Le vélo, un vrai mode de déplacement?
Suivant l’exemple des Pays-Bas et du Danemark, la petite reine s’installe dans les esprits et les usages comme un mode de transport à part entière
La France est un pays de vélo. Un vélo surtout considéré dans l’Hexagone comme un loisir, un sport, le Tour de France y contribuant encore pour beaucoup. A contrario, il est beaucoup moins perçu en tant que mode de transport, comme c’est le cas depuis longtemps en Europe du Nord. En 2017, seuls 2 % des Français se rendent à leur travail à vélo chaque jour. Pour des raisons environnementales, sociétales et de santé publique, mais aussi pour son côté pratique, le vélo a pourtant tout pour devenir dans les villes l’un des moyens de transport les plus privilégiés. Alors que différentes mesures des pouvoirs publics et l’émergence du vélo à assistance électrique (VAE) fournissent de nouveaux leviers très favorables, le Français peut-il devenir un cycliste du lundi matin ?
Avec le Velo’v à Lyon depuis 2005 et le Vélib’ à Paris depuis 2007, les vélos mis en libre-service par les mairies ont largement démontré le potentiel du vélo de ville. D’autres cités françaises ont suivi ces exemples avec toujours un succès certain. L’émergence de ces vélos en service public a même donné un sérieux coup de boost au marché, (re)donnant le goût du pédalage. Pourtant, nombreux sont ceux qui privilégient encore les transports en commun et la voiture pour se rendre au travail. Le vélo est-il condamné à demeurer un loisir en France ? “Sport et déplacement sont deux choses bien distinctes, explique Mathieu Stievenard, gérant du vélodrome couvert régional de Roubaix. Mon expérience d’exploitant et de voyageur montre que toutes les infrastructures adaptées pour ce type de
déplacements existent, notamment
aux Pays-Bas.” Très rapidement, la référence est ainsi donnée !
Pays-yBas et Danemark : les références
Les Pays-Bas comme le Danemark, via sa capitale Copenhague, sont les références indéniables. Là-bas comme à Amsterdam, la politique de la ville a été pensée et axée autour du vélo. Ainsi dans la capitale danoise, depuis fin 2016, le nombre de bicyclettes a dépassé celui des voitures et plus de 40 % des citadins se rendent à leur travail en vélo. Dans la cité amstellodamoise, chaque jour, près de 500 000 personnes usent du vélo pour circuler. Des chiffres qui donnent le vertige et soulignent le fossé culturel. “En
France, ça reste un loisir, analyse Emmanuel Antonot, cofondateur de Moustache Bikes, fabriquant de VAE. Aux Pays-Bas, les enfants vont à l’école à vélo. En France, on le sort le week-end mais pas le lundi.” “Quand on demande aux gens pourquoi ils ne veulent pas prendre leur vélo, la notion de sécurité est la plus souvent mise en avant”, relate Clément Cailleau, directeur commercial d’Overade, fabriquant de casques de vélo urbains et pliables. “En France, la cohabitation ne se fait pas bien avec les voitures et ça dissuade tout à fait les cyclistes de se déplacer”, abonde Mathieu Stievenard. Les exemples de Copenhague ou Amsterdam sont significatifs puisque les pistes cyclables sont réalisées aux dépens des routes, là où en France on a adapté les pistes cyclables aux axes routiers existants. Rien qui n’incite réellement à enfourcher son vélo, quand bien même 70 % des trajets en ville font moins de 3 km. “Les gens sont pragmatiques et si les choses sont simples, ils seront convaincus, estime pourtant Emmanuel Antonot. Être plus rapide, mettre toujours le même temps pour faire son trajet sont des atouts.” Le choix du vélo estil condamné à rester un geste écolo ? Il doit pour s’affranchir de son cercle de convaincus, devenir un réflexe comme le moyen de transport le plus rapide et le plus simple. “Les infrastructures sont LE facteur favorable par excellence, estime aussi Matthieu Chatelain, responsable du service digital & social media chez B’Twin. Il faut offrir aux usagers des pistes, un terrain, pour rendre agréable le trajet au quotidien, pour aller au travail et le faire dans les meilleures conditions, de jour comme de nuit, par
beau temps ou sous la pluie.” Des propos que confirme Mathieu
Stievenard : “C’est un travail au long cours qui ne pourra changer qu’avec les infrastructures. C’est
Dans la capitale danoise, depuis fin 2016, le nombre de bicyclettes a dépassé celui des voitures et plus de 40 % des citadins se rendent à leur travail en vélo