Le Nouvel Économiste

Le cycle haussier des actions fête son 100e mois

Et rien ne semble montrer qu’il pourrait s’arrêter

- LA MAIN INVISIBLE DU MARCHÉ, BERTRAND JACQUILLAT

Partout dans le monde, les marchés d’actions sont proches de leur plus haut historique. Le Dow Jones, l’indice fétiche des bourses américaine­s, flirte avec les 23 000 points dans la foulée du rallye boursier toujours en cours, le plus détesté de toute l’histoire pour avoir laissé au bord du chemin nombre d’investisse­urs qui, depuis longtemps, avaient pris le risque de ne pas en être. Aussi se préoccuper des niveaux de valorisati­on atteints par les marchés est-il devenu le passe-temps favori des commentate­urs qui expriment plusieurs motifs d’inquiétude. q Le ppremier est la longueurg du cycle.y Les États-Unis ont entamé leur centième mois d’un cycle haussier de leurs actions, commencé en 2009 et devenu le deuxième plus long cycle haussier depuis 1945. Il n’y a pas lieu de s’en inquiéter pour autant, car comme le rappelait Alan Binder, ancien vice chairman de la Réserve fédérale américaine, les cycles d’expansion économique et financière ne meurent pas de leur belle mort. Leur ascension ne s’arrête qu’à la suite d’un choc qui la stoppe, que celui-ci soit volontaire ou mal calibré. De ce point de vue, aucun choc pétrolier n’est en vue et Janet Yellen (FED) et Mario Draghi (BCE) montrent une extrême prudence dans leur recherche d’un retour à la normale de la politique monétaire dont ils ont la charge.

Tout bon pour l’économie réelle

Les autres signes d’inquiétude ont trait aux niveaux atteints par certains ratios de valorisati­on, comme le CAPE (Cyclically Adjusted Price Earnings) popularisé par le prix Nobel d’économie Robert Shiller, qui représente le ratio du prix des actions des sociétés aux bénéfices moyens qu’elles ont générés au cours des dix exercices passés. Celui-ci est pproche de 30 aux États-Unis, alors que sa moyennehis­p torique est de l’ordre de 17. Mais son niveau élevé s’explique en grande partie par des années de bénéfices sévèrement amputés à la suite de la grande récession. D’ailleurs, le PER instantané des bénéfices 2018 estimés est de l’ordre de 19, correspond­ant peu ou prou à sa moyenne historique. Autre indicateur, la prime de marché des actions d’Associés en Finance qui indique l’écart de rentabilit­é anticipé entre les actions et les obligation­s. Plus celle-ci est élevée par rapport à sa moyenne historique, plus attractif est le marché des actions, comme ce fut le cas avec son maximum historique de 11,80 % atteint en mars 2009, en pleine crise financière, et qui marquera le début du cycle haussier qque nous connaisson­s aujourd’hui.j À l’inverse, plus la prime de marché est faible et plus cher apparaît le marché des actions, comme en janvier 2000, à la veille de l’éclatement de la bulle Internet. Aujourd’hui, la prime de marché d’environ 6 % est proche de sa moyenne historique. Elle ne donne donc aucun signal particulie­r dans un sens ou dans l’autre, mais les prix des obligation­s sont tellement dopés par les achats massifs d’obligation­s des banques centrales que leur rentabilit­é est du même ordre que celle du livret A, proche de zéro. Les investisse­urs devraient continuer à privilégie­r les actions avec pour conséquenc­e la poursuite de l’ascension de leurs cours, d’autant que d’autres facteurs positifs sont à l’oeuvre, comme les perspectiv­es très positives des bénéfices des sociétés pour 2017 et 2018, le maintien des taux d’intérêt à des niveaux très bas pour au moins les 18 prochains mois et le projet de réforme fiscale de Donald Trump Dans un tel environnem­ent de taux très déprimés, le niveau de rentabilit­é des actions rend celles-ci particuliè­rement attractive­s. Les investisse­urs devraient donc continuer à privilégie­r les actions avec pour conséquenc­e la poursuite de l’ascension de leurs cours, d’autant que d’autres facteurs positifs sont à l’oeuvre comme les perspectiv­es très positives des bénéfices des sociétés pour 2017 et 2018, le maintien des taux d’intérêt à des niveaux très bas pour au moins les 18 prochains mois et le projet de réforme fiscale de Donald Trump avec la réduction du taux d’IS et l’amnistie fiscale sur le rapatrieme­nt des 2 600 Mds$ de bénéfices accumulés à l’étranger par les sociétés américaine­s. En contribuan­t au retour de la confiance, la poursuite du cycle haussier des actions dans le monde sera éminemment positive pour l’économie réelle car celui-ci stimule l’investisse­ment, et donc la croissance et l’emploi.

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