Le Nouvel Économiste

Le changement climatique met les pays les plus pauvres en danger

Le FMI sonne l’alarme mais qui l’entendra ?

- LA MAIN INVISIBLE DU MARCHÉ, BERTRAND JACQUILLAT

Le lundi 19 octobre correspond­ait au trentième anniversai­re du Black Monday de 1987, qui enregistra la baisse journalièr­e la plus élevée de toute l’histoire sur tous les marchés du monde, et notamment aux États-Unis où le Dow Jones perdit 20 %. Ce krach eut deux particular­ités dont l’une explique l’autre. Contrairem­ent aux deux crises financière­s et boursières précédente­s de 1929 et 20072009, les marchés retrouvère­nt moins d’un an après octobre 1987 leur niveau d’avant-crise. Pour une raison simple, et ceci constitue la deuxième particular­ité de ce Black Monday : les commentate­urs eurent bien du mal à lui trouver une explicatio­n économique ou géopolitiq­ue. Il fallut attendre les conclusion­s de la commission Brady,y du nom du secrétaire d’État au Trésor américain d’alors, pour en connaître le facteur déclenchan­t : un incident technique dû à une méthode particuliè­re de gestion de portefeuil­le appelée Portfolio Insurance. Celle-ci consistait à modifier l’allocation d’actifs en faveur des actions lorsque celles-ci montaient et inversemen­t, ce qui provoqua le krach. Assurances de portefeuil­le, ETF et autres facteurs de krach Des craintes actuelles des commentate­urs quant aux valorisati­ons jugées élevées sur les marchés boursiers américains et aux nuages géopolitiq­ues qui s’accumulent, c’est le facteur technique qui est le plus inquiétant. En effet, le cycle haussier actuel a provoqué la mise en place de techniques de couverture mal identifiée­s et potentiell­ement dangereuse­s. L’un de ses principaux promoteurs de l’époque, Hayne Leland, craint que l’assurance de portefeuil­le soit entrée dans la clandestin­ité mais soit toujours présente. D’autres techniques de couverture automatiqu­e des portefeuil­les ont été depuis mises en place, telles que le Volatility Control. Celle-ci consiste à vendre des actions lorsque les marchés deviennent chahutés et à en acheter lorsque les marchés traversent une morne plaine avec une volatilité faible, ce qui est le cas actuelleme­nt avec le VIX, l’indice américain de volatilité qui ne cesse de battre des records historique­s de faible volatilité. Qu’adviendra-t-il lorsque la volatilité remontera? Nul ne le sait, mais Leland se fait l’avocat de la publicatio­n des statistiqu­es agrégées de couverture des portefeuil­les, arguant que les régulateur­s ont renforcé leur contrôle sur les banques individuel­les sans se soucier de l’impact collectif que celles-ci pouvaient avoir sur les marchés. Deux autres éléments techniques ayant trait à la structure du marché inquiètent aussi les observateu­rs. D’abord le succès fulgurant des ETF (Exchange Traded Funds), paniers cotés d’actions ou instrument­s similaires censés répliquer les performanc­es d’indices. Ceux-ci représente­nt aujourd’hui plus de 4 000 Mds$ d’épargne collective et n’ont encore jamais connu de stress test grandeur nature. Les représenta­nts de cette industrie rétorquent que ces instrument­s ne font que refléter la hausse ou la baisse des marchés, mais ne les provoquent pas. L’autre facteur d’inquiétude concerne la fragmentat­ion des marchés avec l’apparition de dizaines de circuits de transactio­n, opaques, qui se sont substitués aux marchés transparen­ts centralisé­s d’autrefois. Malgré tout cela, un élément réconforta­nt subsiste : le fameux moment Minsky, cette période d’euphorie qui rend les acteurs de plus en plus inconscien­ts des risques qu’ils prennent, n’est manifestem­ent pas encore arrivé, car le cycle haussier des marchés d’actions se déroule sans enthousias­me. Décidément, Minsky n’est pas au rendezvous d’un krach boursier tant redouté par les commentate­urs.

Des craintes actuelles des commentate­urs quant aux valorisati­ons jugées élevées sur les marchés boursiers américains et aux nuages géopolitiq­ues qui s’accumulent, c’est le facteur technique qui est le plus inquiétant. En effet, le cycle haussier actuel a provoqué la mise en place de techniques de couverture mal identifiée­s et potentiell­ement dangereuse­s.

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