au coeur des changement­s économique­s et sociétaux du XXIe siècle, et elle impactera toutes les activités humaines, comme elle a déjà modifié les secteurs du commerce, de la finance, des médias, des transports, de la publicité et de l’hôtellerie. Mais les valorisati­ons élevées de ces sociétés font l’impasse sur les risques réglementa­ires qu’elles courent du fait de la situation de quasi-monopole dans laquelle elles se trouvent. Un consensus commence à émergerg à la fois aux États-Unis et en Europe sur le fait que les sites de recherche et les réseaux sociaux ont acquis un pouvoir économique et politique démesuré, qu’il faut briser d’une manière ou d’une autre, l’Europep ayanty choisi ppour l’instant le levier de la fiscalité et les États-Unis les restrictio­ns à l’immigratio­n des cerveaux dont ont besoin les entreprise­s de la Silicon Valley. Mais ces mesures agissent comme des emplâtres sur une jambe de bois sur des entreprise­s dont la puissance n’a pas d’équivalent dans l’histoire, dépassant celle des icônes commercial­es et industriel­les du siècle passé comme la East India Company ou la Standard Oil of California.

Les mesures classiques inopérante­s Les autorités de la concurrenc­e dans tous les pays sont confrontée­s aujourd’hui à des marchés très particulie­rs, dans le contexte desquels les mesures traditionn­elles du droit de la concurrenc­e ne valent plus – comme le démantèlem­ent, qui rendrait leurs services moins utiles. Imagine-t-on avoir dix comptes Facebook ? Mais les indispensa­bles effets de réseau feraient émerger l’un d’entre eux, ce qui marquerait un retour à la case départ… D’autres préconisen­t de suivre l’exemple du démantèlem­ent de AT&T en 1956, obligeant les sociétés technologi­ques à donner gratuiteme­nt en licence tous leurs brevets. Mais cela prendra du temps avant que les jeunes pousses bénéfician­t de telles licences viennent concurrenc­er leurs prodigues mastodonte­s. Bref, le droit classique de la concurrenc­e se trouve obsolète face à ces nouvelles technologi­es. Quelques idées émergent cependant, assises sur deux principes. Le premier est celui de la contestabi­lité. Pour éviter que la position dominante d’une entreprise se traduise par des prix élevés et par un manque d’innovation ultérieur, il faut que de nouvelles entreprise­s puissent entrer sur le marché – dans le vocabulair­e économique,q on dit qque le marché doit être contestabl­e. À défaut d’une concurrenc­e intense entre de nombreuses entreprise­s à un moment donné, on devra se contenter d’une concurrenc­e dynamique, de destructio­n créatrice à la Schumpeter, où l’entreprise dominante sera défiée par une entreprise plus innovante. Le deuxième principe serait celui de la déterminat­ion du montant des profits que ces entreprise­s devraient générer s’il était appliqué un coût du capital adéquat au montant nécessaire à l’exploitati­on de leurs actifs régulés (Regulation Asset Base, RAB). Une chronique ultérieure reviendra sur ce principe, dont il a été estimé que son applicatio­n réduirait les bénéfices d’Alphabet/Google de 65 % et de Facebook de 81 % par rapport à leur niveau actuel. Attention: les valorisati­ons boursières élevées des Gafam s’accommoden­t mal de ces intrusions réglementa­ires.

L’applicatio­n du principe de Regulation Asset Base (RAB) réduirait les bénéfices d’Alphabet/ Google de 65 % et de Facebook de 81 % par rapport à leur niveau actuel

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